Les parents et proches de deux jeunes militaires disparus ont animé le vendredi dernier, à la Maison des jeunes, une conférence de presse. Objectif : informer la presse sur les circonstances de la disparition de leurs enfants et dénoncer le mutisme des autorités qui ne font rien pour les édifier sur leur sort. La conférence était animée principalement par les mamans et d’autres proches des disparus. Il s’agit du caporal Malamine Diarra et Cheick Oumar Diarra, soldat de 1ere classe du Régiment des commandos parachutistes.
Suite à l’affrontement du 30 avril au 1er mai 2012 entre les “bérets verts” et “bérets rouges”, des dizaines de militaires du 33è Régiment Commados parachutistes (RCP) ou bérets rouges ont été tués par l’ex-junte de Kati, auteur du coup de force du 22 mars 2012 contre le général ATT. Plusieurs autres militaires étaient blessés et d’autres déclarés portés disparus.
Suite à la pression de l’ensemble des familles des victimes et des organisations de défense des droits de l’homme, des enquêtes entreprises ont permis de faire la lumière sur les conditions de disparition de certains bérets rouges. Une vingtaine de corps ont été exhumés ça et là, dans des fossés communes, dernière la ville de Kati (Diago) et dans des cimetières.
Après des tests ADN, il s’est avéré que les corps sont bien ceux des bérets rouges dont certains auraient été arrêtés, ligotés et inhumés vifs. Si certaines familles des victimes ont été édifiées sur le sort des siens, d’autres sont toujours sans nouvelles de leurs enfants. C’est le cas des familles du caporal Malamine Diarra et du soldat de 1ere classe du RCP, Cheick O Diarra.
Quatre ans après les évènements du 30 avril, les familles de ces deux jeunes militaires ont remué ciel et terre dans l’espoir de les retrouver, en vain.
Selon les témoignages des proches, le lundi 30 avril 2012, vers 15 heures, le caporal Malamine Diarra reçoit un appel téléphonique venant du Camp Para.
L’intéressé lui demande au téléphone de rejoindre immédiatement le Camp Para pour un rassemblement. À 16 heures, le caporal Malamine Diarra enfile son uniforme et s’y rend. Et depuis ce jour-là, la famille n’a plus de ses nouvelles. Toutes recherches entreprises jusqu’ici pour le retrouver sont restées infructueuses.
Idem pour Cheick Oumar Diarra, soldat de 1ere classe du 33eme régiment du commando parachutiste du contingent 2010. C’est aussi le lundi 30 avril 2012, vers 18 heures que celui-ci a reçu un appel téléphonique lui demanda d’être au camp immédiatement. Un ordre qu’il a respecté et n’a plus été revu par les siens depuis ce jour -là.
“Si c’est vrai que le Mali est un État de droit, si c’est vrai que nous sommes des Maliens comme les autres, nous demandons de savoir leur cas”, à déclaré la petite sœur de Malamine Diarra.
Ce qui est sûr, selon les conférencières, les deux jeunes militaires ne sont pas morts lors des combats du 30 avril 2012. Pour preuve, leurs noms ne figurent sur aucune liste des victimes, ni sur celle des morts, ni sur celle des blessés.
Selon la petite sœur de Malamine Diarra, le nom de celui-ci figurait sur une liste de mutation deux mois après les évènements du 30 avril et 8 mois après, son nom à été aperçu sur la liste de “l’Opération Badenko”. Pour celle-ci, cela prouve à suffisance que les autorités savaient où se trouvait son frère.
Décidées à avoir la moindre nouvelle de leurs enfants, les mamans de ces militaires disparus ont adressé depuis le 17 mars dernier, des lettres au Premier ministre, Modibo Kéita et au ministre de la Défense et des Anciens combattants, Tieman Hubert Coulibaly. Des lettres restées sans réponse. Pire, ni les autorités, ni le service social des armées ne tente même d’entrer en contact avec les familles des victimes pour leur donner la moindre information.
Pour les parents des deux bérets rouges restés introuvables, si cette situation perdure, ils seront dans l’obligation de démarcher la justice et les organisations internationales de défense des droits de l’homme.
“Nous exigeons que toute la vérité soit dite sur la disparition de nos enfants et que les auteurs soient arrêtés et jugés”, ont indiqué les conférencières.
Rappelons qu’au moment de sa disparition, Malamine Diarra était âgé de 26 ans. Il était fiancé et père de deux enfants. Quant à Cheick Oumar Diarra, il était âgé de 24 ans, fiancé et père d’un enfant.
M’Pè Berthé