L’observation de la situation au Mali, à trois mois de l’élection présidentielle, n’incite pas le citoyen ordinaire à afficher une sérénité et un optimiste que le premier ministre, SBM, voudrait laisser paraître, du moins dans ses apparitions et déclarations publiques.
En effet, quel que soit le matraquage médiatique auquel on assiste, il reste indéniable que la situation sécuritaire est pire qu’en 2013 ; au moment où le candidat Ibrahim Boubacar Keïta, briguait la magistrature suprême. Bien que cette année, on n’assiste pas comme en 2013 à des combats fratricides entre groupes armés, il n’en demeure pas moins que le pays reste ingouvernable dans sa partie nord, où écument, comme en 2013, des légions terroristes, composées aussi bien de nationaux que d’étrangers.
Plus grave, le centre du pays, composé de la région de Mopti et une bonne partie de la région de Ségou et même une partie de Koulikoro, reste aux mains des terroristes. Aujourd’hui cette partie du pays, qui est au rouge, est semblable au Sud-Vietnam lors de la lutte des vietnamiens contre l’invasion américaine : les villes tenues par les américains et leurs suppôts et les campagnes tenues par les nationalistes à la différence que les terroristes ne mènent pas une guerre juste et ne pourraient la gagner, contrairement aux patriotes vietnamiens. La preuve, dans certaines localités, désespérées de n’avoir pas la protection de l’Etat dont elles ont droit, des populations se sont organisées en groupes d’auto-défense. Des animosités intercommunautaires inconnues en 2013 ont apparu.
Dans de telles conditions, que dire de l’élection présidentielle à venir ? Pourrait-elle aboutir à une alternance ?
Il n’est pas sûr que le déploiement à lui seul, des forces militaires en présence (MINUSMA, BARHANE, FAMAs, G5-Sahel) puisse conduire à des élections transparentes et crédibles sur toute l’étendue du territoire malien. Mais, comme c’est la « Communauté Internationale » qui décide de notre sort, on pourrait organiser des élections où, comme d’habitude, à la proclamation des résultats, les fameux observateurs répéteraient à satiété, les sempiternelles litanies : « les élections se sont déroulées généralement dans des bonnes conditions et les erreurs ou irrégularités commises ne sont pas de nature à influence les résultats du scrutin.»
Il y aura bien sûr pendant quelques jours ou semaines de fortes tensions et des manifestations dans les villes. Elles seront réprimées en faisant valoir l’état de droit. Dans un tel scénario, il n’est pas sûr que l’organisateur du scrutin ne sorte pas vainqueur du combat électoral et là, l’alternance s’appellera continuité.
Un scénario de rupture pourrait être envisagé comme ce qui est arrivé en 2012. Cette fois-ci, ce scenario pourraitdéboucher sur deux autres voies : l’une comme en 1991, amenant à une espèce des états généraux de la nation, où on revisiterait tous les textes des institutions et les institutions elles-mêmes ; ce qui pourrait nous amener à une 4ème république et même à une république fédérale. Plus qu’une alternance, nous serions en présence d’une refondation de l’État malien.
La deuxième voie, c’est l’installation d’une dictature militaire féroce, qui conduirait à une désagrégation du pays.
D’aucuns nous traiteraient d’oiseau de mauvais augure mais, tous les faits et réalités du moment devraient conduire tout observateur lucide à aboutir à notre conclusion à quelques nuances près.
…sans rancune
Wamseru A. Asama
Source: Delta News