Si à l’apparition des premiers cas avérés de COVID-19 dans notre pays beaucoup avaient cru qu’on allait enfin surseoir aux élections pour préserver la vie des Maliens, c’était vraiment mal connaitre le régime en place qui, il faut oser le dire, n’a que faire des préoccupations les plus essentielles du peuple malien.
Le conflit au nord propagé dans le centre du Mali avec son cortège de morts tant civils que militaires et son lot de désolation, de famine et de précarité pour les populations déplacées ; la crise de l’École qui s’enlise depuis bientôt trois ans avec des années scolaires tronquées pour de millions d’enfants pauvres des écoles publiques; la précarité économique pour la plus grande majorité des Maliens… sont bien là pour l’attester !
Et quand le COVID-19 s’est signalé à nos portes, beaucoup étaient aussi ceux qui avaient cru, surtout avec la convocation du Conseil supérieur de la Défense nationale, que ceux qui nous gouvernent allaient faire preuve d’humanité en usant de tous moyens, nous disons bien tous les moyens, pour que les Maliens soient préservés contre le coronavirus…
Les mesures issues de ce conseil furent si inconséquentes qu’on s’est permis de les violer en autorisant l’atterrissage de près d’une vingtaine d’avions à l’Aéroport de Sénou, tous remplis de gens venant des pays-foyers de la maladie à coronavirus, avec comme seule mesure sécuritaire en termes de prévention, la simple prise de température des passagers. Ceux parmi eux qui présentaient de la fièvre ont été retenus pour quelques heures, le temps de tester les prélèvements effectués sur eux, avant d’être autorisés à rentrer chez eux sans aucune autre forme de procès. Si bien que le protocole de prévention contre le coronavirus voudrait qu’ils soient tous mis en quarantaine au moins quatorze (14) jours avant d’être libérés !
Toujours suivant les mesures du Conseil supérieur de la Défense nationale (CSDN), on procédera à la fermeture des commerces, des bars et restaurant, à l’interdiction des regroupements de plus de cinquante (50) personnes… mais en maintenant toujours la tenue des élections ! Un premier couac qui prouve que la santé des Maliens est bien le dernier souci de nos gouvernants.
La confirmation des deux (02) premiers avérés donna ensuite l’occasion au président de la République de s’adresser à la nation. Là également, la désillusion fut grande, car on s’attendait certes à voir le président prendre des décisions fortes comme l’instauration d’un couvre-feu et d’un état d’urgence sanitaire, mais le commun des maliens pensait également que c’était pour surseoir aux élections législatives.
Mais contre toute attente, les élections sont maintenues, malgré les risques de propagation du coronavirus dans notre pays qui, depuis, se retrouve à près d’une cinquantaine de cas confirmés, et plus de cinq (05) morts au tableau. Si ce rythme doit être soutenu, on dépassera à coup sûr nombre de pays voisins en termes de contamination.
Comme conséquences, les élections législatives du dimanche 29 mars dernier nous ont ouverte grande la porte pour commencer à recenser nos cas et à compter nos morts… Comme quoi, quand la politique nous tient, point de place pour l’humanité !
Le fait que ces élections se soient tenues alors que l’honorable Soumaïla Cissé, figure emblématique de la scène politique nationale et chef de file de l’opposition, et six (06) membres de son équipe de campagne étaient entre les mains des inconnus, et cela avec la caution de la classe politique, y compris son propre parti, l’Union pour la République et la démocratie (URD), en est l’illustration la plus parfaite ! Mais comme l’a dit l’autre, autant le COVID-19 ne choisit pas ses cibles, autant nous sommes tous mortels… Ce monde est si éphémère ! Que Dieu sauve le Mali et les Maliens ! Oui la protection des Maliens viendra de Dieu, pas de ces dirigeants pour qui nos vies sont si insignifiantes !
Karamoko SIDIBÉ
Source : Le Journal L’Express De Bamako