Par un arrêté en date du 3 juillet 2019, Adama Berthé, maire de la commune IV de Bamako a interdit la consommation de la chicha et autres stupéfiants. Après plus de trois semaines, force est de constater que rien n’a changée dans les faits.
Une chose est de prendre une décision, une autre est de réussir à l’appliquer. Environ trois semaines après l’annonce de la décision d’interdiction de la Chicha, la mairie de la Commune IV s’emploie à sensibiliser les populations. Pour le moment, les ‘’chicha House’’ ou ‘’chicha clubs’’ sont toujours ouvertes dans cette commune. Selon le 4e adjoint au maire, Modibo Keïta, chargé de l’application de l’arrêté, la décision d’interdiction a été prise dans le but de préserver la santé des jeunes. Car d’après lui, fumer une chicha équivaut à 200 mèches de cigarette. Pire, les jeunes se servent de la tabatière de la chicha pour consommer d’autres stupéfiants tels que le chanvre indien. Dans la foulée, la mesure de la mairie de la Commune IV a été saluée par la Cour constitutionnelle et appréciée par presque tous les tribunaux. Quant à son application, l’édile affirme que pour l’instant la mairie en collaboration avec les différents commissariats de police ont préféré sensibiliser de la jeunesse avant de passer à la phase des sanctions.
Dans cette dynamique, précise Modibo Keïta, la mairie compte mobiliser tous les acteurs autour du sujet pour agir conformément à la loi. L’élu soutient qu’en dehors des institutions et structures concernées, d’autres groupes se sont manifestés pour bien mener le combat contre la chicha et le tramadol. « Après la sensibilisation auprès des jeunes j’espère qu’on n’aura pas besoin de recourir à la force», déclare-t-il.
Pour sa part, la commissaire du 14e arrondissement, Kadidiatou Tounkara, confirme que pour l’instant aucune action de force n’a été envisagée. Elle annonce que le commissariat est dans la phase de rencontre avec les leaders et chefs des différents groupes et associations de jeunes de la commune pour la sensibilisation. A l’instar du maire, elle espère que cette étape va pouvoir suffire pour dissuader les amateurs de chicha dans la commune IV.
Tandis que du côté du commissariat du 5e arrondissement, c’est le bâton et la carotte. Selon le commissaire adjoint Moustapha Diakité quelques personnes ont déjà été interpellées par ses éléments. Parallèlement son adjoint affirme que le commissariat travaille en collaboration avec l’association ‘’DJIGUIYA MALI’’ pour sensibiliser les jeunes dans les grins. La méthode de cette association consiste à distribuer du thé dans les grins tout en les sensibilisant sur les méfaits de la chicha.
Si l’initiative est appréciée par beaucoup, elle n’est pas du goût de certains. C’est le cas de Issouf GAMBI, vendeur de chicha et accessoires. Pour lui, c’est une décision arbitraire. Car, soutient-il, la chicha n’est pas illégale. Il pense que son interdire ne va nullement dissuader les dealers. Et pour cause, explique-t-il, au-delà de la chicha il existe plusieurs méthodes pour consommer le cannabis. A son avis, les vendeurs ne sont pas responsables des stupéfiants que les consommateurs mettent dans la chicha. « Tout tabac nuit à la santé humaine donc autant interdire la cigarette et l’alcool qui nuisent aussi à la santé », a-t-il lancé. Le jeune commerçant soupçonne que la décision d’interdiction cache des vérités non dites. Issouf GAMBI explique que ses produits sont légalement importés dans le pays et l’Etat ne peut donc pas interdire la vente de cette manière.
Amateur de chicha, Ibrahim DIAKITE, partage le même avis. Il soutient que les consommateurs de la chicha sont conscients du danger pour la santé. Mais, c’est un plaisir, dit-il, comme la cigarette et l’alcool. Monsieur DIAKITE précise que s’il faut interdire la chicha autant le faire pour la cigarette et l’alcool.
Batna AG ALHAMDOU, un autre consommateur depuis plusieurs années, soutient, lui, la mesure d’interdiction. L’homme explique qu’il avait prévu d’arrêter de fumer la chicha depuis longtemps sans y parvenir. Il espère pouvoir sans passer grâce à la décision d’interdiction.
Fousseini CAMARA, aussi amateur de chicha, témoigne qu’il en consomme juste parce que ses amis le font. Cependant, il trouve qu’il est judicieux d’interdire la chicha pour préserver la santé des jeunes.
Le maire Adama Berthé pourra-t-il relever le défi ? Rien n’est moins sûr.
Aboubacar DIAKO (stagiaire)
Source: Azalaï-Express