C’est du moins la conclusion tirée par l’honorable Ahmada Soukona de la séance de questions orales qu’il a adressées au ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation sur la crise qui frappe, depuis des années, les communes du cercle de Yélimané. C’était ce mardi 6 février, au cours d’une séance plénière à l’Assemblée nationale.
Depuis 4 ans, les populations de plusieurs communes du cercle de Yélimané traversent une crise particulière marquée par un incivisme inqualifiable : menaces incessantes sur les autorités et élus locaux, violence, non-respect de la loi et de l’autorité, refus de paiement d’impôts et taxes…Toutes choses qui engendrent des conséquences désastreuses pour le cercle, voire pour la région de Kayes.
C’est dans ce contexte que l’honorable Ahmada Soukona, député élu à Yélimané, a interpellé le ministre de tutelle, Mohamed Ag Erlaf, afin qu’il explique les mesures préconisées par son département pour mettre fin à cette crise qui n’a que trop duré.
“Quelles sont les mesures prises par votre département pour gérer cette situation? Quel rôle doit jouer le département dans de pareils cas? L’incivisme est-il normal dans la gestion des collectivités ? Personne ne respecte plus les représentants de l’État dans le cercle de Yélimané, que comptez- vous faire pour y restaurer l’autorité de l’État ?… “ sont entre autres questions qui ont été posées au ministre Mohamed Ag Erlaf.
Le ministre qui était visiblement en panne d’arguments face à ces questions, a indiqué que la gestion des collectivités ne relève pas de son seul département. Selon lui, son département n’exerce plus de tutelle directe sur les collectivités depuis l’adoption du code des collectivités qui prend compte l’essentiel des problèmes qui peuvent surgir dans la gestion d’une collectivité.
Aux dires du ministre, la question du refus de paiement d’impôt par les populations, trouve sa réponse dans le code général des impôts.
Le ministre est allé plus loin en indiquant que le gouvernement n’est pas responsable de ce qui se passe à Yélimané. Le respect et l’application des lois en vigueur sur la gestion des collectivités constituent la solution à ce problème.
“Force doit rester à la loi. Nous n’avons pas été saisis d’aucune plainte d’une association ou groupement par rapport à cette situation et nous ne pouvons pas nous auto saisir sur ce problème. Nous avons fait ce que la loi nous autorise de faire”, s’est contenté de dire le ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation..
Pour le député interpellateur, en donnant de telles réponses, le ministre a tout simplement fuit sa responsabilité.
“Face à une telle situation gravissime, c’est de laxisme de la part du gouvernement de dire qu’il en est pas responsable. Le problème est politique, les responsables sont connus et la responsabilité incombe entièrement à l’État. Si cette situation n’est pas gérée, ce serait un drame car la situation est devenue extrêmement grave à Yélimané”, a averti l’honorable Soukona.
Selon l’honorable Ahmada Soukona, aujourd’hui, aucune autorité (préfet, gouverneur, procureur), aucun élu, et aucun juge n’arrive à faire respecter la loi dans le cercle de Yélimané. Chaque fois qu’ils ont tenté de faire respecter la loi, a-t-il expliqué, ils ont été constamment menacés par des cailloux et des bâtons. Pire, 3 préfets se sont succédé à Yélimané en 3 ans, sans pouvoir gérer la crise. Une crise qui a déjà fait un mort et continue à menacer la cohésion sociale en divisant les familles du cercle. Les membres de nombreuses familles ne se font plus confiance. Ce qui n’augure pas un lendemain meilleur pour les populations de cette localité.
Le ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation pense que la responsabilité est ailleurs. “Que les partis politiques jouent leur rôle de sensibilisation des populations et l’État va s’assumer. Il va s’assumer dans le cadre de l’application des lois. Que les populations comprennent qu’il n’y a pas de collectivités sans impôts, qu’il n’y a pas d’État sans impôts. Les impôts, c’est l’essence même de l’existence d’une collectivité et d’un l’État”, a conclu le ministre Ag Erlaf. Sans convaincre.