Depuis deux semaines au moins, 110 personnes sont toujours retenues en otage au centre du pays (Bankass) par de présumés jihadistes. La semaine dernière, les habitants de la ville ont érigé un blocus pour montrer leur colère face à la dégradation de la situation à Bandiagara, Bankass et leurs environnants. Comment expliquer cette recrudescence de la situation sécuritaire au centre du pays ?
Au centre tout comme au nord du pays, la situation sécuritaire ne cesse de se dégrader ravivant ainsi les inquiétudes des populations.
Aujourd’hui beaucoup de zones du pays sont sous blocus jihadiste comme Douentza-Boni qui relie la ville de Gao. A Tessit, dans le cercle d’Ansongo, la localité est toujours sous blocus imposé par des groupes terroristes.
Cette situation impacte négativement la vie des populations de ces villages qui sont confrontées à un problème de ravitaillement en vivres et en denrées de première nécessité. Ces blocus ont fait hausser les prix de denrées alimentaires de première nécessité. Au-delà des blocus imposés çà et là, des analystes sécuritaires estiment que Bandiagara, Bankass et Koro (Centre du pays) sont devenus des foyers de l’insécurité grandissante.
Les kidnappings sont monnaie courante. Depuis deux semaines, plus de 110 civils sont retenus en otage par des jihadistes présumés dans le Centre du pays. Ils ont été arrêtés le 16 avril, à bord de trois bus, par des hommes qui ont contraint les véhicules et leurs passagers à prendre la direction d’une forêt entre les localités de Bandiagara et de Bankass. Cette prise d’otage massive a entraîné des manifestations et le blocage par des habitants de plusieurs tronçons de la RN 15, la route sur laquelle les véhicules ont été détournés.
Si pour l’heure il n’y a aucune nouvelle de 110 civils enlevés, la population de Bankass est vent debout contre les autorités administratives et militaires. Jeudi dernier, ils ont érigé un blocus pour dénoncer l’insécurité et exiger une réaction rapide et efficace de la part des autorités pour juguler l’insécurité dans toute la région.
“A longueur de journée, on nous nous rabâche les oreilles faisant croire que l’armée malienne monte en puissance avec des équipements de pointe de dernière génération (drones, aéronefs…) Mais la situation sécuritaire reste récurrente au centre notamment à Bandiagara, Bankass et Koro. Si cette montée en puissance est réellement vraie, les drones de l’armée malienne auraient pu intercepter les présumés jihadistes qui ont enlevé la centaine de civils qui voyageaient à bord de trois bus de transport en commun. Avec cette prise d’otage, il est clair que Bandiagara, Bankass et Koro sont devenus le nouvel eldorado pour les terroristes”, tempête Abdoulaye Ouologuem, un ressortissant de Bankass à Bamako.
Dans cette prise d’otage, l’armée malienne n’a pas fait le moindre communiqué sur ses pages officielles pour informer l’opinion sur ce kidnapping.
Il faut rappeler que ce n’est pas la première fois qu’une telle prise d’otages se déroule à Bankass. En novembre dernier, des forains venant de Bankass avaient été kidnappés entre Bandiagara et Bankass et emportés en brousse par de présumés terroristes.
Ousmane Mahamane