La première session 2019 de la Cour d’assises de Bamako a débuté, hier lundi 15 avril, à la Cour d’Appel de Bamako, sise à Banankabougou. Etait inscrite au rôle l’affaire de Kadiatou Doumbia contre le ministère public pour « empoisonnement » de l’enfant de deux mois de sa coépouse Oumou Diabaté.
Selon l’arrêt de renvoi, Kadiatou Doumbia et Oumou Diabaté sont deux coépouse qui vivent chez leur mari à Yirimadio Zerny, en Commune VI du District de Bamako. C’est ainsi que, le 18 février 2017, aux environs de 6 heures du matin, Oumou Diabaté quitta son enfant, couché dans sa chambre, pour aller prendre sa douche. Sa coépouse Kadiatou profita de cette absence pour s’emparer du nourrisson et lui faire avaler de la soude caustique.
A la sortie de la toilette, la maman trouve l’enfant dans la main de sa coépouse qui pleurait. Elle s’enquit auprès de cette dernière de ce qu’elle a pu faire pour que l’enfant soit ainsi, avec de la bave à la bouche.
N’obtenant pas de réponse de la part de Kadiatou Doumbia, la maman se résolut à amener son enfant à l’Hôpital du Mali. Après plusieurs jours d’hospitalisation l’enfant succombera aux effets nocifs de la substance qui lui a été administrée, l’autopsie de l’hôpital ayant conclu à un empoisonnement.
Devant la Cour, la prévenue Kadiatou Doumbia a reconnu les faits à elle reprochés. Elle a expliqué avoir dilué la soude caustique dans une cuillère avant de la faire boire par l’enfant. Interrogée par la Cour sur le mobile réel de l’empoisonnement du nourrisson, elle n’eut autre chose à dire qu’à invoquer le destin et l’action de satan.
Quant à la mère de l’enfant, Oumou Diabaté, elle se limita à relater les faits, de sa sortie de la douche au diagnostic du médecin de l’Hôpital du Mali jusqu’aux aveux de sa coépouse au 13è Arrondissement.
Le mari des deux femmes, ayant comparu comme partie civile dans le dossier, soulignera qu’au moment des faits, il avait effectué un déplacement au village pour présenter des condoléances à la suite d’un décès, « quand j’ai été informé par ma seconde femme de cette tragédie, je suis rentré pour aller m’occuper de mon enfant à l’hôpital. Sa coépouse est une méchante femme. C’est pourquoi, j’ai épousé une seconde femme. Je regrette qu’une histoire de ma famille passe de la sorte devant la justice ».
Dans son réquisitoire, le ministère public, a demandé à la Cour de retenir Kadiatou Doumbia dans les liens de l’accusation, sa culpabilité étant constante dans cette affaire. Et d’arguer que l’empoisonnement est une infraction punie par le code pénal et le code de la procédure civile et pénale.
Pour l’avocat de la prévenue, le rapport de l’expertise ne parle en aucun moment, exactement, de la substance administrée à l’enfant et qui a été la cause de son mort, « on parte de suspicion pour venir à une probabilité alors que la science est exacte ».Et d’ajouter qu’aucune preuve matérielle n’est fournie dans cette affaire. Ainsi, il a demandé à la Cour d’accorder des circonstances atténuantes à sa cliente, et de la condamner à une peine réparatrice. D’autant qu’elle est un délinquant primaire et afin qu’elle puisse élever ses quatre enfants.
La Cour, dans sa sagacité, a donc accordé des circonstances atténuantes à Kadiatou Doumbia, en la condamnant à cinq ans d’emprisonnement ferme pour « empoisonnement »de l’enfant de sa coépouse.
Oumar BARRY
Source: l’Indépendant