Alexis de Tocqueville disait que pour les politiciens, la communauté des haines fait presque toujours le fond des amitiés. IBK a décidé, en « complicité » avec son Premier ministre Modibo Kéita, de démasquer les Judas et corrompus et de les châtier.

Le vendredi après la prière de l’Aïd el-Fitr, recevant les vœux du gouvernement, IBK a été on ne peut plus inquiétant. A moins que cela ne soit comme les menaces en l’air proférées depuis un certain temps et sans suite, on devrait s’attendre, dans les jours à venir, à un vrai carnage dans les rangs.

IBK, le pas trainant, le geste lent, contrairement à la nature de l’homme, s’est installé dans la salle dédiée à la réception. Le Premier ministre, dans une intervention bien imagée, présentera au président ce que son gouvernement a réussi et qui peut être porté à son crédit.

Subitement, dans sa réponse, IBK retrouve sa vigueur et sa voix. Il témoignera que le Premier ministre est, entre autres, « d’une loyauté au Mali absolue ».

« Sans calcul, sans agenda, sans malice, tout dedié au Mali, tout dévoué au Mali. Plaise au ciel que ce soit le cas de tous vos collaborateurs. Plaise au ciel que ce soit le cas de tous ceux qui vous entourent et qui m’entourent ». Dans l’assistance faite de ministres, alors qu’IBK pointe le doigt, des têtes baissent, certains se font tout petit dans leur chaise. Judas Iscariote est démasqué !

IBK ne s’arrête pas en si bon chemin. Il ajoutera que désormais, « la loyauté sera un critère absolu de compagnonnage ». Evoquant à demi-mot les affaires et les scandales de ces derniers moments, il dira qu’il y a eu « trop de dérives. Ça suffit ! Je serai impitoyable désormais ».

Siegfried disait qu’« en politique, il faut déjà beaucoup de culture pour se contenter d’explications simples », mais la sortie d’IBK ne présage rien de bon pour les Judas vrais ou supposés. Il est vrai également que le Premier ministre n’a jamais fait mystère d’avoir en main toutes les cartes et de se débarrasser des « bras cassés » même s’il n’a pas « d’agenda caché ».

Cela peut supposer que le « coup » a été prémédité entre lui et le primus inter-pares. Cette thèse n’est pas à exclure si l’on sait qu’« en politique, rien n’arrive par hasard. Chaque fois qu’un événement survient, on peut être certain qu’il avait été prévu pour se dérouler ainsi ». (Franklin D. Roosevelt).

Le paysage politique s’assombrit pour celui ou ceux qui doivent donner le baiser de Judas. « La politique est une guerre sans effusion de sang et la guerre une politique sanglante ». (Mao Tsé-Toung).

Alexis Kalambry
Source : Les Echos