Issa Kanssaye, maire de la commune de Mopti, à seulement 3 ans à la tête de la commune de la Venise malienne, a considérablement changé les choses. Son éternel combat pour le développement de sa commune et le bien être de sa population fait de lui non seulement un maire admiré, mais aussi et surtout un repère pour la nouvelle génération. Sa détermination à donner un nouveau visage à la ville de Mopti et à ramener la paix dans le centre constitue pour lui l’essentiel. Dans l’interview qu’il a bien voulu nous accorder, Issa Kansaye nous parle non seulement de sa commune, mais aussi des actions déjà menées et futures. Lisez plutôt !
Soloni : Bonjour monsieur le maire ! Parlez-nous un peu de la composition de votre bureau communal.
Nous sommes 37 conseillers dont cinq adjoints au maire à composer le bureau communal. Nous avons un service composé de quatre structures : celui du développement communautaire, le service financier, le service juridique et le secrétariat administratif.
Cela fait trois ans déjà que vous êtes à la tête de la commune urbaine de Mopti. Quel bilan dressez-vous de votre mi-mandat ?
Durant la campagne nous avons promis aux électeurs de faire de notre priorité l’éducation, la santé et surtout combattre l’insalubrité avancée dans notre commune. Aujourd’hui, nous sommes dans cette lancée. De notre arrivée à ce jour, nous avons réalisé certains projets notamment dans le domaine de l’éducation en construisant 22 salles de classe, la rénovation d’autres tels que le groupe scolaire Cissé. À cela s’ajoute la construction de CSCOM équipé, des infirmeries rénovées et équipés, des salles informatiques équipées. Nous avons également procédé au recrutement de certains enseignants au niveau des collectivités. Pour l’épanouissement de la jeunesse, nous avons construit de terrain de football et du basket.
Au niveau de la santé, avec l’appui des partenaires, nous avons pu réaliser des dispensaires équipés. Un centre multifonctionnel composé de salles de classe, de mosquée et de dispensaires. Toujours avec l’appui des partenaires, nous avons rénové les six CSCOM de la commune de Sevaré, Mopti et Médina Coura avec des plateaux techniques ultra moderne.
Êtes-vous satisfait par rapport à vos ambitions de départ ?
Par rapport à ce que j’ambitionne pour ma commune, je ne saurais montrer de satisfecit pour le moment. Mais, je tiens à préciser que nous avons plusieurs projets relatifs à l’assainissement de la ville. Nous sommes en phase des études de faisabilités.
Au plan sécuritaire, le conflit qu’on a qualifié du centre entre Peulh et Dogon, et plus généralement la lutte contre le terrorisme, peut-on affirmer qu’il y’a de l’accalmie en ce moment ?
Ce n’est pas une guerre entre, sinon un conflit entre peulhs et dogons parce que dans ce conflit-là, il faut éviter l’amalgame. Les peulhs et les dogons vivent ensemble des centaines d’années. Moi qui je suis en train de m’exprimer, ma femme est peul, je suis dogon. Je suis un exemple de liaison entre ces deux communautés. Je pense qu’il est bon quand même qu’on puisse s’asseoir pour éviter l’amalgame entre ces deux ethnies. Il faut aussi que le politique joue son rôle et qu’on puisse impliquer toutes les communautés pour garantir la sécurité dans cette région. Là, également il faut que l’État prenne ses responsabilités. Il doit impérativement parvenir à s’implanter et occuper les zones qui vivent dans l’insécurité. Il est évident que si les symboles de l’État ne sont pas représenter dans ces zones, il serait difficile de parler de sécurité. L’Etat est quasiment absent dans toutes les zones à grande insécurité. Donc, il est bon que les symboles de l’État soient représentés dans toutes ces zone, je veux parler du drapeau national, l’administration, l’éducation, la santé, la justice, en un mot toutes les structures de l’État et surtout la sécurité. On ne saurait parler de développement sans la sécurité.
Nous lançons un appel à l’État à prendre toutes les dispositions nécessaires pour sécuriser ces pauvres populations qui souffrent en longueur de journée. Les autorités doivent également assurer la sécurité alimentaire. C’est aussi l’occasion pour moi de saluer les efforts du gouvernement qui a procédé à la distribution gratuite des aliments dans ces zones touchées par l’insécurité mais c’est insuffisant. Il faut aller loin dans ces actions jusqu’à faire rejoindre tous les déplacés dans leur village d’origine. Il revient à l’Etat et lui seul de sécuriser toutes les populations.
Au plan sanitaire, avec la lutte contre la Covid-19, quelles sont les actions que vous menez et peut-on dire que la population de Mopti est consciente du danger et respecte les mesures barrières décrétées par le gouvernement ?
La pandémie du Covid-19 est en train de faire beaucoup de ravages dans la région de Mopti comme partout ailleurs dans le monde. Ici à Mopti, nous avons enregistré 57 cas confirmés et 13 morts dont deux à l’hôpital et les autres en dehors des centres hospitaliers. Ici à Mopti au niveau local à la mairie, nous avons mis en place un comité de crise et de lutte contre la pandémie composé de chef de village, de la Cafo, de la société civile et de la jeunesse. Ce comité fait le lien d’informations avec un autre comité au niveau régional du gouvernorat. Comme actions, nous avons visité tous les CSCOM pour voir comment sont respectées les mesures barrières à leur niveau, voir les difficultés et renforcer leurs moyens de lutte. Pour moi, le plus important est de donner les moyens aux personnels de la santé parce qu’ils sont en contact direct avec les malades. Ce qui est inquiétant, c’est que pour la plupart c’est seulement après leur décès qu’on a su qu’ils sont morts du covid-19. Pour notre part, nous nous battons pour limiter au maximum sa propagation. Nous encourageons quotidiennement nos populations à respecter les mesures barrières pour se protéger. Malheureusement, malgré les sensibilisations, certains doutent encore de l’existence même de la maladie. Pour ma part, le plus important c’est de communiquer avec la population en mettant l’accent sur la sensibilisation jusqu’à ce qu’elle accepte l’évidence. Cependant, il faut reconnaitre que la population n’a pas cette possibilité de se protéger sans l’appui de l’État. Il est donc bon que l’État puisse doter la région, les communes et villages du minimum, notamment en kits sanitaires. Certes des partenaires viennent déjà en appui mais l’Etat doit jouer le premier rôle.
Propos recueillis par Djénèba Kassogué
SOLONI