La justice annonce l’ouverture d’une enquête visant des chefs de groupes armés terroristes pour “des
infractions présumées d’associations de malfaiteurs, d’actes de terrorisme, de blanchiment de capitaux et de financement du terrorisme, de détention illégale d’armes de guerres et de munitions et de complicité de ces mêmes faits”. Ils sont en tout dix personnes visées par l’enquête judiciaire. L’information est tombée mardi 28 novembre au soir.
“
Le procureur général près la Cour d’appel de Bamako informe l’opinion publique nationale et internationale que de l’exploitation de renseignements à lui transmis, il appelle la constitution entre certains individus d’une association ayant pour but de semer la terreur, de porter atteinte à l’unité nationale, à l’intégrité territoriale et à tenir l’image des Forces armées maliennes
Ces faits révélés étant d’une extrême gravité sont susceptibles de constituer des infractions présumées d’associations de malfaiteurs d’actes de terrorisme, de blanchiment de capitaux et de financement du terrorisme de détention illégale d’armes de guerres et de munitions et de complicité de ces mêmes faits”.
Le procureur général près de la Cour d’appel de Bamako rappelle que de tels agissements ont provoqués et sont susceptibles de provoquer des victimes civiles et militaires, mais surtout visent à
faire douter de la capacité des FAMa à exécuter leurs missions de défense de l’intégrité du territoire et d’assurer la sécurité des personnes et des biens.
Le procureur général près la cour d’appel de Bamako porte à la connaissance de la population qu’il a
instruit au procureur de la République du Pôle judiciaire spécialisé en matière de lutte contre le terrorisme et la criminalité transnationale organisé l’ouverture d’une enquête contre les leaders terroristes mais aussi d’autres membres signataires de l’Accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Alger ayant basculer dans le terrorisme ; à savoir :
Alghabass Ag Intalla
Avant le début de la rébellion de 2012, Alghabass Ag Intalla est député de Kidal à l’Assemblée nationale. Lorsque le conflit éclate, il rallie d’abord le MNLA, mais rejoint rapidement Ansar Dine et affirme
alors combattre pour instaurer la charia au nord du Mali. En janvier 2013, quelques jours après le début de l’opération Serval, Alghabass fait scission et fonde le Mouvement islamique de l’Azawad (MIA), dont il devient le secrétaire général.
Le 19 mai 2013, il annonce la dissolution de son mouvement et son ralliement au Haut conseil pour l’unité de l’Azawad (HCUA), fondé par son frère, Mohamed Ag Intalla. Juillet 2014, Alghabass Ag Intalla
devient le secrétaire général du HCUA, il est placé à la tête d’une délégation de 30 personnes du MNLA, MAA et HCUA lors des négociations d’Alger. Il réunit les trois groupes pour créer la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA) avec d’autres groupes qui prendront leur distance.
Le 16 décembre 2016, il succède à Bilal Ag Achérif à la tête de la présidence de la Coordination des
mouvements de l’Azawad (CMA).
En octobre 2019, il appelle à la fusion en une seule entité des différents groupes de la CMA. Il est
aussi l’initiateur du Cadre stratégique permanent pour la paix, la sécurité et le développe-
ment (CSP-PSD) vaincue par l’armée malienne le 14 novembre à Kidal et qui déclare toujours combattre pour l’Azawad.
Bilal Ag Achérif
En 1993, il a quitté le Mali pour la Libye pour étudier les sciences politiques et est revenu plus tard
en 2010. En mai 2012, Bilal Ag Achérif, secrétaire général du Mouvement national pour la libération de l’Azawad (MNLA), tente de rapprocher son mouvement avec Ansar Dine afin de chasser Aqmi de l’Azawad. Le MNLA et Ansar Dine signent un accord le 26 mai et annoncent leur fusion. Les deux
mouvements créent le Conseil transitoire de l’Etat islamique de l’Azawad dont il devient président.
Mais 24 h après sa signature, l’accord est rompu par les cadres du MNLA. Le 26 juin 2012, Bilal Ag Achérif est blessé à Gao au cours de la première bataille de Gao qui oppose les troupes du MNLA aux
jihadistes du Mujao et d’Aqmi.D’après le porte-parole du MNLA, il est alors évacué et soigné au Burkina Faso. Le 23 novembre 2012, il est reçu à Paris par plusieurs diplomates français. Il demande alors un soutien matériel pour lutter contre les jihadistes.
Le 6 juin 2013, des négociations de paix s’ouvrent entre l’Etat malien et les rebelles du MNLA et
du HCUA. Les négociations aboutissent au bout de 11 jours et Bilal Ag Achérif signe l’accord de
Ouagadougou le 18 juin. En 2014, Bilal Ag Achérif prend la tête de la présidence de la Coordination des
mouvements de l’Azawad (CMA), et signe le 20 juillet 2015 l’accord d’Alger.
Ibrahim Ould Handa
Dans le milieu des groupes armés, il est présenté comme un officier, un colonel qui occupe le poste de
chef d’Etat-major adjoint de la CMA. Il est le secrétaire général du Mouvement arabe de l’Azawad
(MAA) et président actuel de la CMA. Il a réitéré, lors de son élection au mois de juillet dernier sa
ferme volonté de “poursuivre par tous les moyens appropriés la lutte jusqu’à la concrétisation des
principes fondamentaux garantissant une émancipation et un bien-être des populations azawadiennes”.
Personnalité de premier plan de ce mouvement, il a été au cœur des négociations ayant abouti au cessez-feu entre les groupes armés et le gouvernement suite aux affrontements de Kidal en 2014. En septembre 2018, il est brièvement interpellé par la gendarmerie nationale à Bamako en marge d’une rencontre du Comité de suivi de l’accord (CSA), l’interroger sur ses des liens avec les terroristes et son éventuelle implication dans une attaque contre l’armée malienne à Léré en 2014.
Fahad Ag Almouhamoud
C’est un dissident du Groupe d’autodéfense Imghad et alliés (Gatia) du général Ag Gamou récemment
nommé gouverneur de Kidal. On le soupçonne d’être impliqué dans du trafic de tout genre alors qu’il
était ouvertement nationaliste.
Ayant des sympathies pour le JNIM, pour ne dire que cela, Fahad ag Almahmoud, est au cœur de plusieurs questionnements de la part de beaucoup de ses compagnons qui disent ne plus le reconnaître et se reconnaître en son leadership.
Fahad Ag Almahmoud, le grand patriote anti-sécessionniste et anti-terroriste a retourné sa veste.
Ainsi, en faisant le choix de s’aligner à la CMA, il s’ajoute désormais à la liste des enfants égarés de la République. Comme les autres, il porte désormais l’insigne des alliés des terroristes et des séparatistes et n’a pas hésité à demander aux Maliens de “se lever pour sauver le pays pris en otage par les 5 colonels”, dans une de ses sorties sur les réseaux sociaux.
Ifada Ghali alias Abou Al Fadal
Il est de loin le plus gros poisson concerné par l’enquête judiciaire. Iyad Ag Ghali un ancien de la Légion islamique de la Libye a combattu au Liban et au Tchad avant de former en 1988 le Mouvement populaire de libération de l’Azawad (MPLA) et lancer une nouvelle rébellion qui se terminera par la signature des Accords de Tamanrasset. Le MPLA change de nom pour devenir le Mouvement populaire de l’Azawad (MPA). Le 11 avril 1992, quatre groupes rebelles, dont le MPA, regroupés au sein des Mouvements et fronts unifiés de l’Azawad (Mfua) signent le Pacte national avec Bamako ; le MPA est dissous à l’occasion de la cérémonie de la “Flamme de la paix”.
Mais, en 1998, il intègre la Dawa, une secte islamique et effectue plusieurs voyages au sein de la Dawa au Mali, en Afrique et jusqu’au Pakistan. Il est alors totalement acquis au fondamentalisme. Le gouvernement le charge de négocier la libération des touristes occidentaux enlevés en 2003 par les jihadistes du GSPC.
En 2006, Iyad Ag Ghali fonde avec Ibrahim Ag Bahanga, Hassan Ag Fagaga et Ahmada Ag Bibi, l’Alliance démocratique du 23-Mai pour le changement (ADC) et met fin à ses velléités en signant les
Accords d’Alger au juillet de la même année.
Iyad Ag Ghali est nommé conseiller consulaire du Mali à Djeddah en Arabie saoudite mais est expulsé en 2010 suspecté par les Saoudiens d’être en contact avec Al-Qaïda. Fin 2011, le Mouvement national pour la libération de l’Azawad (MNLA) est fondé. Iyad Ag Ghali forme son propre mouvement, Ansar Dine, les “Défenseurs de la religion” étroitement lié à Al-Qaïda au Maghreb islamique. Le 26 février 2013, le Département d’Etat des Etats-Unis désigne officiellement Iyad Ag Ghali comme terroriste. Iyad Ag Ghali qui avait disparu, réapparaît dans une vidéo publiée le 29 juillet 2014, il revendique, sans donner de précision, des tirs de roquettes et des attaques de kamikazes. Il réaffirme son objectif d’établir la charia
et de se “débarrasser des croisés, la France en tête”.
Le 26 janvier 2023, à Djounhane, à une quarantaine de kilomètres de Kidal, Iyad Ag Ghali rencontre
les représentants du Cadre stratégique permanent (CSP) et la Coordination des mouvements de
l’Azawad (CMA).
Les autres mis en cause par la justice sont Hanoun Ould Ali, Mohamed Ag Najim, Achafagi Ag Bouhada
Houssein Oulam et Amadou Barry alias Amadou Kouffa que nous vous présenterons dans notre
prochaine livraison.
O. Bakel
Le Focus