Après l’acquittement de Jean Pierre Bemba par la Cour pénale internationale, les réactions dans la population et la classe politique sont nombreuses.
Après l’acquittement de l’ancien vice-président congolais, Jean Pierre Bemba par la Cour pénale internationale, les réactions sont très nombreuses en Centrafrique et en RDC.
Ce vendredi, la chambre d’appel a décidé d'”annule(r) la déclaration de culpabilité de Jean-Pierre Bemba” et de “prononcer l’acquittement de l’accusé car les sérieuses erreurs commises par la chambre de première instance font entièrement disparaître sa responsabilité pénale“, a justifié la juge Christine van den Wyngaert. La majorité des juges de la chambre d’appel a estimé que la chambre de première instance a commis des “erreurs” qui “ont sérieusement entaché” les conclusions.
Indignation à Bangui
À Bangui, beaucoup se disent surpris et en colère. “S’il est dehors, quel sera le sort des victimes ?“, demande un homme. “Jean Pierre Bemba ne mérite pas d’être libéré ! Ses éléments ont obéi à ses ordres. Il doit donc être coupable“, dit-il.
Certains y voient une décision politique. Comme cette habitant de la capitale centrafricaine : “En tant que femme, je considère que c’est une décision politique. Ils veulent chasser Kabila du pouvoir, et ont donc libéré Bemba pour qu’il revienne“, s’indigne-t-elle. Pour elle “les juges n’ont même pas pensé aux victimes“. Un homme, qui assure avoir perdu son père et ses frères, va même jusqu’à évoquer “un complot”. “S’il allait en prison au moins, cela m’atténuerait”.
D’autres s’interrogent encore sur le rôle de la communauté internationale et de la CPI. “Elle lutte contre l’impunité. Cette cour n’a pas de sens s’il est libéré, car elle est normalement là pour réprimer ces crimes“, réagit un homme au micro de la DW. Sur WhatsApp, Hilarion se dit même indigné de cette injustice : “Les morts, les viols, les orphelins, les subornations de témoins ! Bravo la CPI ! Du bon travail avec la conscience tranquille”, écrit-il, amer.
Réjouissances de certains
Si beaucoup s’indignent ce vendredi, d’autres estiment qu’on “peut parler de Justice à la CPI“, comme Guida Mushigo.
Un avis que partage, sur Facebook, Chris de Brazzaville au Congo : pour lui, la condamnation de JP Bemba “discréditait l’existence même de la CPI, car les acteurs principaux du conflit centrafricain n’ont jamais été inquiétés“. “C’est une bonne nouvelle pour nous Congolais“, écrit sur WhatsApp un auditeur de la DW de l’est de la RDC : “Espérons qu’il viendra participer aux élections en RDC si le pouvoir en place ne créé pas aussi des dossiers le concernant en RDC.”
Pour l’heure Jean Pierre Bemba reste encore en prison. Il est poursuivi dans une affaire de subornation de témoins. La Chambre d’appel demande cependant aux juges de première instance, “d’examiner d’urgence” une possible remise en liberté, estimant “qu’il n’y a pas lieu de le maintenir en détention“. Audience déjà prévue, mardi 12 juin.
Deutsche Welle