Depuis l’annonce de la cession de l’Institut National des Arts, par Mme Kadiatou Konaré alors ministre de la Culture, de l’Artisanat et du Tourisme, au cours de la session extraordinaire, du Conseil national de la transition (CNT), le 11 mars dernier, cette question attire toutes les attentions. Lors de son interpellation par les membres du CNT, le ministre Guindo a expliqué la nécessité de la délocalisation du de l’INA. N’ayant pas pu convaincre ses interlocuteurs à travers ces explications, le ministre a invité les membres du CNT à une visite de terrain à l’INA. Ce qui a été fait hier. Sur le lieu, le constat était plus qu’amer. Les difficultés décriées par les élèves étaient bien visibles, pour ne pas dire qu’elles crèvent l’œil. De tas d’ordures partout, la cour qui sert de parking pour les engins des particuliers, la galerie d’art de l’institut transformé en kiosques loués aux commerçants, les fenêtres de toutes les salles de classes entièrement condamnées par les kiosques des marchands, les salles envahies par les bruits et odeurs du marché, les toilettes malpropres à cause de l’usage extérieur etc. Des situations qui ont donné naissance à un environnement non conforme pour celui qui s’attend à un enseignement de qualité pour les enfants.
D’ailleurs, c’est cette situation qui justifiait, en son temps, le fameux projet de délocalisation de l’Institut National des Arts. Mais considérant son rôle dans la formation de la plupart des vitrines maliennes, les amoureux de l’art et de la culture ont estimé que sa délocalisation est une atteinte grave au patrimoine culturel du Mali.
« Oui, l’INA a été cédée au grand dam de tous les amoureux des arts et de la culture », avait lamentablement confirmé Kadiatou Konaré, ministre de la Culture, de l’Artisanat et du Tourisme à l’époque en réponse aux précisions réclamées par les membres du CNT à savoir : « comment peut-on vendre cet institut qui a vu beaucoup d’artistes passés, des gens qui ont fait le bonheur du peuple malien et qui ont fait rayonner le nom du Mali au-delà de l’Afrique ? ».
Mais dans sa quête de site pour accueillir la nouvelle école, le ministre l’Artisanat, de la Culture et de l’Industrie hôtelière et du Tourisme M Andogoly Guindo avait bien souligné que son département a « sollicité et obtenu du ministère des Domaines, la mise à disposition d’une parcelle de 3 hectares dans la zone aéroportuaire ». Mais le problème imputable à cette option était que la convention de réalisation de ce projet d’infrastructure a été signée, selon certaines sources, entre le ministère de la Culture de l’époque et un particulier qui pourrait garder le titre foncier de l’Ina actuel en contrepartie de ses réalisations. Pour beaucoup d’observateurs de la culture malienne, l’édifice architectural de INA est dans une zone commerciale à emplacement attractif, c’est pourquoi, selon eux, des hommes d’affaire, en complicité avec des agents de l’État, ont réussi à mettre la main sur ce qu’ils considèrent comme « patrimoine inaliénable ».
Les membres du CNT ont aussi constaté, eux-mêmes, les difficultés soulignées par le ministre.
De nos jours, deux solutions s’imposent aux autorités. Pour que les élèves puissent étudier, il faut déguerpir les occupations anarchiques. L’autre option, c’est la délocalisation de l’INA dans la zone aéroportuaire où les élèves peuvent apprendre calmement.
Issa Djiguiba
Source: Le Pays- Mali