Le Collectif d’Associations musulmanes du Mali demande l’application de la peine de mort. Le regroupement a organisé, ce samedi 26 janvier 2019, un meeting au palais de la culture suite à l’assassinat de l’Imam Abdoul Aziz Yattabaré, secrétaire général du Haut Conseil Islamique du Mali (HCI). Si pour ces fidèles musulmans, l’application de la peine de mort est la seule solution pour mettre fin à l’insécurité et aux assassinats ciblés, les défenseurs des droits de l’homme affirment qu’elle n’est pas la solution et soutiennent son abolition.
Dans la salle Bazouma Sissoko du Palais de la Culture remplie de centaines de fidèles musulmans, on pouvait lire sur les banderoles en français aussi bien qu’en Arabe « Allahou Akbar »,« Imam Yattabaré tes sacrifices ne seront pas vains », « Non aux violations des lois coraniques » ou encore «Non à l’abolition de la peine de mort», «Non au moratoire sur la peine de mort» « oui à la peine de mort au Mali ». Au cours du meeting certains membres du Haut Conseil Islamique, initiateur de la rencontre ont appelé à l’application stricte de la peine de mort au Mali. Selon Mohamed Kimbiri, président du collectif, seule la peine de mort pourra mettre fin aux assassinats ciblés qu’a connu la capitale, ces dernières semaines. Ce leader d’une association musulmane précise que « la peine de mort existe bel et bien dans nos textes, mais pour empêcher son application, le gouvernement a pris un moratoire renouvelable chaque 5 ans ». Il souligne également que c’est « une manière déguisée d’abolir la peine de mort ».
Au fond de la salle d’autres membres du collectif essaient avec quelques arguments de justifier la nécessité, selon eux, de l’application de la peine de mort. Si certains d’entre eux justifient leur ras-le-bol par l’incompétence de la justice, d’autres en revanche pointent du doigt ce qu’ils qualifient de « deux poids deux mesures » et la corruption de la justice. « De la mort de l’Imam Yattabare en passant par la séquestration du coordinateur de l’ONG-Alfarouk, Ibrahim Kantao, les enquêtes traînent toujours et voilà pourquoi, nous ne faisons plus confiance à la justice malienne » insiste Mohamed Kébé, un autre membre du collectif. « Nous nous méfions de la justice car elle est corrompue. Quand on prend un assassin, on le met en prison, on le donne à manger et quelques jours après on le retrouve dehors libre et cela malgré la gravité de son acte » dénonce-t-il.
Pourtant, pour les associations de défense des droits de l’homme, l’application de la peine de mort n’est pas la solution. Le président de la CNDH, Commission Nationale des Droits de l’Homme estime qu‘« Il faut plutôt une justice qui fait bien son travail ». Selon Malick Coulibaly « Le Sénégal, le Burkina ou encore la Guinée ont tous aboli la peine de mort et nous ne sommes pas plus confrontés à l’insécurité que ces pays ». C’est pourquoi il admet que ce qu’il faut c’est « une justice implacable avec aucun sentiment d’impunité envers ceux qui sont en infraction ».
Après cette rencontre, l’association prévoit l’organisation très prochainement d’une grande manifestation au cours de laquelle tous les fidèles seront vêtus en gilets jaunes.