De retour de Washington où il avait pris part aux Assemblées annuelles de printemps du FMI et de la Banque mondiale, le ministre de l’Économie et des Fnances a effectué une visite de travail à Paris du 24 au 27 avril dernier. Dans la capitale française, Dr Boubou Cissé a participé à la Conférence internationale contre le financement du terrorisme, avant de rencontrer Delphine Gény-Stephann, secrétaire d’État auprès du ministre français de l’Économie et des Finances et d’intervenir à l’Assemblée nationale française lors de la 3ème Conférence internationale sur la Croissance partagée avec l’Afrique.
Organisée par l’ONG internationale Croissance PEACE (Partagée entre Afrique Chine et Europe), cette rencontre avait pour thème «Industrialiser l’Afrique». Invité par les responsables de cette organisation créée en 2012 par Ludovic Emanuely dans le but d’établir une relation «gagnant-gagnant» entre l’Afrique, l’Orient et l’Occident, le ministre Cissé a partagé avec l’assistance sa vision en la matière. «L’industrialisation, qui se traduit concrètement en création d’industries, est le fait d’initiatives des entrepreneurs. Et sur ce plan il ne faut pas se leurrer, il n’y aura pas d’industrialisation viable qui n’est pas basée sur l’entreprenariat local», a-t-il développé d’entrée de jeu. Pour ce faire, l’Afrique doit, selon lui, bâtir un tissu industriel local dynamique capable de conquérir le monde, en disposant d’une classe d’entrepreneurs outillés à cet effet.
«L’exemple de pays qui ont réussi leur décollage industriel indique que ces pays ont déterminé les secteurs dans lesquels ils voulaient investir et développer un véritable avantage compétitif», a illustré le ministre de l’Economie et des Finances. Car, ceux-ci se sont basés sur un des opérateurs qui ont investi dans la durée pour asseoir les bases leur permettant de conquérir le monde.
En la matière, le patron de l’hôtel des finances a cité l’exemple du Sud-Coréen Samsung qui est, selon lui, à la pointe dans son secteur d’activité. «Il n’y a rien qui empêche un pays africain d’emprunter la même démarche», a laissé entendre Dr Cissé.
La bonne coopération état-entreprises constitue une des clés de réussite de l’industrialisation. Les exemples des pays asiatiques, de la France sont, selon le ministre, illustratifs dans la mesure où dans ces pays «les entreprises évoluent dans les secteurs que l’Etat a décidé d’impulser, travaillant en tandem pour définir les axes de recherche et d’innovation et les modalités de la collaboration universités/entreprises». Pour y arriver, nos gouvernements devront intégrer cette donne dans la recherche de solution pour une industrialisation solide. «Le reste du monde protège son industrie et ses secteurs prioritaires, l’Afrique doit en faire autant. Mais il faut que ce soit une protection efficace, à l’instar de celle qui a été appliquée en Corée du Sud où les entreprises recevaient des incitations si elles atteignaient un certain volume d’exportations», a interpellé Dr Boubou Cissé.
Estimant, à cet effet, que le gouvernement Macron l’a bien compris. Puisqu’il cherche à développer un système de financement des startups de façon que les créateurs d’entreprise dans les secteurs de pointe ne soient pas motivés dès le départ par l’idée de se faire racheter par une grosse multinationale qui va ensuite les délocaliser, les absorber ou les tuer parce qu’ils représentent un concurrent potentiellement dangereux, a-t-il argumenté. «La décision récente d’allouer un budget important pour le développement de l’intelligence artificielle participe de cette logique», expliqué le ministre Cissé.
Dr Boubou Cissé a, par ailleurs invité à intégrer les opportunités offertes par les TIC. «Si jadis la force d’un pays reposait sur son industrie, l’arrivée de l’économie numérique a bouleversé la donne, reléguant au second rang l’industrie au même titre que l’industrie avait relégué l’agriculture au second rang. Ce qui est donc important pour un pays, c’est d’exploiter un avantage compétitif (c’est-à-dire, basé sur le savoir et le savoir-faire qui sont en constante évolution) en lieu et place de l’avantage comparatif basé sur les ressources naturelles et la géographie, concept qui était prédominant jusqu’à l’irruption des technologies de l’information», a soutenu l’expert en économie.
En guise de reconnaissance et pour avoir reçu pour la première fois un ministre en activité lors d’une conférence Croissance Peace et pour la qualité de sa participation, Ludovic Emanuely, président de l’ONG Croissance Peace a remis le trophée du «Prix Grand prix Croissance Peace» au ministre de l’Economie et des Finances. Par la suite, le député français Guillaume Gouffier-Cha a remis au Dr Boubou Cissé, la médaille de l’Assemblée nationale française.
Source CC/MEF