Sous l’égide de l’ONG italienne ARA PACIS, un accord dénommé « Accord de principe de Rome », a été signé dans la soirée du mercredi 2 février 2022 à Rome entre le gouvernement du Mali et les groupes armés au Nord du Mali réunis au sein du Cadre stratégique permanent(CSP). La signature de cet accord permettra de renouer les échanges entre les parties prenantes de la signature de l’Accord d’Alger signé en 2015. Mais curieusement, à la vitesse de la lumière, deux jours seulement après la signature de cet accord, le Gouvernement, à la suite de la session extraordinaire du Conseil des ministres a mis sur la table du CNT le projet de loi relatif à la création de la Police territoriale. D’où des interrogations légitimes sur l’opportunité d’une telle démarche.
Depuis le dimanche dernier, les Groupes armés réunis au sein du CSP (Cadre Stratégique permanent) ont effectué le déplacement à Rome sur invitation de l’ONG italienne qui avait invité aussi le Gouvernement du Mali. Après plusieurs jours de discussions, le ministre de la Réconciliation de la Paix et de la Cohésion nationale, chargé de l’Accord pour la paix et la Réconciliation nationale, le Colonel-major Ismaël Wagué a fini par répondre à l’invitation pour représenter le Gouvernement.
La rencontre de Rome visait à trouver un accord sur la question du Cadre stratégique permanent et du niveau de participation du gouvernement à ses objectifs pour la mise en œuvre intégrale du processus de paix et du respect des engagements pris dans l’Accord pour la paix et de réconciliation au Mali. De même, rétablir une confiance compromise depuis le mois d’octobre dernier entre les deux parties. Pour rappel, le ministre Wagué avait demandé que le CSP mette fin à ses visites aux dirigeants des pays voisins. A coup sûr, cet « Accord de principe de Rome » va mettre fin à cette brouille datant du mois d’octobre.
D’après beaucoup d’opinions, cet accord prévoit entre autres, la création de la police territoriale qui a fait l’objet des débats dans un passé récent où des personnalités politiques influentes ont pris une position farouche contre la création de cette police territoriale. Et à deux jours seulement de la réunion de Rome, le Gouvernement malien, à la suite d’une session extraordinaire du Conseil des ministres a mis sur la table de la session extraordinaire du CNT (Conseil National de la Transition) le projet de loi relatif à la création de la Police territoriale. De fait, tous les observateurs de la scène politique nationale s’accordent que cela est une résultante immédiate de la réunion de Rome.
Un accord qui ne fait ne pas l’unanimité au Mali
Selon Ibrahima Kébé du Front du Refus de l’Accord d’Alger (FRAA), cette police territoriale est l’initiative de la France qui est une des recommandations de l’Accord d’Alger. Pour lui, la police territoriale veut tout simplement dire de reconnaitre légalement l’armée de l’Azawad. Et de dire que c’est l’armée de ceux qui ont pris les armes et tué les Maliens de manière atroce. Comme le dit l’Accord d’Alger, cette armée sera reconnue officiellement avec toutes les bases légales. Selon lui, c’est seulement l’armée légale qui manque aux rebelles de l’Azawad après qu’ils aient leur propre territoire et leur population. Et la création de cette police territoire facilitera une chose, c’est-à-dire : l’indépendance de l’Azawad recherchée depuis longtemps. D’après lui, les autorités de la transition sont de mèche avec les groupes rebelles pour faciliter la mise en œuvre de l’Accord d’Alger qui est une menace pour l’unité du Mali. « La police territoriale s’inscrit dans la logique de diviser le Mali en deux et donner l’indépendance aux Azawadiens », a-t-il soutenu. Il a déclaré que cette loi ne doit pas passer devant le CNT et que les membres de cet organe législatif doit penser à l’avenir du Mali et des maliens et faire bloc face à ce projet qui est un complot de la France pour donner l’indépendance à l’Azawad.
Pour Dr Brahima Fomba, Professeur à l’Université des Sciences Juridiques et Politiques du Mali, cette police territoriale à l’interférence de la police nationale, de la gendarmerie nationale, de la garde nationale affiche tous les traits saillants d’un embryon d’armée régionale de l’Azawad. Et de poursuivre que voter un tel projet de loi revient tout simplement de la part de l’Etat à irrémédiablement renoncer entre autres à toute présence policière, de gendarmes ou de gardes d’envergure nationale sur le territoire de l’Azawad. Pour lui le CNT est désormais face à l’histoire. Il doit prendre ses responsabilités pour dire niet à ce projet séparatiste.
Adama Tounkara
Source: Le Sursaut