Un conflit familial à grande échelle. Condamnée en Belgique et incarcérée en France, Rokia Traoré a rejoint le Mali début mars pour «rentrer chez elle», a-t-elle déclaré mardi dans un entretien au Parisien . La diva internationale a été mise en examen pour «enlèvement et séquestration» par un juge bruxellois. Elle aurait sciemment ignoré les jugements successifs ordonnant que la garde exclusive de sa fille de cinq ans soit confiée à son père, le dramaturge flamand Jan Goossens, directeur général du Festival de Marseille.
Une garde exclusive que Rokia Traoré conteste pour «protéger» sa fille. La chanteuse a déposé une plainte pour «attouchement» contre son ex-compagnon en Belgique, en France ainsi qu’au Mali. «Je n’ai jamais empêché mon ex-compagnon de voir ou avoir sa fille. Il n’a porté plainte contre moi que lorsque je lui ai parlé d’attouchements sur notre enfant», explique-t-elle. Mais la justice belge a classé l’affaire et a émis un mandat d’arrêt européen en dépit d’une lettre de mission signée du gouvernement malien et de son passeport diplomatique. La diva a été interpellée le 10 mars 2020 à l’aéroport Roissy Charles-de-Gaulle alors qu’elle se rendait en Belgique pour comparaître librement devant la cour d’appel de Bruxelles.
Incarcérée dans la prison de Fleury-Mérogis en pleine crise épidémique mondiale, Rokia Traoré a été libérée sous contrôle judiciaire en vue de sa remise aux autorités belges et a décidé sans autorisation de rentrer dans son pays d’origine où vit sa fille. Elle estime que l’ensemble de la procédure judiciaire jusqu’à son arrestation en France «constitue une énorme injustice» et que la justice belge a fait acte de racisme et de misogynie. «Voulez-vous que je vous raconte comment j’ai été traitée en garde à vue, la façon dont les magistrats se sont adressés à moi, comment j’ai été menottée, inconsciente sur mon lit d’hôpital pendant une crise de tétanie, surveillée par trois agents lors d’une garde à vue en Belgique…».
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La chanteuse dénonce avant tout une décision de justice prise par un pays où ni sa fille, ni le père et ni elle ne vivent. «Je ne pense pas que la justice belge se serait comportée ainsi avec une Italienne vivant en Italie aux côtés de ses enfants.» Pour Rokia Traoré, son retour au Mali n’a rien d’une fuite, pour la simple et bonne raison qu’elle ne s’y cache pas. « Une fuite suppose de quitter un endroit pour aller se cacher ailleurs. Je ne pouvais juste pas supporter l’idée d’attendre d’être extradée en Belgique, retenue à des milliers de kilomètres de chez moi, de mes enfants de seulement 5 et 14 ans, en pleine période de confinement dans un contexte de pandémie internationale avec un système scolaire bouleversé justifie la chanteuse. Je souffrais et déprimais.»
D’après Le Parisien, un nouveau mandat d’arrêt contre l’artiste a été requis par le parquet général de la cour d’appel de Paris le 19 mai. La cour de cassation examine pour sa part mardi un pourvoi contre son extradition. Une affaire encore loin d’être terminée.
Source : Le figaro