Quelle est cette année où des corporations de travailleurs d’État ne vont pas en grève pour demander l’amélioration de leurs conditions de travail et de vie. Nul ne veut se contenter du salaire qu’il perçoit à la fin de chaque mois, or on ne part au travail qu’à 9 heures au lieu de 7h 30 comme le prévoit le code du travail. En menant ces luttes acharnées pour nos droits, on oublie les bonnes (servantes) que nous avons engagées pour prendre soin de nos familles. Leur situation constitue une injustice.
Au Mali, les bonnes ou encore aide-ménagères sont les premières à se réveiller pour se mettre au travail et les dernières à se coucher. Or, elles ne sont pas traitées à la hauteur du service rendu. Elles subissent toutes sortes de traitements dégradants. Leur salaire mensuel est de l’ordre de 10 000 FCFA, parfois moins.
Être servante au Mali, c’est vivre dans la misère. En plus du traitement dégradant et du bas niveau du salaire qui n’atteint pas le SMIG, elles subissent toutes formes d’humiliations. Tout dégât commis dans l’exercice de leur fonction, elles doivent le réparer car c’est retenu sur leur salaire. Une domestique se nourrit du reste de la nourriture, après que toute la famille ait mangé. En outre, elles sont, pour plupart, battues.
Le service domestique constitue la nouvelle forme d’esclavage. Le même rapport que Karl Marx trouvait entre les prolétaires et les bourgeois peut être hissé entre le patron et ses domestiques. Plus ces dernières travaillent, plus elles deviennent misérables. Car la somme qu’une bonne perçoit par mois lui permet uniquement de survivre. À ce titre, elle restera dans la dépendance de son patron. C’est dans cette mesure que nous constatons le retour cyclique de ces jeunes filles dans les grandes villes pour y chercher du travail et y passer la saison sèche.
Tous les travailleurs ont droit à une amélioration des conditions de vie et de travail. Les servantes sont une catégorie de travailleurs. A ce titre, elles ne doivent pas recevoir des traitements déshonorants. Les lois sont claires dans leurs principes, mais c’est l’application qui fait défaut. Cela relève du fait que ces lois sont ignorées.
Le gouvernement du Mali doit trouver des moyens pour que chaque citoyen, lettré ou illettré, arrive à se munir du contenu du Code du travail. En effet, beaucoup de droits des travailleurs de toute corporation sont définis. En ce qui concerne les heures de travail, il est fait mention du travail de nuit qui constitue tout travail effectué entre 21 heures et 5 heures du matin. Dans l’article L. 131 du code de travail de septembre 1992, le nombre d’heures hebdomadaires est fixé ainsi : « Dans tous les établissements visés à l’article L.3, la durée légale du travail ne peut, en principe, excéder 40 heures par semaine. »
En cas de prolongation de ce nombre d’heures, il y a eu lieu de faire une augmentation sur le salaire du travailleur. Le repos hebdomadaire constitue un droit, les jours fériés de même. « Le repos hebdomadaire est obligatoire. Il est de vingt-quatre heures consécutives. Il a lieu, en principe, le dimanche. Il ne peut, en aucun cas, être remplacé par une indemnité compensatrice », lit-on dans le Code du travail du travail dans son article L. 142.
Si nous tenons à faire travailler nos bonnes sans repos et jours fériés, il y a lieu de mieux les payer. Les lois doivent être mieux appliquées pour mettre fin à l’exploitation des servantes. En plus, il convient d’éveiller la conscience de ces travailleurs afin qu’ils prennent conscience de l’importance du syndicalisme. Une fois ces conditions remplies, leur misère pourrait diminuer.
Fousseni Togola
Source: Le Pays