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Intervention du CICR dans la Région de Tombouctou : LES POPULATIONS VULNÉRABLES ONT REPRIS ESPOIR

Le Comité a rétabli les moyens de substance tout en renforçant les capacités de production

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Dans les zones du Nord du Mali où presque tout est reconstruire, il n’y a pas d’interventions mineures pour nos partenaires. De cela, les journalistes de la caravane de presse  organisée par le CICR (Comité international de la croix rouge) ont pu se convaincre. Les hommes de média ont visité du 4 au 8 novembre dernier certaines des réalisations du Comité dans la Région de Tombouctou. Il s’agit notamment du  centre de santé communautaire  (CSCOM) de Ber, entièrement réhabilité par le CICR pour environ 70 millions de francs CFA  et de celui de Téherdjé délocalisé à Djindjenakoïra. La caravane est passée aussi par les périmètres maraîchers de Kababa et de Hariboro, ; elle a arpenté les petites digues de protection de la plaine agricole à Niafunké à 180 kilomètres de Tombouctou. L’organisme spécialisé des Nations Unies a profité de la caravane pour procéder à une distribution de vivres aux populations vulnérables de Bourem Sidi Amar, à 12 kilomètres de Diré.

Par ces différentes actions, le CICR entend rétablir les moyens de subsistance des populations vulnérables tout en renforçant leurs capacités de production. A Niafunké par exemple, le renforcement de la principale digue de protection de la plaine rizicole par des jeunes venus de la commune et d’agglomérations voisines a permis de sauver 370 hectares aménagés. Pour Cheick Maïga, un des encadreurs de ces jeunes, l’aménagement des digues a permis de fixer  les jeunes pendant la période d’occupation. « L’appui financier et matériel du CICR nous a beaucoup aidé et a évité que les jeunes gens soient enrôlés par les groupes armés », précisait notre interlocuteur.

Il convient de préciser que les populations n’avaient pas attendu le CICR pour prendre l’initiative de certains travaux. Les terres aménagées étaient sur le point d’être inondées après la montée des eaux et les habitants s’étaient mobilisés pour sauver leurs champs. Leur initiative a attiré l’attention du président du comité local de la Croix-Rouge malienne de Niafunké, Mamadou Touré dit « Berthé » qui a remonté l’information auprès du CICR. Le Comité a alors envoyé une équipe pour évaluer la situation avant de venir en aide aux populations désespérées. Le soutien a commencé par une dotation en matériel de travail, notamment en pelles et en brouettes. Un peu plus tard, un appui en espèces est venu stimuler l’engouement des jeunes. « Ils recevaient une paie journalière. Grâce à ce travail, les jeunes n’ont pas cherché à se faire recruter par les groupes armés », assure Cheick Maïga, qui a lui-même engrangé 6 tonnes à l’hectare sur les deux hectares qu’il a emblavés.

10 ÉQUIPES DE 30 PERSONNES. Le CICR payait les exploitants en contrepartie du travail fait. « Cela a permis aux habitants de Niafunké et environnants d’assurer le financement d’un minimum de leurs besoins », précise Maïga. Selon le  responsable du département Sécurité économique du CICR,  Jules Amoti, l’organisation humanitaire entend répondre aux besoins urgents, préserver les moyens d’existence, la capacité de résilience, doper le pouvoir d’achat et renforcer la sécurité économique de 300 ménages bénéficiaires directs (soit près de 1800 personnes) affectés par le conflit armé ou par d’autres situations de violence combinés aux facteurs déstabilisants comme les crises agropastorales liées aux aléas climatiques.

Pour atteindre cet objectif, le CICR applique une méthodologie appelée « cash for work » (travail contre argent). L’enregistrement des bénéficiaires était organisé par les responsables  communautaires (comité de crise de Soboundou) et les volontaires de la Croix rouge malienne sur la base de critères de sélection établis par EcoSec (Sécurité économique). Pour être éligible au programme, il fallait être âgé au moins de 18 ans, être chef de ménage déplacé interne totalement confronté à l’incapacité de se nourrir ; ou alors chef de ménage agricole ayant perdu ses sources de revenus et incapable de cultiver suite à l’insécurité et au manque d’intrants agricoles durant la campagne agricole 2012.

Une liste des 300 chefs de ménages bénéficiaires du Cash dont 16 femmes (5,33%) a été donc établie et trois cent cartes de distribution portant le nom et le code de chaque ouvrier ont été remis aux bénéficiaires.

Avant le lancement des travaux de réhabilitation de la digue de protection de la plaine de Goubo, un protocole d’accord élaboré par EcoSec a été signé entre cette dernière et le comité de crise représentant les bénéficiaires. Les 300 chefs de ménages bénéficiaires directs du « cash for work » sont organisés en 10 équipes de 30 personnes chacune. Chaque équipe compte un superviseur, un ouvrier qualifié et 28 ouvriers non qualifiés. En vue de stimuler une certaine concurrence utile à la réalisation des travaux dans les délais impartis, un piquetage a été fait et chaque équipe devait travailler sur une distance de 30 mètres.

Le contrôle des présences et la supervision générale étaient assurés par le président de la CRM de Niafunké. Après chaque jour de travail, la carte de distribution est poinçonnée, ce qui permettait de comptabiliser avec exactitude le nombre de jours travaillés. Les travaux de réhabilitation de la digue de protection de la plaine de Goubo ont duré du 26 avril au 15 mai 2013 avec des résultats jugés très satisfaisants par la Croix rouge.

Les caravaniers ont aussi visité le verger du groupe « Aboré » au quartier Dioulabougou de Niafunké, où un groupe de dix personnes dont deux femmes exploitent un lopin de terre d’environ un hectare. Les hommes travaillent la terre et les femmes s’occupent de la commercialisation des légumes. Le CICR a fourni à ces maraîchers des semences et du matériel de maraîchage. Ici, l’occupation djihadiste n’a pas interrompu l’activité de maraichage malgré les difficultés d’approvisionnement en intrants et en semences. Les puits endommagés faute d’entretien pendant l’occupation ont été à présent réhabilités par le CICR au grand bonheur du groupe.

« Grâce au CICR nous n’avons plus de problème d’eau. Nos légumes sont rapidement écoulés sur le marché. La culture de concombres nous a rapporté 400 000 FCFA l’année dernière », témoigne le président du groupe, Abdoulaye Coulibaly. Son collègue, Issa Maïga, ajoute que la récolte trimestrielle sur le lopin leur rapporte  450 000F CFA.

DANS UNE HABITATION EN BANCO. De tous les potagers visités par les caravaniers, celui du groupe « Aboré » est le plus rentable. Car les autres avaient été directement menacés par les groupes armés qui interdisaient aux femmes de travailler dans les périmètres maraichers de Kabara et Hariboro, situés dans la périphérie la ville de Tombouctou, sur la route de Koriomé. L’aide du CICR est venu redonner espoir à ces braves populations qui ont elles aussi bénéficié du système « cash for work ».

A Ber, tout comme à Sidi Amar, les caravaniers ont constaté que les populations commencent à revenir. A Ber, 80 familles sont déjà de  retour, selon Atoutal Ag Intagadaye, responsable du centre de santé de la localité. Pour encourager ce mouvement de retour, le centre de santé a été réhabilité grâce à un investissement de 70 millions de francs CFA, A cela il faut ajouter la réalisation d’un château d’eau d’une capacité de 5 000 litres et la gratuité des consultations et médicaments.

Parmi la soixantaine de patientes que reçoit par jour Atoutal, le technicien de santé, se trouve Lala Zeinab. Elle est rentrée d’Algérie avec sa famille et se faisait consulter pour un problème de métrorragie. Nous avons rencontré une autre dame venue en consultations avec ses deux petits-enfants. Cette dernière est restée sur place pendant l’occupation en 2012. Toutes ces femmes remercient le Ciel et n’oublient pas le CICR pour le retour de la paix et la reprise des activités socio-économiques.

A Téherdjé, une autre localité de la région de Tombouctou la caravane a visité le centre de santé délocalisé à Djindjenkoira pour des raisons de sécurité en 2012. Les populations s’étaient réinstallées sur la rive opposée pour se mettre à l’abri des braqueurs et des groupes armés. On y accède par pinasse après 3 kilomètres environ de traversée.

A première vue, rien n’indique un centre de santé si ce n’est la présence de deux agents porteurs d’une blouse blanche. Le tandem officie dans une habitation en banco transformée en centre de santé de fortune. Notre arrivée dans ce hameau perdu derrière un bras du fleuve Niger créée une atmosphère extraordinaire. Sous un hangar en paille, nous sommes accueillis par la technicienne de centre, Safiatou Mahamane Faskoy et le président de l’Asaco, Aguissa Maïga. C’est l’occasion pour eux de réitérer au CICR leur volonté de retourner sur leur ancien site. Mais ce retour est conditionné à la construction d’un logement d’astreinte pour le chef de poste en plus de la réhabilitation des bâtiments délabrés.

Pour des cas d’évacuation urgente, la petite unité de soin fait appel à l’ambulance du centre de référence de l’hôpital de Tombouctou. Les affections les moins graves, notamment la malaria, la diarrhée, les infections respiratoires aiguës (IRA), sont traitées sur place. Les consultations et les  médicaments sont gratuits. Le déplacement de l’ambulance, le cas échéant, est pris en charge par l’ONG Médecin sans frontières  France (MSF-France).

Il faut dire que les populations de ces localités attendent toujours le retour de l’administration. C’est le cas également à Bourem Sidi Amar, situé à moins de 20 kilomètres de Diré où le CICR a procédé à une grande distribution de vivres le jour de la foire hebdomadaire. Ce jour-là, 1150 ménages ont bénéficié chacun de sacs de riz, de haricot, de sel et d’huile.

A.DIARRA

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