Il n’est un secret pour personne, le système sanitaire malien est l’un des plus mauvais de la sous-région. Entre hôpitaux publics et cliniques privées, les patients maliens, souvent perçus comme des « sacs a sous », sont laissés à leurs propres sorts. Les hôpitaux qui ont pour but de guérir les malades sont très souvent la cause de la dégradation de leur état voir de leur décès.
C’est le cas d’une patiente, qui a malheureusement été victime de l’incompétence avérée de notre système de santé qui est une mafia plus qu’autre chose. Madame ST, une dame âgée d’une soixante d’années a été admise à l’hôpital du Mali pour problèmes respiratoires. Amenée aux urgences le 1er Juin dernier, la patiente a été prise en charge et détectée diabétique et positive au covid 19 après un scanner pulmonaire . Aussitôt ST a été admise à la section covid 19 de l’Hôpital. Au quatrième jour de son hospitalisation, soit le vendredi 04 Juin , c’est avec grand étonnement que la famille a été approchée par Docteur S. Selon ce dernier « Madame ST a été testée négative au Covid et elle n’est pas non plus diabétique », puis d’inviter les proches à se rendre dans sa clinique privée dès le lundi. Surpris de cette annonce, les proches de ST n’ont pas compris pourquoi trois jours durant des ordonnances étaient prescrites à hauteur souvent de 50 000 francs CFA par jour pour une patiente qu’ils disent au final « ne pas être atteinte de Covid 19 » d’autant plus qu’à son admission un médecin avait bien précisé que la prise en charge était totalement assurée. L’autre élément qui intriguait la famille était la détérioration flagrante de la santé de ST. En effet, ST qui était arrivée avec des difficultés respiratoires a été libérée de l’hôpital pouvant à peine marcher.
Malgré tout , les médecins, ont rassuré la famille de l’amélioration prochaine de sa situation. ST a par la suite été conduite à son domicile avec une prescription de médicaments à prendre. C’est alors que commençait son calvaire. Une semaine durant, ST qui avait été déclarée guérie par l’hôpital après seulement quatre jours d’hospitalisation a vu sa situation se dégrader. Ne voyant pas d’amélioration et alors qu’elle sombrait petit à petit dans l’inconscience totale, la famille de ST l’a aussitôt transportée d’urgence à l’hôpital du Mali le jeudi 10 Juin. Admise à la réanimation ST succombera des suites de sa maladie sans que la famille ne sache pour le moment ce qu’elle avait réellement.
INCOHERENCE ET NON RESPECT DE LA REGLEMENTATION
Suite au décès de ST, un certificat de décès a été fourmis à la famille ainsi qu’un numéro pour que les proches puissent accéder au corps désormais à la morgue de l’Hôpital . Apres une telle annonce il va de soi que la famille soit bouleversée, mais ils n’étaient pas au bout de leurs peines. En effet, dans le certificat qui a été fourni, il est mentionné que la patiente ST est décédée « des suite d’un ACR (arrêt cardio-respiratoire) » alors qu’elle avait été admise au service « covid virus » . Ne comprenant pas cela quelques membres de la famille se sont rendus à la direction administrative du pavillon Covid 19. Selon le personnel interrogé, la patiente était bien atteinte du Covid 19 . Mais à la demande de la famille à savoir pourquoi la défunte avait été libérée une semaine plus tôt car ayant été découverte négative au virus, le personnel n’a su donner de réponse. Quant au lavage mortuaire du corps qui devait être entièrement pris en charge par l’hôpital, l’administration a indiqué à la famille que « le corps a été désinfecté vous pouvez le laver, il n’y a pas de risque ». C’est après de longues minutes de protestations et voyant que certains membres de la famille sont bien imprégnés de la règlementation qu’il a été indiqué qu’Un service d’hygiène est à leur disposition à la Morgue. Se rendant à la morgue la famille s’est vu annoncée par le gardien qu’il n’y a malheureusement personne pour cette prise en charge. C’est alors que de retour à l’administration ils ont été informés que la dame en question était en route pour l’Hôpital.
Chose étrange car selon la réglementation en vigueur, tout patient décédé des suites du Covid 19 est automatiquement pris en charge par une équipe sanitaire qui s’occupe de désinfecter le corps puis de le mettre dans un sac mortuaire afin d’éviter toute contamination. Le défunt n’est en aucun approché par la famille pour éviter tout risque de contamination. Ce qui n’a pas été faite pour la défunte ST .
Aujourd’hui, la famille de ST qui l’a vu dans l’agonie une semaine durant veut porter plainte contre l’hôpital documents à l’appui. Des questions demeurent et le ministère de la santé est fortement interpellé. Comment se fait-il que des patients atteints de covid 19 puissent être libérés mourant et déclarés après seulement trois jours « guéris » ? Comment se fait-il que durant toute la période d’hospitalisation la famille a dû payer des médicaments prescrits par des médecins alors que la prise en charge est entièrement gratuite ? Comment se fait-il que l’hôpital expose sciemment d’autres personnes à la maladie ce du début à la fin ? Le directeur général de l’hôpital n’est-il pas informé des agissements qui se trament au sein de son établissement ? Combien de patients se sont vu dépouillés et laissés pour morts de la sorte ?
Il est plus que temps que les nouvelles autorités agissent pour la survie des populations. Il est inadmissible encore aujourd’hui que des hôpitaux tel que l’hôpital du Mali ou sont admis des centaines de patients atteints de covid 19 soient traites de la sorte ; il est temps que cela cesse.
DEMBA KONTE – NOUVEL HORIZON