Une fille s’est fait agresser par deux individus. Elle rentre à la maison en pleurant et l’explique à son frère ainé. Le garçon vient ainsi régler les comptes des deux bandits qui ont finalement pris la tangente. Ce n’est pas un fait mais une mise en scène à laquelle ont assisté les spectateurs, samedi au Palais des Sports Salamatou Maïga à l’occasion de la Journée de l’aïkido. Organisée par la Fédération malienne d’aïkido (FEMA), la Journée de l’aïkido s’est déroulée, cette année, en présence de plusieurs personnalités, dont le ministre de l’Élevage et de la Pêche, Mme Kané Rokia Maguiraga, le représentant de la direction nationale des Sports et l’éducation physique, Oumar Diarisso, celui du Comité national olympique et sportif (CNOS), Tidiani Niambélé et le président de la FEMA, Maître Souleymane Diakité. Plus de 200 athlètes, issus des ligues de Kayes, Koulikoro, Sikasso, Ségou, Mopti et Bamako se sont retrouvés sur le tatami, samedi au Palais des sports. On notait aussi la présence des scolaires, des pionniers et des combattants de taekwondo, de judo, de kung fu et de karaté.
Repartis en trois catégories, les tout petits, les enfants et les adultes, les pratiquants d’aïkido ont réalisé des chutes en hauteur, en longueur et en pyramide. Aussi, ils ont effectué des numéros, appelés «ju-waza» en japonais qui signifient attaque libre. Le «ju-waza» est une sorte de combat arrangé entre les athlètes. Après les pratiquants d’aïkido, ce fut au tour des taekwondokas, des judokas, des karatékas et des pratiquants de kung fu de se succéder sur le tatami pour des séances de démonstration qui tiendront en haleine le public venu nombreux au Palais des sports. Cette 17è édition de la Journée de l’aïkido entre dans le cadre du prolongement de la célébration du 8 mars, Journée internationale de la femme. Ainsi, la FEMA a retenu comme thème : «Aïkido et genre féminin». Dans son allocution, le président de la FEMA, Maître Souleymane Diakité a exprimé sa satisfaction et salué la qualité du spectacle produit par les athlètes. «Cette journée est placée sous le signe de l’aïkido et le genre féminin. La présence du ministre de l’Elevage et de la Pêche nous a réconfortés et le thème va en droite ligne du 8 mars, la Journée internationale de la femme. Ça a été une très belle fête et nous en réjouissons beaucoup», a dit le premier responsable de l’aïkido national.
Maître Souleymane Diakité poursuivra : «Le prochain défi de la fédération est celui de l’organisation interne. L’année 2019 est placée sous le signe de la modernisation des acquis de l’aïkido. La Fédération malienne de l’aïkido existe depuis 1994, mais il va falloir qu’on modernise la discipline». Pour le président de la FEMA, l’aïkido n’est pas que sportif. Ce sont les valeurs éducatives qui sont beaucoup plus importantes que l’aspect physique, a-t-il martelé. «Nous demandons donc aux parents d’encourager les enfants à pratiquer l’aïkido qui est une école de la vie. C’est là où les enfants apprennent à être tolérants, à prôner la paix et à être sages. L’aïkido n’est pas une religion mais ses principes s’inspirent de la religion. Malgré qu’il n’y ait pas de compétitions, la discipline a sa place dans l’éducation de la jeunesse actuelle», a insisté Maître Souleymane Diakité qui préside aux destinés de la FEMA depuis 2003.
Après avoir indiqué que le but de l’aïkido est d’améliorer l’homme du point de vue physique, technique, mental, mais également comportemental à travers l’éducation et la transmission des valeurs de respect, de tolérance, de paix et de solidarité, il ajoutera que c’est pour cette raison que «nous relativisons la victoire qui est toujours limitée dans le temps et dans l’espace». Maître Souleymane Diakité conclura : «L’aïkido est un art de l’utilisation intelligente du corps par l’esprit dans une parfaite harmonie. Cette utilisation s’applique aux articulations nombreuses du corps humain dans les différentes positions agréables ou douloureuses et à ses innombrables positions d’équilibre. Cet art se manifeste ensuite par extériorisation de cette force céleste latente à chacun de nous. L’aïkido est l’art d’être perpétuellement en compétition avec soi-même. Il faut se vaincre soi-même et être toujours meilleur, plus sociable, plus sein de corps et d’esprit. L’aïkido est une morale, une école avec une ligne de conduite choisie librement».
L’aïkido, faut-il le rappeler, a été lancé au Mali en 1964 par Wambaye, un assistant technique française. «Feu Raymond Coulibaly nous enseignait le judo au Carrefour des jeunes et c’est là-bas que nous avons rencontré le Français. Quand, il est rentré en France, en 1966, j’ai pris sa place et j’ai organisé des séances d’entraînement. Depuis le nombre de pratiquants d’aïkido n’a cessé d’augmenter au Mali», a confié pour sa part le directeur technique national de la FEMA, Maître Sékou Traoré, ceinture noire 9è dan.
Ladji M. DIABY
L’Essor