Le Mali, à l’instar de la communauté internationale célèbre le 3 Mai 2014, la Journée mondiale de la Liberté de la Presse qui a pour thème cette année « La liberté des médias pour un avenir meilleur : contribuer à l’agenda de développement post-2015 ». Le Secrétaire général du Syndicat national des Journalistes Reporters du Mali (SyJOR), M. Baye Coulibaly, à l’occasion de la journée, nous parle de la célébration de cette journée au Mali, les violences contre les journalistes au Mali et le combat qu’entend mener son organisation
1 –Le Mali, à l’instar des autres pays du monde, célèbre le 3 Mai la journée mondiale de la liberté de la presse. Le Syndicat national des Journalistes Reporters du Mali (SyJOR) compte jouer sa partition. Laquelle ?
Cet événement se déroule dans un contexte un peu particulier pour le Mali. Le pays se remet peu à peu d’une crise sans précédant qui avait quasiment ébranlé le fonctionnement normal des institutions. Les journalistes malienset d’ailleurs ont vécu des moments difficiles pendant cette crise. Des journalistes ont été tués, interpelés, battus, dépouillés de leurs biens, mis sur écoutes, etc. sans que les auteurs des crimes soient retrouvés, en dépit des promesses.La JMLP nous offre l’occasion cette année de dénoncer sur ces actes qui visaient à opprimer la presse. Nous disons non. Nous demandons que les pouvoirs publics protègent les hommes de presse quelque soit la situation. Le 3 Mai nous allons organiser une marche pacifique pour dénoncer ce fait. Pour dire plus jamais ça ! Et exiger que les auteurs d’assassinats et tortures sur les journalistes en 2012 et 2013 soient trouvés et traduits devant le juge.
En cela, j’ai une pensée particulière pour nos confrères, Ghislaine Dupont et Claude Verlon, sauvagement assassinés à Kidal par des bandits armés qui, malheureusement, courent toujours.
2 – Que représente vous le thème de cette année : « La liberté des médias pour un avenir meilleur : contribuer à l’agenda de développement post-2015 ». Je pense que c’est un thème d’actualité qui traduit aussi le rôle de la presse dans l’atteinte des objectifs de développement. Cela n’est malheureusement toujours pas perçu dans les prises de décisions et dans l’élaboration des projets et programme de développement dans nos pays. Le thème est aussi un engagement pour dire que la presse ne doit pas seulement être considérée comme un accompagnateur, mais elle est aussi un acteur dans l’atteinte des objectifs de développement.
3- Pouvez vous rappeler l’enfer qu’a connu la presse malienne pendant la crise qu’à traversé le Mali en 2012 et 2013 ?
Vous avez trouvé le mot juste. Parce qu’en 53 ans d’indépendant, le Mali et les journalistes maliens n’ont jamais connu ce qu’ils ont vécu en 2012-2013. Je l’avais rappelé tantôt. Dans le seul mois de juillet 2013, deux journalistes ont été enlevés, battus et laissés pour mort par leurs bourreaux. A cela s’ajoute l’assassinat de nos confrères de RFI à Kidal. Un journaliste emprisonné pendant plus un mois pour avoir dit haut ce que certains disait bas. Il y a eu aussi des interpellations, convocations, menaces et tortures contre les journalistes. Nous disons : Plus jamais ça !
4- Rappelez nous les objectifs principaux du SyJOR ?
Le SyJOR se veut une sentinelle pour la liberté de la presse, mais surtout pour l’amélioration des conditions de vie et de travail des employés de la presse au Mali. Nous oeuvrons pour que la presse malienne soit Indépendante et Professionnelle. Cela passe par la formation, et le perfectionnement des journalistes, mais aussi la lutte contre la précarité au sein de la profession en mettant en place tous les instruments nécessaires.
5- Quelle sera la particularité du SyJOR par rapport aux autres organisations de la presse malienne ?
Le SyJOR est une organisation syndicale qui vient combler un vide au Mali : l’absence d’une véritable organisation pour prendre en compte tous les besoins des journalistes. Nous avons des antennes sur l’ensemble du territoire national. Le Mali est à la croisée des chemins en matière de libéralisation de l’espace des médias. Il faut véritablement une organisation forte pour prendre en compte des besoins des journalistes reporters qui sont la cheville ouvrière dans la recherche, la collecte, le traitement et la diffusion de l’information. Tout cela passe par la mise en place d’outils pour rendre les journalistes indépendants et professionnels.
B. COULIBALY