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Justice : Magistrats, attention aux fausses accusations

Suite à la décision du ministre de l’Economie et des Finances, Dr Boubou Cissé, relative à la retenue sur les salaires des magistrats en grève illimitée, à partir de septembre, les deux syndicats des magistrats (SAM et SYLIMA) ont pondu une déclaration à l’allure d’un véritable chantage.

Dans la colère, ou pris de panique, les syndicalistes ont fait parler leur cœur, en accusant, sans apporter la moindre preuve. En effet, dans leur communiqué du 24 septembre, signé par Hady Macky Sall et Aliou Badra Nanacassé, respectivement pour le SYLIMA et le SAM, ils accusent en ces termes « : ceux qui prônent l’exemplarité doivent être les premiers à l’abri de tout reproche. Ils exigent que toute la lumière soit faite autour des 3,5 milliards évaporés curieusement dans la nature à l’hôtel des finances, à l’occasion du soit disant dédommagement d’un opérateur économique consécutivement à la crise au nord du pays. Ladite opération, intervenue dans le cadre d’un marchandage de gré à gré entre le ministre des finances et l’opérateur économique en question, est intervenue en violation des règles élémentaires, applicables en la matière ». Avant de préciser que cette importante somme d’argent a été détournée au profit d’une seule entreprise de la place et dans des conditions scabreuses, alors que leur demande légitime est estimée à deux milliards de nos francs par an.

Cette accusation est peu convaincante. Elle a été dite dans un environnement socio-politique délétère où la suspicion, le mensonge, le dénigrement, prennent souvent le pas sur la vérité. Dans ce contexte, caractérisé par la mauvaise foi de certains citoyens, tout ce qui est dit est pris comme de l’argent comptant. Encore qu’il soit dit par des responsables bien perchés de la République. Certains se sont frottés les mains, d’autres ont applaudi, pourvu que la situation sociale soit tendue ou explosive.

C’est dans cet environnement malsain, que les magistrats ont rédigé leur communiqué, lequel sent la vengeance. Une sorte de réponse de la bergère au berger.

Mais, ce n’est pas comme ça qu’ils peuvent avoir raison. L’intox ne peut jamais prospérer. Nous sommes de ceux qui ne croient point à cette accusation.

D’abord, elle ne comporte aucun élément susceptible de convaincre. L’entreprise dont on parle n’est pas connue, son PDG non plus. Idem pour son secteur d’activité.

Nous ne sommes pas convaincus parce que les vraies victimes de la crise du nord de notre pays ne sont pas dédommagées. Les uns et les autres ont élaboré depuis belle lurette des dossiers et attendent impatiemment que la procédure soit enclenchée.

Nous ne sommes pas convaincus parce que le ministre mis en cause,  Dr Boubou Cissé, locataire de l’hôtel des Finances, est l’un des meilleur, sinon le meilleur, nous pesons nos mots, du gouvernement Boubèye. C’est un jeune sérieux, rigoureux, loin des pratiques peu orthodoxes. Cette prétendue affaire scabreuse ne ressemble pas à Boubou Cissé.

Cette fantomatique affaire relève, de notre point de vue, d’une accusation gratuite, d’un chantage peu concevable dans une démocratie.

Les magistrats connaissent la loi plus que tout le monde, ils disent que nul n’est sensé ignoré la loi. Alors, pourquoi en vouloir au ministre des Finances qui n’a fait qu’appliquer la législation en matière de droit de travail.

En effet, le mois dernier, le même ministre a opéré la ponction sur les salaires des agents de son département, notamment, ceux de la Direction générale du contrôle financier qui avaient observé une grève de 72 heures. Dura lex sed lex (la loi est dure, mais c’est la loi) disent les hommes de droit.

Doit-on appliquer la loi chez les autres et en même temps l’ignorer chez les praticiens du droit ? Que non !

Les magistrats ont le droit de revendiquer, certes, mais dans la justification de leurs doléances, ils se doivent de trouver des arguments pertinents, convaincants, encore qu’ils promettent d’autres révélations.

Cela ne sied pas aux magistrats. Ils tombent dans des accusations à la Tiébilé  Dramé. Encore que ce dernier, en tant qu’homme politique, peut se le permettre, l’essentiel pour lui étant de faire feu de tout bois. Une stratégie que ne doivent pas adopter les magistrats, les justiciers. Ils sont plutôt appelés à agir, sévir, quand ils constatent une infraction ou des écarts par rapport aux normes établies.

Dire aujourd’hui, que d’autres révélations suivront parce que leurs doléances n’ont pas été satisfaites, ne nous semble pas être crédible. La stratégie adoptée discrédite nos magistrats, sème le doute chez nombre de nos compatriotes, encore que le ministre ciblé, qui a fait ses preuves à la Banque mondiale n’est pas de cette race de responsables, qui joue la carte de la corruption. C’est un Monsieur propre. C’est pourquoi encore une fois de plus, les accusations des magistrats ne nous ont pas convaincus.

A SUIVRE

Elhadj Chahana Takiou

 22 Septembre

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