Une attaque israélienne a eu lieu contre le centre de recherches scientifiques de Jamraya, à Damas, a affirmé dans la nuit de samedi à dimanche l’agence officielle syrienne Sana, alors qu’une nouvelle tuerie a été commise dans un secteur sunnite au coeur du pays alaouite rattrapé par la guerre civile. «L’attaque a eu lieu tout près de l’aéroport de Damas et la cible était des missiles iraniens destinés au Hezbollah», a déclaré en effet un haut responsable israélien sous couvert de l’anonymat.
La télévision syrienne a estimé que «l’agression israélienne vise à desserrer l’étau sur les terroristes dans la Ghouta de l’Est», une région dans la banlieue proche de Damas.
L’annonce de cette attaque intervient alors que des médias américains ont rapporté vendredi que l’aviation militaire israélienne aurait mené un raid jeudi ou vendredi en Syrie visant sans doute des armements destinés au Hezbollah.
Israël a gardé le silence samedi après ces informations, tout en répétant qu’il surveillait le transfert d’armes au Hezbollah libanais. Interrogé, le porte-parole du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, Mark Regev, s’est refusé à tout commentaire.
Au moment où le conflit prend de plus en plus des allures confessionnelles, le président américain Barack Obama a dit ne pas prévoir d’envoyer ses soldats en Syrie, même s’il était prouvé que le régime de Bachar al-Assad avait eu recours aux armes chimiques dans sa guerre contre les rebelles.
Après une première frappe fin janvier contre des installations militaires en Syrie, confirmée implicitement par Israël, l’aviation de l’Etat hébreu a mené un nouveau raid cette semaine, selon des sources américaines.
L’armée israélienne s’est refusée à tout commentaire mais un responsable du ministère de la Défense a dit qu’«Israël suit la situation en Syrie et au Liban, particulièrement le transfert d’armes chimiques et d’armes spéciales», éventuellement au Hezbollah libanais.
Israël «a bombardé la Syrie la nuit dernière (jeudi)», a dit le sénateur américain républicain Lindsay Graham, cité par le site d’informations Politico.
«Les agences américaines et occidentales de renseignement ont examiné des données classifiées montrant qu’Israël a très probablement mené un raid aérien dans la période de jeudi à vendredi», a dit la chaîne câblée CNN. Selon la chaîne NBC, «la principale cible d’Israël était une cargaison d’armes destinées au Hezbollah».
M. Obama a refusé de commenter «ce qui s’est passé hier en Syrie»,disant laisser «le gouvernement israélien confirmer ou démentir d’éventuels bombardements qu’ils auraient effectués».
Il a toutefois jugé «justifié» que les Israéliens cherchent à «se protéger contre le transfert d’armes sophistiquées à des organisations terroristes comme le Hezbollah» chiite, un allié du président Assad, de confession alaouite, une branche du chiisme.
Une source militaire syrienne a démenti ce raid mais une source diplomatique à Beyrouth l’a confirmé en précisant qu’il visait des missiles sol-air livrés par l’allié russe et entreposés à l’aéroport de Damas.
De manière inhabituelle, l’agence officielle syrienne Sana avait annoncé que vendredi à l’aube des rebelles avaient tiré deux roquettes sur l’aéroport de Damas, touchant un avion stationné.
Au moins 62 morts à Banias
Alors que les atrocités ont gagné cette semaine le pays alaouite (ouest) où M. Assad pourrait se réfugier en dernier recours si Damas tombait selon des experts, l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH) a rapporté que 62 corps avaient été découverts samedi dans un quartier sunnite de Banias.
Le quartier de Ras al-Nabaa a été pris d’assaut vendredi par l’armée et ses supplétifs alaouites. «Nous avons pu identifier 62 corps, dont 14 enfants mais ce nombre peut augmenter car des dizaines de citoyens sont toujours portés disparus», a précisé l’ONG qui s’appuie sur un large réseau de militants et de médecins.
La révolte populaire lancée en mars 2011 a été réprimée par le régime et s’est transformée en rébellion, le pays basculant ensuite dans la guerre civile avec des combats parfois à caractère confessionnel, l’écrasante majorité des rebelles étant sunnite.
Banias est à cet égard stratégique et dès le premier jour des combats dans sa région, jeudi, une tuerie a endeuillé le village sunnite de Bayda, où au moins 50 personnes, en majorité des civils, ont été tuées lors d’exécutions sommaires et de bombardements, selon l’OSDH.
La Coalition de l’opposition syrienne y a vu un «nettoyage ethnique» mené par le régime contre les sunnites, tandis que Washington s’est dit «horrifié». Le régime, de son côté, a affirmé avoir tué à Bayda des «terroristes», appellation officielle des rebelles.
Craignant un «nouveau massacre», des centaines de familles ont fui les quartiers sunnites de Banias, selon l’OSDH.
Ailleurs dans le pays, bombardements et combats se poursuivaient faisant, comme chaque jour, des dizaines de morts selon l’ONG. Depuis le début du conflit, des dizaines de milliers de personnes ont trouvé la mort.