Le Prêcheur Bandiougou DOUMBIA, à l’issue d’une audience judiciaire, hier mercredi, au Tribunal de la Commune VI, a été placé sous mandat de dépôt et écroué à la Maison centrale d’arrêt de Bamako. Ainsi, l’étau judiciaire se resserre davantage sur lui au regard des conditions restrictives dans lesquelles un tel acte est pris par un juge.
Selon les éléments d’information disponibles, les faits reprochés à Bandiougou DOUMBIA sont relatifs à la propagation de nouvelles portant atteinte à l’unité de la nation et au crédit de l’Etat, l’offense au chef de l’Etat, menaces, troubles graves à l’ordre public. Il s’agit de faits prévus et punis par les articles 147, 58, 222 alinéa 1 et 63 alinéa 1 du Code pénal malien. Les propos qui valent au prêcheur le placement sous mandat de dépôt ont été tenus lors d’un prêche sur le site de Tabacoro s’inscrivant dans le cadre d’un soutien aux déguerpis de cette zone, le samedi dernier.
Au regard des précautions de la loi, le mandat de dépôt est délivré dans des conditions restreintes : la gravité des faits ou le risque de fuite.
Ainsi, par rapport à la notoriété du Prêcheur, le risque de fuite est quasi nul. Dès lors, son placement sous mandat de dépôt ne pourrait tenir que des gravités des faits qui lui sont reprochés.
Le mandat de dépôt est l’ordre donné par un juge au chef ou au directeur d’une prison de recevoir ou de maintenir en détention une personne condamnée à de la prison ferme ou un mis en examen placé en détention provisoire.
À l’issue d’une audience judiciaire, le juge peut décider d’associer un mandat de dépôt à sa décision. Que veut dire mandat de dépôt ? Que la personne incriminée ira immédiatement en détention à l’issue de l’audience. Cette décision peut être prise si le juge estime qu’il y a un risque de fuite par exemple ou que les faits sont particulièrement graves.
Le mandat de dépôt comporte des mentions obligatoires : la date de sa signature, l’identité de la personne, la signature du magistrat qui le décerne, avec le sceau, les faits imputés à la personne, la qualification juridique et ses fondements juridiques.
Comme lors de son arrestation par la Brigade d’Investigation Judiciaire (BIJ), à l’annonce de la mise sous mandat de dépôt, ses disciples et sympathisants ont tenté de marcher sur Sébénikoro où se trouve la résidence du Président de la République. Comme le dimanche dernier, jour de l’arrestation du Guide spirituel de l’Association Nourroudine, ils ne sont pas allés au bout de leur projet.
De même, la nouvelle donne lui a valu un soutien de taille, à savoir le Haut conseil islamique du Mali qui a plaidé la clémence hier, au cours d’une conférence de presse dédiée uniquement au cas Bandiougou.
La justice cédera-t-elle face aux pressions extérieures ? Le politique interférera-t-il dans le judiciaire dans ce dossier ? En tout cas, le mécanisme visant à stopper l’appareil judiciaire est bel et bien lancé.
PAR BERTIN DAKOUO
INFO-MATIN