De retour de Gao, septième région du Mali où, il vient de présenter ses condoléances aux familles des jeunes manifestants assassinés de sang- froid par les troupes de la Minusma, nous avons tendu notre micro au président de la République. C’était dans l’avion qui le ramenait à Bamako. Pour la première fois, le Chef de l’Etat laisse exploser sa colère face à ce qu’il qualifie d’ « inacceptable ». Sans détour.
Mr le président, quelles sont vos impressions après la visite rendue aux blessés à l’hôpital de Gao et aux familles des jeunes abattus par les troupes de la Minusma ?
Je suis indigné par cet acte barbare. Je suis indigné par cette politique de deux poids, deux mesures, pratiquée par les troupes de la Minusma au nord de notre pays. Les manifestants de Kidal, manipulés par le MNLA, ont poussé le toupet jusqu’à frapper les soldats de l’ONU avec des cailloux, des barres de fer, des gourdins….., mais ils n’ont pas tiré sur les manifestants. Alors qu’à Gao, les manifestants aux mains nues ne réclamaient qu’une seule chose : l’abrogation de l’accord que la Minusma a signé, sans se référer au gouvernement du Mali, avec le MNLA et un traitement égalitaire entre toutes les parties. Mais quelle a été la réponse de la Minusma à cette demande légitime ? Des tirs à balle réelle. Mollah Omar, je te le dis sans ambages :cet affront-là ne passera pas comme une lettre à la poste ! La Minusma saura de quel boa, pardon de quel bois, je me chauffe. Parole de LadjiBourama !
Qu’allez-vous faire, maintenant, Mr le président ?
Quelle question ! Pour commencer, je viens d’envoyer une lettre à Ban Ki Moon, secrétaire général de l’ONU pour lui faire part de mon indignation, face au comportement de ses troupes au nord de mon pays. Si ceux qui sont payés à prix d’or pour assurer la sécurité des populations se taillent le luxe de tirer à balles réelles sur ces mêmes populations civiles, sur fond d’un racisme qui ne dit pas son nom, il y a péril en la demeure. Le remède de l’ONU s’est avéré pire le mal, répandu dans le nord du Mali par les groupes armés et les terroristes.
Ensuite, j’ai décidé que désormais les forces-armées maliennes seront associées à toutes les actions des troupes étrangères présentes sur notre sol. Tout se fera, désormais, à notre façon. Plus question de laisser passer de telles injustices, sur lesquelles nous avons toujours fermé les yeux.
Les responsables de la Minusma ont parlé de « malentendus » sur ces évènements….
Fadaises ! Loufoques ! Quels malentendus ? Ce langage diplomatique, employé pour expliquer l’inexplicable, doit être banni de leur vocabulare pour faire place à la vérité, à la transparence. La Minusma doit tirer leçon des évènements de Gao, en évitant de se rendre complice des groupes séparatistes qui, chaque jour que Dieu fait, brûlent leurs ailes à la flamme de deux langages.
Cela veut dire que la Minusma a perdu toute crédibilité au nord du Mali ?
C’est certain ! Mieux, les populations de Gao, Tombouctou et Kidal ne se laisseront plus faire. Du moins, si la Minusma ne reste pas dans sa position de neutralité qu’elle n’aurait jamais du quitter. Même à Kidal, les populations ont envie de manifester leur raz-le bol face au MNLA ; mais la Minusma est incapable d’assurer leur sécurité en pareille circonstance.
Votre dernier mot, Mr le président ?
Merci de m’avoir accompagné à Gao. Et merci pour cette rubrique qui me permet de dire, dans ton journal, ce que je ne peux dire à cause de mes fonctions. Continue comme ça !
Propos recueillis par Le Mollah Omar
DIRECTION GENERALE DE LA DOUANE « SONSORI TARA, SONSORI NANA ! »
Même avec son bagage intellectuel, son expérience au sein de l’administration des douanes, une seule question taraude les esprits : le colonel Modibo Kane Keïta, tout-nouveau directeur général de la douane sera-t-il à hauteur de mission dans le recouvrement des droits et taxes dus à l’Etat ?
Sous-directeur des enquêtes douanières et directeur général-adjoint sous MoumouniDembelé, ex-patron des douanes, le colonel Modibo Kane Keïta aura du mal à faire mieux que son prédécesseur. Car le mal est profond à la douane. Très profond. Il n’est pas chronique, ni critique ; il est clinique.
A la démobilisation des cadres s’ajoute au népotisme ambiant. En tout cas, depuis l’arrivée du colonel MoumouniDembelé à la tête de la douane, les cadres ne sont pas affectés aux postes en fonction de leur compétence, mais en fonction de leurs bras longs. Ou en fonction de leur proximité avec le « prince du jour ».
Conséquence : les recettes sont en chute libre. Oscillant entre 34 et 37 milliards CFA par mois sous le colonel Modibo Maïga, les recettes douanières sont retombées à 25 milliards CFA par mois. Du moins, si l’on en déduit les « anticipations » ; c’est-à-dire les droits et taxes perçus sur les marchandises, qui n’ont pas encore franchi le cordon douanier.
Sur les 385 milliards CFA assignés à la douane durant l’année écoulée, sa direction générale n’a réalisé que 341 milliards CFA. Soit un déficit de 44 milliards CFA. Une première dans l’histoire de la douane, en 54 ans d’existence.
Ce n’est pas tout. Pour parvenir à ce résultat, pour le moins catastrophique, il a fallu 15 jours supplémentaires de recouvrement sur l’année 2015 pour réduire le GAP qui est, réellement, de 64 milliards CFA au 31 décembre 2014.
Le colonel Modibo Kane Keïta a pris une part importante dans cet échec. Il est passé, en moins de deux ans, du poste de sous-directeur des enquêtes ( le saint des saints de la douane) au poste de directeur général-adjoint. Mais pour quel résultat ? Peut-on se demander.
C’est pourquoi, nous doutons que la nomination du colonel Modibo Kane Keïta à la tête de la douane puisse changer grand-chose. C’est, comme dirait l’autre, un « homme du sérail ». C’est pourquoi, nous disons « sonsori tara, sonsorinana ». En clair, les colonels MoumouniDembelé et Modibo Kane Keïta, c’est du pareil au même. Certains cadres de la douane lui prêtent une certaine rigueur. Récemment, il aurait refusé de signer des « exos » que lui aurait demandé son désormais ex-dégé. Mais cette prétendue rigueur qu’on lui prête ne peut sortir la douane du gouffre dans lequel il a été enfoncé par des pratiques dignes d’une autre époque.
Oumar Babi
source : Canard Déchainé