Israël devrait libérer 26 prisonniers palestiniens dans la nuit du 30 au 31 décembre 2013. Une troisième vague de libération prévue dans le cadre du processus de paix avec les Palestiniens. Mais un comité ministériel israélien a voté, la veille, un projet très controversé d’annexion de la vallée du Jourdain, revendiquée par les Palestiniens comme partie intégrante de leur futur Etat.
C’est la troisième phase de libération de prisonniers prévue dans le cadre de la reprise du dialogue avec les Palestiniens l’été dernier. Israël s’était engagé à libérer au total 104 prisonniers. Ces détenus devraient être accueillis en héros par l’ensemble des Palestiniens, qui les considèrent comme des résistants à l’occupation israélienne.
Le président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, doit d’ailleurs les recevoir ce lundi soir à la présidence, à Ramallah. Lui, réclame la libération non pas de 104 prisonniers, mais de tous les détenus palestiniens emprisonnés en Israël, ils seraient environ 5 000.
Côté israélien, c’est une toute autre ambiance. Les familles des victimes tuées par ces Palestiniens s’insurgent contre leur libération. Elles estiment qu’on ne doit pas relâcher ce qu’elles estiment être des terroristes, même s’ils ont purgé des peines allant de vingt à trente ans de prison. Ces familles accompagnées d’associations devaient encore manifester ce lundi soir à Jérusalem en signe de protestation.
Projet d’annexion de la vallée du Jourdain
Quelques heures avant ces libérations, une autre décision est venue d’Israël, qui ne va pas dans le sens de l’apaisement avec les Palestiniens. Des ministres de la droite dure israélienne ont voté un projet de loi prévoyant l’annexion d’une partie de la vallée du Jourdain située à l’est de la Cisjordanie, à la frontière jordanienne. Trente-sept colonies s’y trouvent et il s’agit de les garder sous contrôle israélien au cas où les Palestiniens récupéreraient ce territoire, après un accord de paix.
La vallée du Jourdain est théoriquement déjà un territoire palestinien, mais aujourd’hui 90% de cette terre est sous contrôle israélien (zone militaire ou colonies) bien que 60 000 Palestiniens y vivent.
Les Palestiniens voudraient que cette vallée du Jourdain fasse entièrement partie de leur futur Etat et parler d’annexion de ce territoire est vécue comme une provocation, en pleine période de négociations de paix. Le négociateur Saeb Erakat dénonce une « destruction des efforts de paix […] Après l’occupation, l’annexion », déplore-t-il.
Ce vote sur l’annexion de la vallée du Jourdain doit toutefois passer devant la Knesset, le Parlement israélien. Or la ministre de la Justice, Tzipi Livni, qui mène les négociations avec les Palestiniens et qui a voté contre le texte, a promis de tout faire pour qu’il ne passe pas. Elle a dénoncé « l’irresponsabilité et le populisme » de ses collègues de droite et d’extrême droite.
John Kerry attendu au Proche-Orient pour éteindre l’incendie
Quant à Benyamin Netanyahu, le Premier ministre, il ne s’est pas exprimé. Selon la presse israélienne, il serait embarrassé par ce texte voté par les membres de son parti, le Likoud.
Car sur la vallée du Jourdain, il aurait accepté le plan proposé par le secrétaire d’Etat américain John Kerry, plan prévoyant le maintien d’une présence militaire israélienne après un accord de paix avec les Palestiniens, et ce pour des raisons de sécurité. Mais en aucun cas, il n’est question d’une annexion.
John Kerry, qui chapeaute les discussions de paix entre Israéliens et Palestiniens, est attendu ce mercredi soir dans la région. Il devrait une fois de plus tenter d’éteindre l’incendie et faire en sorte que les Palestiniens ne quittent pas la table des négociations. Ils n’étaient déjà pas d’accord avec le projet de maintenir une présence israélienne dans la vallée du Jourdain, alors parler d’une annexion est encore plus inacceptable pour eux.
On attend également la confirmation du gouvernement israélien de lancer de nouvelles constructions dans les colonies, une pierre d’achoppement dans les négociations et une autre forme de provocation pour les Palestiniens.
Source : RFI