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Il y a 18 ans : Les prophéties de Moussa Traoré

«Si l’expérience démocratique et de développement socio-économique échouait, le plus grand perdant serait la jeunesse… Il n’y a pas de crise scolaire. Il y a manque d’autorité de l’Etat et des parents. Ce sont les Mouvements dits démocratiques qui ont appris aux élèves et étudiants à casser, saccager et poser des barricades… C’est un retour de manivelle… Les NTIC doivent être utilisées à bon escient, c’est-à-dire dans le respect de notre valeur culturelle… L’avenir des Maliens ne dépend que d’eux-mêmes. Il suffit qu’ils aient leur leader pour… ».

Les propos sont de l’ancien Président Moussa Traoré depuis Markala, son lieu de détention où l’interview a été réalisée et publiée le 06 mars 2000 à l’occasion du 10ème anniversaire du journal « Aurore » que votre humble serviteur B.S. Diarra a eu l’honneur de représenter en qualité de Rédacteur en chef au moment des faits. Dans l’entretien, il fut question de ATT, d’Alpha Oumar Konaré, de la presse malienne, de l’avenir… Jamais adage du terroir ne fut autant édifiant que celui-ci : « les paroles du vieux sage ressemblent aux fèces de l’hyène. Plus elles vieillissent, plus elles deviennent clairs symbolisant la vérité absolue. La preuve ici ! Pour des motivations historiques, nous publions à nouveau l’article dans les colonnes de « La Sentinelle » que votre Serviteur a aujourd’hui l’honneur de représenter.
Moussa Traoré :
1991 : «la presse privée a été d’une malhonnêteté inacceptable…» 
2000 : «j’avoue qu’elle a été lucide et objective»*

Il existe aujourd’hui au Mali [nous sommes en 2000] deux hommes célèbres : le premier se trouve u sommet de la colline de Koulouba, rayonnant dans toute sa gloire, Alpha Oumar Konaré. Le second est à environ 300 km de Bamako, dans un grand bâtiment à l’abri de tout regard indiscret. Il s’agit de l’ex-président Moussa Traoré.

Nous l’avons rencontré après mille péripéties. Pour la première fois, il a accepté parler de tout : politique, économie, sport, sciences, société… L’homme s’est dévoilé.
Le couple [Traoré] ne s’est aucunement gêné en notre présence. Nous avions vu une vie de foyer presque «normal». Le seul détail anormal pour une société comme la nôtre, est que la grande bâtisse qu’il (le couple) occupe n’a pas d’autres occupants et qu’à quelques mètres à l’extérieur, une unité de gendarmes monte constamment la garde. C’est tout.
A l’intérieur, Madame Traoré s’occupe de sa cuisine pendant que Monsieur, un vieux retraité, s’adonne tranquillement à la lecture de traités dut la théologie.
Dans la cour, point de marmots piailleurs ou de tout autre membre de la famille comme il est de coutume dans nos sociétés. Le calme est ici oppressant.
Le bâtiment qui n’est pas en vérité une villa, est cependant spacieux et entouré de grands murs. De longs fils barbelés montrent que c’est en vérité une prison peu ordinaire.
C’est un couple décontracté et même quelques fois optimiste que nous avions rencontré. Nous demandâmes par simple curiosité les raisons de cette joie de vivre malgré « tout ». Pour toute réponse, Moussa Traoré lançât : « vous ne croyez pas en Dieu ?».
Naturellement, il était inutile d’insister. Cet homme n’a pas changé depuis le dernier procès [Crimes économiques]. Il nous aurait bien entrainés sur le terrain religieux sur lequel il excelle profondément et Dieu sait quand est-ce que nous en finirons. Nous avions besoins temps. Lui en a tellement ! Il comprit cependant notre attitude réservée sur la question.
La première question que nous lui adressâmes fut la même envoyée à tous ceux qui ont bien voulu nous livrer leur témoignage…

Aurore : C’est curieusement sous votre régime qu’est apparue la liberté de la presse au Mali, une presse qui serait cependant à l’origine profonde des événements de Mars 1991. Accepteriez-vous apporter votre témoignage sur le rôle joué par l’un de ses organes de presse, à savoir «Aurore» ?

Moussa Traoré : Je le ferai ! La liberté de la presse était règlementée dans notre pays par un arrêté du Gouverneur Général de Dakar, avant l’indépendance. Cette règlementation, favorisait naturellement le régime colonial. Elle fut maintenue sous la première République sous le régime de l’US-RDA. A notre arrivé, nous avions modifié cet arrêté par un décret portant création de la presse privée dans notre pays. C’est ainsi que sont nés les premiers journaux, «les Echos», «Aurore», «La Roue». Cela a facilité la mise en place des radios communautaires… Un responsable de l’audiovisuel en France, Hervé Bourges qui était venu plusieurs fois au Mali et qui avait visité plusieurs pays africains disait ceci : « l’usage que font les presses privées en Afrique est un usage dangereux. Ce ne se passe pas comme çà en Occident où il existe depuis fort longtemps la liberté de la presse».
En 1991, la presse privée a été d’une malhonnêteté inacceptable, surtout «Les Echos», «Aurore» et «La Roue»… La presse malienne n’a pas été honnête. Elle n’a pas été à la hauteur de l’information. Je me souviens qu’un matin, un de mes conseillers à la communication, après avoir fini la revue de la presse, a voulu interpeller les responsables de «La Roue», «les Echos» et «Aurore». Naturellement, je n’ai pas accepté.
La presse a incité les populations en disant que les responsables de l’Union Démocratique du Peuple Malien se sont enrichis. La presse privée était visiblement manipulée.
J’avais cru, avec la naissance de cette presse, que le peuple serait informé, qu’elle distillera de la bonne information avec toute la vérité. C’est dommage pour la liberté de la presse.
Après la guerre du Golfe en 1991, les Journalistes de l’Occident ont avoué eux-mêmes qu’ils étaient manipulés. J’ai alors fait un rapprochement avec ce qu’ils ont dit et ce qui s’est passé dans notre pays. J’ai compris que la presse malienne n’a fait que singer l’Occident. J’ai une idée de notre pays et de notre peuple. C’est un peuple de culture, de courage de franchise et d’honnêteté. J’ai le regret de dire aujourd’hui que la presse privée malienne n’a pas été à la hauteur. Elle n’a pas respecté les valeurs de notre culture. Elle n’a fait que suivre l’Occident.

M. Traoré, avec le recul du temps en l’occurrence, votre jugement est-il toujours d’actualité ?

C’est à moi que posez cette question ? C’est vous-même qui devriez le savoir !

Au-delà de la presse privée, quelle appréciation faites-vous des rapports nouvelles technologies de l’Information et de la Communication – Démocratie et Développement ?

Je pense ne pas me tromper sur les vertus des medias sur le Développement et la démocratie, la vraie. Les NTIC utilisées à bon escient, c’est-à-dire dans le respect de notre valeur culturelle permettront bien de choses.

(La partie de l’interview qui suit se fera en présence de l’épouse Mariam Traoré)

Aurore : Êtes-vous satisfaits de votre condition de détention ?

J’ai désormais décidé de ne plus jamais adresser de demande ou de requête à un mortel pour améliorer mes conditions. Alpha Oumar Konaré a envoyé une délégation pour demander si nous voulions que notre condition de détention soit améliorée. Je leur ai dit ce verset du Saint Coran. Les propos sont de Youssouf quand ses frères l’ont jeté dans un puit pour se débarrasser de lui : « je ne me plains qu’Allah sur mon chagrin et mon échec… ».

Madame Traoré : Pardon ! Ce n’est pas Youssouf. Tu te trompes, c’est Yacouba, le père de Youssouf…

Moussa Traoré : Ah Oui, très juste ! C’est bien Yacouba qui a parlé ainsi. Moi aussi, je ne plains qu’Allah, pas à un mortel !

Aurore : Lors des deux procès, il semble que vous aviez un message à faire passer. Etes-vous sûrs aujourd’hui d’être entendus ?

Si le régime ADEMA avait le procès dans les mêmes conditions que le premier, après ma dépositions, l’Adema allait disparaître de notre pays… J’avoue ici que la presse privée a été lucide et objective. Je me souviens avoir lu les commentaires de la presse privée à l’époque.

C’est alors que l’idée que vous vous faites de cette presse est désormais à revoir ?
Il faut reconnaître que nos valeurs de civilisations ont commencé à ré-émerger parce qu’il y a eu une prise de conscience.

Dans le même ordre d’idées, qu’avez-vous à dire à la jeunesse de notre pays pour ce faire ?

En 1987, avant l’élaboration de la Charte nationale d’orientation de conduite de la vie publique, j’ai rencontré toutes les forces vives de la nation. Je leur ai dit ceci : si l’expérience démocratique et de développement socio-économique échouait, le plus grand perdant serait la jeunesse. Qu’elle médite sur cela.

(Mariam s’était excusée en ces termes : « j’ai une soupe sur le feu ». De ce pas ; elle se rendit à la cuisine, située à quelques mètre de là).

Aurore : On parle, beaucoup aujourd’hui de la décentralisation. Quelle appréciation faites-vous du processus ainsi engagé ?

Moussa Traoré : La décentralisation est aspect de la reforme administrative comme conçue par l’UDPM et qui visait à rendre responsables les populations de leur développement en leur donnant les moyens et d’en acquérir suffisamment. Nous avions commencé cette décentralisation dans les villages et le processus devrait continuer jusqu’au niveau des régions. Nous avions pris deux villages-tests : KANIKO dans le cercle de Koutiala et DOUMANABA dans le cercle de Sikasso. Les preuves sont aujourd’hui là-bas que attestant que la décentralisation était acceptée par les populations.
Après l’étape des villages, nous serions passés à celle des communes rurales, ensuite des arrondissements, les cercles et les régions qui auraient des gouverneurs élus. Il fallait, pour cela, donner les moyens aux populations. Les responsables d’aujourd’hui n’ont donc fait que prendre le train en marche. Ils vont trop vite.

(La question suivante est abordée en présence de Mariam)

Aurore : avez-vous quelque chose à dire à propos de la crise scolaire en cours ?

Moussa Traoré : Il n’y a pas de crise scolaire. Il y a manque d’autorité de l’Etat et des parents. Ce sont les Mouvements dits démocratiques qui ont appris aux élèves et étudiants à casser, saccager et poser des barricades… C’est un retour de manivelle.

Mariam Traoré : A notre époque, nous ne faisons pas de la politique à l’école. Notre mouvement de grève se limitait à apporter un grand désordre dans l’établissement (chaises cassées, lits retournés, etc.) et à rentrer sagement à la maison.
Aurore : Que pensez-vous de la politique actuelle du gouvernement (…) : lutte contre la corruption, la pauvreté, etc.

Moussa Traoré : Ils ont dit qu’ils feront mieux que moi. Alors, je les observe ! Je sais en tout cas qu’en 1969, 71% des Maliens étaient en dessous du seuil de la pauvreté et qu’en 1989, ce chiffre était de 30%, alors j’observe seulement !

L’un des projets qui tient à cœur l’actuel président de la République est l’intégration sous-régionale. Croyez-vous en l’unité africaine ?

L’intégration africaine ne date pas d’aujourd’hui. Le Mali a toujours opté pour cela et de tout temps. C’est en 1969 que les différents regroupements ont été effectifs dans la sous-région. Parmi ces regroupements, on peut citer entre autres, l’Organisation pour la Mise en Valeur du Fleuve Sénégal (l’OMVS), l’Autorité du Fleuve Niger, l’Autorité du Liptago-Gourma, le Comité International de lutte contre la sécheresse dans le Sahel (CILSS), la Communauté des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEAO), la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CDEAO)… Le plus difficile avait déjà été fait. Ne restait donc plus que l’application. Pour répondre à votre question, je dirais oui, je crois en l’Union Africaine.

Dans deux ans [2002], commencera un nouveau processus électoral au Mali. Quelle appréciation faites-vous de cette perspective ?

Là aussi, j’observe. Selon les informations que j’ai reçues, il est dit que les partis politiques de l’opposition ne se laisseraient pas faire. Dieu seul sait comment ça va se passer ! Moi j’observe !

Et la CAN 2002 ?

J’avoue que j’ai du mal à me retrouver avec tout ce qui est en train d’être entrepris dans ce domaine. Le Mali en a-t-il les moyens matériels, et humains ? Je ne sais pas !
Malgré tout, vous avez bien reçu le soutien du peuple pour accomplir bien de choses en certains moments. Vous appeliez cela «le sursaut national » et avec la prise de conscience dont vous avez fait allusion, le miracle n’est-il pas possible ?
J’en conviens ! Les Maliens peuvent faire de grandes choses !

Comment percevez-vous l’avenir ?

L’avenir des Maliens ne dépend que d’eux-mêmes. Moi en tout cas, je me méfierais de la démocratie maliano-socialiste.

Avez des griefs à l’endroit de certaines personnes ?
Tout ce qui est arrivé à notre pays, je l’assume pleinement ! A la date du 26 Mars 1991, quand «ils» sont venus me dire de les suivre, j’étais surpris, mais j’ai compris. Il fallait éviter d’autres effusions de sang. C’est pour cette raison que j’ai accepté de les suivre. A partir de cet instant, je n’ai plus à me plaindre. Je n’en veux à personne !
(Mariam est présente)
Quel message avez-vous à, adresser à ce peuple ?
Je n’ai pas grand-chose à dire pour l’instant. Je ne désespère pas du Mali et du peuple malien. J’ai toujours affirmé que les descendants des Bâtisseurs de grands empires sont capables de grandes choses. Il suffit qu’ils aient leur leader pour réussir leur développement.
Avez-vous une idée de ce leader ? Comment est-il ?
Je ne parle pas forcement d’un chef ou d’un homme ! Ca peut-être une personne ou un groupe de personnes capables de servir de locomotive, de canaliser cette gigantesque énergie. Je souhaiterai seulement bonne chance à cette personne ou ces personnes !
Mariam : Moi, je me contente de faire la cuisine
Aurore : avez-vous peur ?
Moussa Traoré : (Rires) Je n’ai jamais eu peur d’un mortel !
Mariam : j’avoue que moi j’ai peur qu’on nous sèvre de la visite de nos proches et parents. Déjà, quand ils doivent se rendre ici, et même les personnes âgées, ils sont soumis à des fouilles systématiques. Les femmes sont fouillées nues par d’autres femmes, mais c’est très humiliant ! C’est pour cette raison que beaucoup de personnes refusent de venir. J’ai peur uniquement pour les visites.

Interview réalisée par B.S. Diarra

Titre original : « Moussa Traoré se confie à «Aurore» Publiée dans «Aurore» N° 626 du 06/03/2000

Moussa Traoré : « mon cher barman» !

Nous vous disions que le couple Traoré, malgré l’état de détention, n’a rien perdu de son humour. Jugez-en vous-mêmes !
La scène se déroule en présence de Mariam. Moussa Traoré a insisté pour nous servir à boire. Il se leva et amena lui-même une bouteille et moins de verres qu’il y avait de personnes présentes.

Mariam : Il manque un verre ! Et moi alors ? Je ne bois pas ?

Moussa Traoré : Pourquoi ? J’en ai amené suffisamment [de verres] pour tout le monde non ?

Mais non, il en manque un ! Regarde !

Moussa Traoré : Ah oui, je vois ! Ne vous en faîtes pas pour moi ! Je me débrouillerai bien avec la bouteille !

Mariam : Dans ce cas, mille fois merci, chef-barman

Ce que Moussa Traoré pense de ATT
Au cours de nos entretiens, il a été question des relations que Moussa Traoré entretient avec le Général Amadou Toumani Touré.

Avez-vous des griefs personnels à l’endroit de quelqu’un ?
Je n’en veux à personne et je ne me plains pas !

Même de votre tombeur Amadou Toumani Touré ?
(Rires) Regardez juste derrière vous ! (il nous indiqua un arbre du doigt). C’est là qu’était attaché le bélier qu’il m’a envoyé. Pensez-vous que j’aurais accepté ce cadeau si je lui en voulais ? Non, je n’en veux pas à un mortel !

Ce que nous avons vu et entendu
Nous avons pu ramener des souvenirs qui se résument en des anecdotes anodines qui s’avèrent en vérité très instructives sur la nouvelle personnalité de l’homme.
Le Coran, encore le Coran, toujours le Coran !
C’est dévoiler un secret de Polichinelle que d’affirmer que Moussa Traoré a trouvé un refuge sûr dans la, religion musulmane. Nous avons pu apercevoir de nombreux documents du genre (Coran, Hadiths et autres traités sur les récits coraniques

Nostalgique
Moussa Traoré n’a rien perdu de sa fierté militaire. Il adore faire référence à la vie militaire et ne se lasse pas de citer de petites anecdotes de cette partie de sa vie. En voilà une !
– Savez-vous qu’il existe une différence fondamentale entre un pilote de ligne et un pilote de chasse ?
– Non, je l’ignorais. Nous autres civiles pensons qu’un pilote en vaut toujours un autre. Non ?
– Ha ha ha ! Vous vous trompez ! Une fois, nous avons tenté d’adapter un pilote de ligne au pilotage des avions de chasse. Savez-vous ce qui est advenu ?
– Pas un malheur, j’espère !
– Non, fort heureusement, parce qu’il y avait à bord un instructeur ! Notre pilote de chasse s’est évanoui lorsque l’appareil a dépassé le mur du son et…
– Le mur du son ? Quel mur du son ? Qu’est-ce que c’est ?
– Le mur du son, c’est la barrière invisible que constitue le son quand l’appareil dépasse la vitesse d’un peu plus de 1400 mètres par seconde, vitesse initiale du son. Vous avez entendu parler des appareils supersoniques ? Il s’agit de ces appareils qui franchissent cette barrière. Cela provoque de profondes vibrations et les pilotes moins entrainés en subissent les conséquences. Voilà pourquoi les nôtre s’est évanoui. Heureusement que l’Instructeur avait prévu une telle réaction. Il ramena l’appareil à terre sans autres dommages.
– Dites-donc, c’est vrai que les choses peuvent être différentes !
– Oui, c’est cela ! L’apparence trompe toujours !

Des conditions extrêmes et… Un devoir de mémoire
C’est à la fin du mois de Février 2000 que l’interview a été réalisée dans l’enceinte de l’ACMB (Atelier centraux militaires de Markala – Barrage) où était détenu le couple Traoré. Elle a été publiée le 03 mars 2000 à l’occasion du 10ème anniversaire du journal «Aurore».
La prison dorée de Moussa Traoré était étroitement surveillée et son accès révélait des 12 travaux d’Hercule. Le seul permis de visite pris à Bamako ne suffisait pas à un journaliste pour accéder au célèbre détenu surtout qu’une presse étrangère avait fait polémique au sortir de sa visite en annonçant que Moussa Traoré avait traité ATT «d’officier félon». Interrogé par nos soins sur la question, Moussa Traoré assura avoir plutôt dit ceci : «la démocratie malienne doit se méfier des officiers félons». Nulle intention pour nous de polémiquer.
L’incident eu, en tout cas, pour effet de durcir les conditions d’accès des journalistes au détenu. L’idéal était donc de se passer du statut de journaliste afin de parvenir à ses fins. La carte de presse ouvre certes des portes, mais ici, dans ce contexte, elle était susceptible d’en fermer. Bref, le parcours fut rude. Mais le jeu en valait la chandelle. Après tout, seule la fin comptait ! Nous parvînmes ainsi à accéder au couple non sans mal. D’où l’interview qui, avec le recul, prend aujourd’hui toute sa valeur, du moins, le pensons-nous, 18 ans plus tard ! A vous de juger !
B.S. Diarra

 

Source: La Sentinelle

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