La Cour d’assises de Bamako a donné son avis sur l’affaire du ministère public contre Sadio Sissoko inculpé pour “viol” et qui a été finalement condamné à 5 ans de prison ferme.
Les faits : dans la nuit du 13 mai 2017 à Boulkassoumbougou, la demoiselle Oumou Coulibaly, vendeuse de son état, a quitté son domicile pour aller chercher à manger au bord du goudron. Sur le chemin du retour, elle a été surprise d’apercevoir deux jeunes gens. Tout à coup, l’un l’a saisie à la gorge après lui avoir donné un coup de poing. Les deux l’ont obligée à monter Califourchon sur leur moto. En support à trois les deux l’ont emmenée vers une destination inconnue.
Arrivés sur ce lieu, les deux ont abusé d’elle, en présence de leurs deux autres camarades qui attendaient leurs tours. Tandis que l’un passait à l’acte, l’autre maintenait la victime. Avant le passage des deux autres, de bonnes volontés sont intervenues. La bande a pris la fuite.
C’est ainsi qu’une des connaissances de Toumani, un certain Yaro, a été appréhendée avant d’être relaxée. Mais il a dénoncé Toumani qui, pour s’échapper, a abandonné sa moto. Les enquêtes ont permis de retrouver rapidement le propriétaire de l’engin. Ce dernier a été interpellé et à la suite de Sadio Sissoko, tandis que les deux (02) autres restent introuvables. Après l’enquête préliminaire, une procédure d’information a été ouverte, à l’entame de laquelle une ordonnance d’incompétence contre Toumani Diallo (mineur) a été émise.
Sur le rejet de la demande de mise en liberté
La Chambre d’accusation a rappelé que l’inculpé, Sadio Sissoko, a sollicité sa mise en liberté devant le Procureur Général arguant qu’il est un agent de sécurité domicilié à Bamako au quartier Sangarébougou et qu’il présente des garanties pour sa représentation. Et compte tenu du caractère gravissime de l’infraction et pour une bonne administration de la justice, elle a estimé que le maintien en détention de l’inculpé est encore nécessaire.
Sur le renvoi devant la Cour d’assises
A l’enquête préliminaire comme devant le magistrat Instructeur, l’inculpé Sadio Sissoko a reconnu sans ambages les faits de viols qui lui sont reprochés. Ainsi, il a expliqué que lorsqu’ils ont aperçu la demoiselle Oumou Coulibaly, non loin du marché de Boulkassoumbougou, ils l’ont approchée pour lui demander de les accompagner à l’école, où les faits de viols se sont passés. Et tout à coup, Toumani lui a donné un coup de poing à la tempe, tandis que lui-même l’a prise par les cheveux.
Ainsi, ils l’ont emmenée par la force à l’école publique susmentionnée où ils y ont trouvé une connaissance de Toumani du nom de Yaro, qui avait tenté de protester. Sadio l’ayant touché en aparté, il s’est tu. Par crainte, la fille s’est spontanément déshabillée et ainsi ils ont entretenu des rapports sexuels avec elle. Plus tard, Yaro a été appréhendé et a dénoncé Toumani. Il a été établi que pour s’échapper Toumani a abandonné sa moto Djakarta.
A la barre, l’accusé a reconnu les faits, expliquant qu’il venait d’une cérémonie de baptême avec ses amis. Arrivé au niveau de Boulkassoumbougou, il s’est arrêté pour aborder la victime. C’est ainsi que Toumani l’a prise par le cou et lui par les cheveux. “Nous l’avons amenée de force à l’école publique de Boulkassoumbougou pour la violer. Nous étions quatre, j’avais voulu commencer et cela a coïncidé avec l’arrivée des policiers. Toumani et moi avions fait. Les faits ont eu lieu entre 00 heure et 1 heure du matin”, a-t-il déclaré.
Pour le ministère public, l’accusé n’a jamais varié dans ses déclarations. Et de rappeler que la victime a quitté son domicile pour chercher de la nourriture. Les accusés ont profité de l’obscurité pour administrer à la victime un coup de poing violent, la prenant par les cheveux. Selon lui, après avoir assouvi sa libido sexuelle, Toumani a cédé la place à Sadio.
Quant à la défense, elle a estimé que quelques faits sont incontestables dans ce dossier, mais le ministère public suppose qu’il est sain d’esprit. Comment le savoir sans le certificat d’expertise médicale ?
Après d’intenses débats, l’accusé a été retenu dans les liens de l’accusation. Toutefois, il a bénéficié de circonstances atténuantes pour être condamné à 5 ans de prison ferme.
Boubacar PAÏTAO
Source: Aujourd’hui-Mali