Le Programme national de santé oculaire a lancé le jeudi 8 octobre 2020 au Centre international de conférence de Bamako (CICB), les activités de la Journée mondiale de la vue et la Semaine nationale de lutte contre la cécité. La cérémonie de lancement était présidée par le représentant du ministre de la Santé et du Développement social, Dr. Mohamed Berthé, en présence du représentant résident de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) au Mali, Dr. Jean Baptiste.
Dans le monde, au moins 2,2 milliards de personnes sont atteintes de déficience visuelle ou de cécité, parmi ces cas, plus d’un milliard auraient pu être évités ou ne sont toujours pas traités, selon le rapport mondial de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) sur la vision en 2019.
Au Mali la cécité représente un véritable problème de santé publique, mais aussi socio-économique. La prévalence est estimée à 1,2 % ce qui correspond pour une population de 20 millions d’habitants à près de 240 000 aveugles en 2019. Les principales causes de cécité au Mali sont : la cataracte, (première cause mondiale de cécité), le glaucome (2e cause de cécité, avec environ 14 % des cécités), le trachome, les opacités cornéennes, les vices de réfraction et l’onchocercose.
La cataracte seule engendre la moitié des cécités tandis que la cataracte et les vices de réfraction représentent les trois quarts des cécités. La perte de la vue représente actuellement un énorme fardeau dans les pays en développement dont le Mali. Le statut socio-économique intervient dans la répartition du phénomène et plus de 90 % des handicapés visuels vivent dans les pays en développement.
Plus qu’un problème de santé publique ou de souffrance humaine, la cécité entraîne une baisse de la production et de la productivité. Les enfants servent généralement de guide aux parents ayant perdu la vue, ce qui compromet leur apprentissage scolaire ou professionnel. L’amélioration de la santé oculaire passe par trois axes stratégiques majeurs que sont : le développement des ressources humaines, le développement des infrastructures et de l’équipement et la lutte contre la maladie.
Au Mali, la santé oculaire constitue une priorité pour le gouvernement qui, à travers le département de la Santé, a créé le Programme national de la santé oculaire. Toutefois, des défis restent à relever. Il s’agit, entre autres, de la mise à disposition de ressources humaines de qualité en nombre suffisant et d’une meilleure répartition de ce personnel.
En effet, le ratio en personnel spécialisé de santé oculaire reste toujours en deçà des normes de l’OMS et la répartition est nettement en défaveur de l’intérieur du pays : 1 ophtalmologiste/280 000 personnes contre une norme OMS de 1/250 000 avec 69 % de l’effectif à Bamako, 1 assistant médical/54 000 personnes, la norme étant de 1/250 000 où 31 % sont dans la capitale ; le renforcement de l’intégration des médicaments ophtalmologiques à la liste des médicaments essentiels et la promotion des achats groupés en vue de réduire de façon sensible et durable le coût des consommables.
Le représentant de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) au Mali, Dr. Jean Baptiste a insisté sur l’importance de la communication pour le changement de comportement afin, dira-t-il, d’amener les populations à se faire consulter massivement au moins une fois par an. Il a rassuré le gouvernement malien du soutien de l’OMS.
« L’OMS continuera à coordonner les efforts visant à réduire les déficiences visuelles à travers le suivi de l’évolution de la déficience visuelle par pays et par région ; l’adoption de politiques et stratégies de prévention de la cécité adaptées aux différents contextes ; l’assistance technique afin de promouvoir des systèmes complets de soins oculaires », ajoute-t-il.
Selon le représentant du ministre de la Santé et du Développement social, Dr. Mohamed Berthé, la Journée mondiale de la vue et la Semaine nationale de lutte contre la cécité visent à assurer une large mobilisation sociale et une grande sensibilisation autour des problèmes de santé oculaire.
« La lutte contre la cécité contribue à l’atteinte des Objectifs du développement durable. Cette année, le thème retenu au niveau pays traduit la volonté d’un progrès futur. Ce thème paraît extrêmement pertinent au regard des conséquences parfois désastreuses occasionnées par les troubles oculaires. Tous, décideurs et populations, nous devons accorder la plus grande attention à travers un engagement plus fort, le développement des ressources humaines en santé oculaire et des infrastructures un comportement favorisant un dépistage précoce et un traitement approprié des troubles oculaires. Ainsi, nous devons veiller sur les visites scolaires de nos enfants fréquentant l’école primaire. A partir de 35 à 40 ans nous devons tous solliciter un service ophtalmologique au moins une fois par an et cela même en l’absence de tout signe », a-t-il déclaré.
Lire la suite sur L’Indicateur du Renouveau
