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«Justiciers du Sahel» : trois questions à Adam Dicko, jeune activiste malienne

« Les Justiciers du Sahel » sont mis à l’honneur à la Maison des cultures urbaines de Dakar jusqu’au 12 juillet, et partout en France à la rentrée, dans le cadre d’une exposition organisée par Oxfam. Parmi ces « justiciers », Adam Dicko, jeune activiste malienne, qui se bat pour les droits civiques dans son pays.

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Adam Dicko, activiste malienne, est mise à l’honneur par Oxfam dans son exposition « Les Justiciers du Sahel ». La jeune femme de 25 ans est la directrice exécutive de l’Association des jeunes pour la citoyenneté active et la démocratie (AJCAD) qui vise à défendre les droits des jeunes et des femmes et à améliorer les conditions de vie des citoyens au Mali. RFI s’est entretenue avec elle.

RFI : Quelle est la vie d’une femme au Sahel ?

Adam Dicko : Être une femme dans le Sahel, plus particulièrement au Mali, c’est devoir travailler beaucoup plus que les hommes pour pouvoir être vue, être considérée comme une citoyenne qui veut aussi contribuer au développement de son pays. C’est être une personne qui est destinée à vivre dans un foyer et à être une « poule pondeuse » : donner naissance, s’occuper des enfants, des tâches ménagères.

Être une femme au Sahel, c’est aussi être une personne soumise, une personne qui subit, qui n’a pas le droit de hausser le ton, de réclamer quelque chose. C’est ce qu’on nous inculque dès le plus jeune âge. C’est être une femme qui n’a pas le droit à la parole, et qui ne cherche même pas la parole ; mais aussi qui n’a pas son rôle à jouer en tant que citoyenne. Son rôle se limite à la famille : être une bonne fille ou être une bonne femme

Les femmes sont les premières victimes au Sahel, elles sont les victimes traditionnelles, coutumières, éternelles. C’est devenu tellement la norme que lorsque qu’une femme n’est pas dans ce cas-là, elle constitue l’exception. Quand on voit une femme qui défend les droits des autres femmes ou des jeunes, c’est considéré comme une héroïne. Pour moi, ça ne devrait pas être le cas.

Quel est votre regard sur la situation au Sahel ou au Mali ?

C’est vrai que quand on parle du Sahel, on ne voit que des problèmes. Mais je ne suis pas pessimiste, je ne me donne pas ce droit. Je suis au contraire assez optimiste.

On n’a pas que des problèmes. Mais on n’en a beaucoup trop, si bien que ça masque un peu les efforts des uns et des autres. Il y a des personnes qui se battent pour l’amélioration des conditions de vie, sauf que les problèmes s’accumulent tellement que les actions ne sont pas assez visibles. Surtout que dans le cas du Mali, il n’y a pas secteur où on peut dire que ça va un peu, que ce soit les services sociaux de base, l’accès à la justice, l’éducation, ou sur le plan sécuritaire.

Sur tous les plans, nous traversons une crise multiforme et multidimensionnelle qui fait que les bonnes actions menées sur le terrain sont souvent diluées. Tant que les stratégies ou actions que nous nous menons ne tendent pas vers quelque chose de plus global, tant que l’État n’assume pas ses responsabilités, les actions n’auront pas assez d’impact. Pour que le changement puisse être global, il faut que ces actions soient accompagnées mais aussi soutenues par l’État.

Pourquoi cette exposition d’Oxfam, « Les Justiciers du Sahel », vous a-t-elle séduite ?

Parce qu’on s’intéresse à notre travail. Nous ne sommes que des Maliens lambda qui essayent de jouer leur rôle en tant que citoyens engagés, et voir une organisation internationale comme Oxfam s’intéresser à notre travail, venir regarder ce que nous faisons sur le terrain, au sein de nos communautés, c’est vraiment encourageant et cela fait plaisir.

J’étais particulièrement fière quand j’ai vu mon illustration en super-héroïne. C’est un sentiment de fierté, mais aussi de défi, car cela veut dire qu’on ne peut plus baisser les bras. On doit continuer le combat pour les nombreuses personnes privées de leurs droits, mais aussi surtout pour les milliers de personnes qui croient en nous et qui suivent nos combats.

RFI

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