Le président, les ministres et les députés du Malawi, petit pays d’Afrique australe en pleine crise économique, se sont octroyés des hausses de salaires conséquentes, de 80 à 376%, a indiqué samedi la présidence.
Le salaire du président Peter Mutharika, élu en mai face à la présidente sortante Joyce Banda, a été porté de 3.200 dollars à 5.000 dollars par mois (4.000 euros), soit un bonus de 80% qui a pris effet en octobre. Celui du vice-président Saulos Chilima a connu la même hausse, passant de 1.920 à 3.500 dollars.
Les vingt ministres du gouvernement ont reçu une augmentation de 168%, portant leur traitement de 1.150 à 3.000 dollars par mois, sans compter une allocation de 1.600 dollars pour l’essence.
Quant aux 193 parlementaires, leur rémunération bondit de 376%, de 242 à 1.150 dollars, avec également une allocation de 1.600 dollars pour l’essence.
Le ministre de l’Information Kondwani Nankhumwa a déclaré que les nouveaux salaires étaient “compatibles avec le budget” approuvé en septembre par le Parlement. Le budget est déficitaire de 205 millions de dollars après le retrait des donneurs occidentaux suite à un détournement massif de fonds publics.
En août, les ministres avaient demandé une augmentation de près de 600% en raison “de la hausse du coût de la vie”. Le président Mutharika avait refusé leur requête, l’estimant “immorale”.
“Le coût de la vie n’est pas seulement élevé pour eux mais pour tous les Malawites”, avait justifié le porte-parole du chef de l’Etat.
Mutharika avait à l’époque appelé ses ministres à être “de bons dirigeants, à montrer l’exemple” affirmant que lui-même n’avait aucune intention de s’augmenter.
Le salaire du président n’avait pas changé depuis 2009.
Par comparaison, les employés du service public de ce petit pays d’Afrique australe sont rémunérés 100 dollars par mois.
Le Malawi, dont l’économie repose sur l’agriculture, traverse une grave crise économique depuis qu’a éclaté en 2013 le “Cashgate”, un vaste scandale de corruption. De hauts responsables avaient détournés 30 millions de fonds publics en moins de six mois.
L’affaire a conduit au retrait de bailleurs de fonds, qui représentent 40% du budget de l’Etat, occasionnant une perte de 150 millions de dollars
Source: lorientlejour.com