A quelques mois de la présidentielle du 29 juillet 2018, le leader de Ançar Dine international, Cherif Ousmane Madani Haïdara, a cru devoir faire une mise au point, lors du 3è congrès ordinaire de son mouvement le samedi dernier. Il fut amené à dévoiler les dessous d’une tractation entre chefs religieux et hommes politiques au cours de laquelle, il avait demandé aux leaders religieux de prendre leur distance avec les campagnes politiques.
Devant des fidèles attentifs ayant pris d’assaut le Palais des Sport de Bamako, Haïdara a fait des révélations sur la manière dont il a été démarché en 2002 par Mahmoud Dicko pour soutenir le candidat Ibrahim Boubacar Keïta à la présidentielle. « Je n’ai pas dit que les musulmans ne doivent pas faire la politique. Qu’on me cite un seul président de la République du Mali qui n’est pas musulman! Ce que j’ai dit en 2002, c’est que Mahmoud Dicko est allé me voir pour qu’on parle des élections», s’est-il exprimé.
Ainsi, des réunions politiques entre leaders religieux se tenaient régulièrement dans une mosquée de la capitale. « Après, on s’est entendu pour voter IBK. Un rendez-vous a été fixé à la mosquée Yatabari où il devait nous rencontrer. Nous avons attendu jusqu’à minuit passé. Il n’est pas venu ; on nous a dit qu’il s’excusait de ne pas pouvoir venir à cause de la fatigue d’un voyage dont il venait de rentrer », a poursuivi Cherif Ousmane Madani Haïdara.
Le leader de Ançar Dine International a affirmé que finalement le candidat IBK est devenu leur protégé en 2002 même si tout le monde n’en était pas content. Les choses sont devenues beaucoup plus compliquées. « Des gens sont allés dire sur les radios que le candidat des musulmans est IBK. Mais Tierno Hadi Thiam qui est décédé est passé à la télévision nationale pour dire que c’est faux ; que IBK n’est pas le candidat des musulmans », a témoigné Haïdara.
A cause de ces dissensions entre leaders religieux, Cherif Ousmane Madani Haïdara a demandé aux leaders religieux de ne pas se mêler à la politique. Le sens de cette déclaration, c’était d’appeler les chefs religieux de prendre leur distance avec les hommes politiques qui leur créaient des problèmes. «Ils nous divisaient. En 2013, un imam a amené une photo d’IBK dans une mosquée pour demander aux musulmans de voter pour lui. Quelqu’un s’est levé dans la mosquée pour l’insulter et déclarer que ce qu’il faisait n’est pas digne d’un imam », a commenté Haïdara.
Les appels du leader des Ançars sont utilisés aujourd’hui sur les radios en les déformant délibérément, selon le prêcheur lui-même. « Comment un imam peut demander aux musulmans de voter pour un seul candidat ? Les militants de tous les partis politiques prient dans ma mosquée. Les élections, c’est pour nous tous. Nous devons prier pour qu’elles se passent dans la paix », a affirmé Haïdara.
Soumaila T. Diarra
Source: Le Républicain