Il s’agit de promouvoir la participation effective des journalistes au processus de justice transitionnelle en facilitant sa compréhension et en donnant aux citoyens les informations concrètes et pertinentes pour s’y engager pleinement

La Maison de la presse abrite depuis hier une session de formation des journalistes en justice transitionnelle, organisée par le Programme conjoint des nations unies d’appui à la promotion des droits de l’homme au Mali (PDH). La cérémonie d’ouverture était présidée par vice-président de la Maison de la presse, Alexis Kalambry. Elle s’est déroulée en présence du représentant du ministère de la Justice, Mahamane Agali Maïga, de celui du représentant du PDH, Tchagao Traoré, et de nombreux journalistes.

Alexis Kalambry a insisté sur le rôle que peuvent jouer les médias en tant que 4è pouvoir dans la promotion de la justice transitionnelle.
La justice transitionnelle a son rôle à jouer dans le retour de la paix, a rappelé pour sa part Tchagao Traoré. La crise institutionnelle que notre pays a traversée a occasionné de graves violations des droits humains dont il est encore difficile de mesurer toute l’ampleur. Ces violations ont pris la forme de viols, d’exécutions sommaires, d’actes de torture, d’enrôlement d’enfants, de détentions arbitraires et de destructions de monuments historiques et religieux. Cette crise qui perdure de nos jours a considérablement restreint l’offre de service public de la justice déjà très faible et hypothéqué la fonctionnalité de l’appareil judiciaire non seulement dans les trois régions du nord, mais aussi dans les autres régions du pays, a constaté le représentant du PDH.
Aujourd’hui, l’émergence d’un système judicaire efficace est nécessaire pour assurer la sécurité et la stabilité politique : une justice au service de la paix, de la cohésion sociale et du développement, une justice de qualité, gage et source de sécurité des personnes et de leurs biens, une administration de la justice facile d’accès qui garantisse un jugement équitable selon le droit, l’exécution dans les délais des décisions de justice ainsi que la réparation des préjudices, a-t-il détaillé.
Par ailleurs, de nombreuses victimes éprouvent le besoin d’accéder à la justice afin d’obtenir réparation des violations de leurs droits fondamentaux. Partant de ce constat, le Programme conjoint des Nations Unies d’appui à la promotion des droits de l’Homme au Mali a inscrit, au titre de son plan d’actions 2015, l’organisation d’un atelier sur la justice transitionnelle à l’intention des journalistes, conformément aux recommandations issues du colloque national sur la justice transitionnelle tenu en juin 2013.
L’atelier entend promouvoir la participation effective des médias au processus de justice transitionnelle en facilitant sa compréhension et en donnant aux citoyens les informations concrètes et pertinentes pour s’y engager pleinement. Les journalistes sont des relais importants pour ces informations et ils peuvent contribuer à construire les capacités de la société civile en ce sens. Les hommes et les femmes des médias vont donc acquérir un bagage leur permettant de contribuer à la réussite du processus de justice transitionnelle.
Mahamane Agali Maïga a salué la présence d’une quarantaine d’organes de presse, de la MINUSMA et du PNUD. La session va notamment expliquer les principes fondamentaux de la justice transitionnelle à partir d’expériences comparées et présenter le fonctionnement général du processus et des mécanismes de la justice transitionnelle, donner aux journalistes des techniques et conseils pour suivre, couvrir et documenter le processus de justice transitionnelle, a-t-il indiqué. Spécifiquement, elle évoquera de manière transversale les risques traumatiques liés à la couverture des mécanismes de justice transitionnelle y compris pour les reporters.
A l’issue de la formation, les journalistes seront imprégnés de la notion de justice transitionnelle, de ses mécanismes et de son importance dans un contexte de crise et ils seront aptes à rédiger des rapports et des articles se rapportant au sujet.
Deux thématiques seront développées au cours de la formation : « la justice transitionnelle : clarification conceptuelle, piliers, défis et perspectives au Mali » et « la place et le rôle des médias dans le processus de justice transitionnelle au Mali ». La formation sera centrée sur la pratique en alternant ateliers et exercices, afin de permettre des interactions constantes entre les participants. Les techniques/méthodes pour la production d’un article et une émission radio sur la justice transitionnelle, les stratégies opérationnelles pour une meilleure implication des professionnels de médias dans le processus de justice transitionnelle figurent parmi les modules dispensés au cours de la session.
Assitan KEITA

source : L’ Essor