Le président de la Maison de la presse a exhorté les autorités à faire la lumière sur
les disparitions de journalistes. Aussi, Bandiougou Danté a mis en garde les confrères qui nuisent à l’image de la profession
À l’instar de la Communauté internationale, le Mali a célébré hier, la Journée mondiale de la liberté de la presse. Cette 30è édition avait pour thème national : «Cybercriminalité et liberté de la presse». Cette Journée permet, entre autres, d’évaluer la liberté de la presse à travers le monde et de défendre l’indépendance des médias.
Pour ce faire, la Maison de la presse du Mali organise, durant une semaine (du 3 au 7 mai) à son siège, des conférences-débats et autres activités artistiques. La cérémonie de lancement desdites activités a été présidée par la ministre de la Promotion de la Femme, de l’Enfant et de la Famille, Mme Bouaré Bintou Founé Samaké représentant son collègue en charge de la Communication et de l’Économie numérique.
Prenant la parole à cette occasion, Mme Bouaré Bintou Founé Samaké a indiqué que le thème retenu attire l’attention sur le rôle essentiel que jouent les journalistes libres et professionnels dans la production et la diffusion des informations. Il met un accent particulier sur l’importance de lutter contre les fausses informations et autres contenus préjudiciables, a-t-elle noté, avant de solliciter l’accompagnement de la presse.
«Notre gouvernement apprécie votre travail et vous encourage à continuer votre contribution extraordinaire à la gestion de la situation difficile que traverse notre pays. La réussite de cette transition repose sur votre apport inestimable, au façonnement des esprits à travers vos plumes, caméras et micros», a-t-elle témoigné.
Faisant le bilan de l’année écoulée, le patron de la Maison de la presse dira que 2020 a été éprouvante pour la presse malienne. Aux conséquences catastrophiques de la maladie à coronavirus se sont ajoutées des interpellations extrajudiciaires et des plaintes formulées par de puissants syndicats, a rappelé Bandiougou Danté. Pour lui, depuis cinq ans, notre confrère Birama Touré demeure introuvable.
En septembre 2020, Hammadoun Nialibouly, de retour d’un atelier de formation de journalistes, a été descendu du véhicule à Mandjo, près de Somadougou, non loin de Mopti, avant d’être amené vers une destination inconnue.
Le 18 avril dernier, Moussa Dicko, directeur des programmes de la radio Hairé de Boni, dans le Cercle de Douentza, a été enlevé chez lui et reste encore introuvable, a énuméré Bandiougou Danté. Il a réitéré sa demande aux autorités de la Transition de tout mettre en œuvre pour faire la lumière sur ces affaires effrayantes.
Parlant des projets à mettre en œuvre, il a annoncé que son équipe, en place depuis le 1er février dernier, mettra tout en œuvre pour assainir la presse malienne. «Rien ni personne ne pourra nous distraire dans l’accomplissement de cette mission historique. N’est pas journaliste qui le veut. La création d’un organe, de quelque type que ce soit, est soumise à des critères et à des règles bien établis.
Nous le rappelons solennellement à ceux qui voudraient amener le gangstérisme dans notre profession, aux nostalgiques des trafics d’influence et des gestions chaotiques, aux prétendus professionnels qui opèrent simplement à partir d’un Smartphone et à ceux qui travaillent aujourd’hui à salir l’image de notre maison commune. Qu’ils se ressaisissent», a lancé le patron de la Maison de la presse.
Toutefois de la même manière que les syndicats des magistrats ne peuvent pas être tenus responsables des dérives de certains, l’Ordre des médecins des fautes de certains docteurs et l’Imamat complice des pratiques peu orthodoxes de certains imams, la Maison de la presse ne saurait être accusée des dérapages de certains confrères. Dérapages qu’elle condamne avec la dernière rigueur car ils nuisent à l’image de toute la profession, a déploré Bandiougou Danté.
Pour lui, cette situation pose avec acuité la problématique de la régulation, de l’autorégulation et de la co-régulation de l’espace médiatique malien. En la matière, la Haute autorité de la communication (Hac), soucieuse de démarche pédagogique, a eu d’excellents résultats en collaborant avec les organisations professionnelles, notamment en période électorale.
Cela s’est traduit, témoignera le patron de la MP, par la rédaction de guides spécifiques, dont la Charte d’antenne des radios et des télévisions privées du Mali, récemment signée et dont la vulgarisation est en cours. Bandiougou Danté a saisi l’opportunité pour interpeller les pouvoirs publics sur le non-paiement depuis 2 ans de l’aide directe à la presse, le manque d’appui aux organisations faîtières pour la mise en place d’outils efficaces d’autorégulation pour anticiper et prévenir les dérapages, etc.
Il a par ailleurs remercié le président de la Transition pour son soutien exceptionnel, d’un montant de 10 millions de Fcfa, destinés au fonctionnement de la Maison de la presse. Bandiougou Danté a appelé les confrères à faire preuve de responsabilité et de professionnalisme dans leurs faits et gestes.
Makan SISSOKO
Source : L’ESSOR