BAMAKO, le 20 juin 2019 – ATTARAM – Comme un couperet la nouvelle du décès de Issa Idrissa MAÏGA est tombée en début de journée de ce jeudi 20 juin.
A l’image de la personnalité et du vécu de l’illustre disparu, elle s’est vite propagée comme une traînée de poudre et amplifiée par les réseaux sociaux.
On le savait malade depuis un certain temps et en combattant on pensait qu’il allait toujours résister.
Mais hélas! Ce combat contre la mort, personne ne peut le gagner.
« Toute âme goûtera la mort…. Et la vie présente n’est qu’un objet de jouissance trompeuse. »[Surah Āl ‘Imrān ayah 185]
Issa Idrissa Maiga fut communicateur né dans l’âme.
Au début des années 90, avec ABDOU GODIE, ils furent l’unique canal d’informations des populations de Gao en tous genres. Sur sa mobylette, il sillonnait les rues et ruelles de Gao avec un mégaphone à la main pour délivrer des messages, des avis, annonces…
Sur le même registre,il inventa la publicité ambulante sur mobylette avec tout le zèle et sérieux qui le caractérisait.
A l’époque, il aimait craquer la vie à pleines dents et accordait un soin à sa tenue vestimentaire.
Avec sa démarche de faux nonchalant, on lui attribua le surmon de Granda…
Ma relation avec Issa Idrissa MAIGA, remonte au début des années 1990 où, tout jeune enseignant, il nous donna quelques semaines de cours d’anglais à l’école Dioulabougou Publique.
Mais, c’est surtout avec l’avènement de la radio Naata, la toute première radio libre de Gao début des années 1991-92, que nos relations se sont vraiment scellées.
Ayant eu la chance, d’être parmi les premiers animateurs de cette radio, il m’a approché pour co animer, une des émissions phares de la radio de cette époque: « Choc Stars »!
Une émission musicale qui avait lieu tous les dimanches de 16h à 17 heures.
Avec des sujets variés, de l’information sur la vie des artistes et un classement … CHOC STARS, était le rendez-vous incontournable des mélomanes de l’époque. Comme on le disait dans le jargon, « ça cartonnait fort »!
Avec un timbre vocal particulier et une voix nasillarde, le tandem Issa Idrissa et « Messager Invisible » – surnom qu’on m’attribuait à l’époque – formaient un duo de choc sur les ondes…
Cela a continué jusqu’en 1996 avec l’avènement de la deuxième radio libre de Gao, HANNA. Il a vite intégré l’équipe puis la direction de cette radio jusqu’à sa mort…
Il fut tour à tour, animateur, présentateur du journal en plus de sa fonction de directeur.
Issa Idrissa a eu une vie courte et très riche en même temps.
En plus de Gao, il a ouvert une radio à Ansongo et promoteur de la radio Ndongo à Gao.
D’un commerce agréable, il était toujours présent aux grands rendez-vous de Gao pour Gao.
Et c’est d’ailleurs ce qui lui a valu la confiance de ses pairs pour présider la coordination régionale de l’Union des Radios et télévision libres du Mali URTEL dont il était à la deuxième année de son second mandat.
Après feu Boncana Abdoulaye MAÏGA, premier directeur de la radio Naata et premier Coordinateur de l’Urtel pour les radios du Nord, il fut le responsable qui a donné à cette faîtière au niveau régional ses lettres de noblesse. Comme l’illustre à merveille le siège qu’il a aménagé à cet effet.
Issa Idrissa MAIGA, fut aussi un résistant.
Aux heures sombres de l’occupation jihadiste à Gao, comme bon nombre de ses confrères et compatriotes, il a tenu à rester et résister…
Et de cette de résistance, il a pris des coups et des séquelles avec le désormais et funeste Commissaire islamique Aliou Mahamar TOURÉ.
D’un courage exceptionnel, il fut l’un des rares a accepté porter plainte et témoigner lors du procès de Aliou…
Il fut également humble et humain….
Combien de fois, n’a – t – il pas ouvert les portes de ses studios et micros pour parler de GAO et du Mali ?
Même malade, il continuait cette mission avec sacerdoce…
Aujourd’hui sa mort laisse un vide…Pas seulement pour ses quatre enfants, sa femme et sa famille, mais pour TOUT GAO.
Car Gao était tout pour Issa et Tout de Gao était Issa Idrissa MAIGA.
Dors en paix cher grand frère. Puisse Allah Soubahna t’Allah te pardonner pour tes erreurs et t’accorder Aljanna Firdouas.
Ton ancien élève, frère et confrère
Almahady Moustapha cisse