a accordé l’asile à deux albinos africains: une jeune fille de Côte-d’Ivoire et un jeune homme du Nigéria

Une fillette disparue, un bébé enlevé puis tué et démembré, un garçonnet mutilé. C’est le triste bilan d’attaques depuis décembre contre les albinos de Tanzanie, motivées par des croyances et dont tout laisse craindre qu’elles se multiplient à l’approche des élections prévues en octobre.

Dans ce pays d’Afrique de l’Est, où la sorcellerie est encore largement pratiquée, les croyances prêtent des vertus magiques aux organes d’albinos, recherchés pour fabriquer des philtres censés porter chance en affaires mais aussi en politique, générant un sinistre commerce aux juteux bénéfices.

L’albinisme est une maladie génétique caractérisée par une absence de mélanine, entraînant une dépigmentation de la peau et des problèmes oculaires.

La situation des Albinos en Afrique est catastrophique, c’est pourquoi le Conseil des droits de l’homme de l’Onu a lancé des mesures pour leur venir en aide, auxquelles Israël participe en envoyant de l’aide humanitaire dans ces pays. Le Conseil a décidé de nommer un expert indépendant chargé de traiter uniquement de la question dans le cadre de la première phase de trouver une solution.

En plus d’Israël, plusieurs autres pays ont soutenu la décision de protéger les albinos en Afrique, y compris le Canada, la Belgique, le Danemark, l’Italie, la Pologne et le Portugal. 26 autres pays ont ajouté leur soutien après la session du Conseil des droits de l’homme.

Les représentants israéliens au conseil ont fait pression et participé à des négociations diplomatiques sur le libellé de la décision qui a été adoptée.

Au cours des dernières années, Israël a accordé l’asile à deux albinos africains. L’un d’eux étant une jeune fille de Côte-d’Ivoire et l’autre un homme du Nigeria.

Israël a également soutenu un effort pour créer une exposition de photos des albinos en Afrique qui a été présentée à l’ONU à Genève.

“Nous sommes très sensibles aux manifestations de discrimination et qui ont motivé notre décision de leur accorder l’asile,” a déclaré le représentant israélien au conseil des Droits de l’Homme. “Nous ressentons un sentiment d’obligation de traiter cette cruelle phénomène. Nous sommes heureux d’avoir pu aider et nous examinerons les moyens supplémentaires pour les aider”, a-t-il ajouté, selon Ynet.

“Le prix élevé d’un corps d’albinos montre que des élites politiques et économiques sont impliquées dans les meurtres d’albinos”, estime une aide humanitaire sur place rappelant qu’un corps d’albinos peut se vendre jusqu?à 75.000 dollars.

Depuis 2006, 76 albinos ont été tués, selon les associations qui constatent traditionnellement une hausse des attaques à l’approche de scrutins en Tanzanie ou dans les pays voisins.

Alors que cette maladie héréditaire ne frappe qu’un Occidental sur 20.000, un Tanzanien sur 1.400 en est atteint, en raison notamment des mariages consanguins, selon des experts.

La stigmatisation commence dès la naissance, raconte Josephat Torner, albinos de 32 ans, aujourd’hui chargé de communication de la TAS. “Quand je suis né, la communauté a voulu m’empoisonner. Les gens pensaient que j’étais un mauvais présage pour le village. Ma mère s’y est opposée et m’a sauvé la vie”, raconte-t-il.

Enfant, “j’ai beaucoup souffert de la solitude”, ajoute-t-il, “je mangeais et dormais souvent seul. Les enfants ne voulaient pas jouer avec moi de peur que je les +contamine+. Même mes propres frères ne touchaient pas mes habits pour les mêmes raisons”.

“Peu à peu, j’ai réussi à me faire accepter par la communauté (…) J’étais l’un des meilleurs élèves et jouais très bien au football. C’est à cette époque que j’ai aussi pris confiance en moi”. A la mort de sa mère, il est pris en charge par un prêtre qui finance sa scolarité, puis des études en Suède.

Dans la société tanzanienne, les albinos ont un accès limité à l’éducation, au mariage et à l’emploi, explique Kondo Seif, chargé de la sensibilisation au sein d’Under The Same Sun, qui affirme que son albinisme lui a fermé la porte de l’Université, où il rêvait d’enseigner.

(Avec AFP)

Source: i24news.tv