En 2013, élu dans la ferveur générale, avec beaucoup d’attentes des Maliens et surtout avec le soutien de la bande à Sanogo, ainsi que des leaders religieux, le président IBK a été élu à 77% des suffrages. Ainsi, une fois la rupture consommée avec ses ex alliés, pour son second mandat, le plébiscite (IBK) a viré, en 2018, au bourrage des urnes.
La ruée vers BK en juillet 2013 se justifiait tout d’abord par le fait que les Maliens n’avaient aucun doute quant à ses réelles capacités à résoudre définitivement les multiples problèmes auxquels le Mali était confronté.
Mais hélas, dès l’objectif atteint en 2013, le président IBK tourne immédiatement le dos à ses bienfaiteurs et il révèle son « vrai » visage aux Maliens : le manque de reconnaissance, promesses non tenues, goût (démesuré) du pouvoir, bourgeoise… Et c’est ce qui explique, d’ailleurs, la rupture avec ses anciens alliés (la junte, les leaders religieux…)
Rappel : Aussitôt installés à Kati, les militaires ont ouvertement prouvé qu’ils ont pris le pouvoir pour IBK. Dès lors, les tractations entre Kati et Sébénicoro n’étaient qu’un secret de polichinelle pour les Maliens… En effet, l’opinion a pu découvrir les moyens déployés, ainsi que les stratégies employées dans et en dehors des garnisons pour faire élire IBK. « Coûte que coûte ! ». Mais, le candidat d’alors devenu président a tourné le dos à Kati. Aujourd’hui, Amadou Haya et sa bande sont en train de méditer entre quatre murs…
Aussi, à l’approche de la présidentielle de 2013, IBK a joué à fond la carte de l’islam. Tout comme la junte dans les garnisons militaires, des chefs religieux musulmans ont mené campagne pour lui dans les mosquées. Sans doute, Amadou Haya Sanogo, Mahmoud Dicko, le chérif de Nioro du Sahel Mohamed Ould Cheicknè… chacun de ces hommes ont joué un rôle prépondérant dans l’accession d’IBK à la magistrature suprême. Avant même la fin de son premier quinquennat, le président Ibrahim Boubacar Keïta était en rupture, non seulement avec son peuple, mais aussi avec tous ses soutiens d’hier…
En effet, en 2013, le Cherif de Nioro du Sahel s’est mobilisé personnellement pour battre campagne pour le candidat Ibrahim Boubacar Keita. Pour faire élire le président du RPM, IBK à la magistrature suprême, le très respecté leader religieux avait débloqué la somme de 100 millions de F CFA. Il avait également invité ses fidèles, les militants de Sabati-2012, d’autres groupes et/ou associations musulmans de se joindre à eux pour soutenir le candidat IBK. Selon le Chérif, ce choix à l’époque ne cachait aucun intérêt particulier. Seulement après avoir étudié les différents projets de société des candidats à la présidentielle, le candidat du RPM était apparu comme le meilleur, qui était en mesure d’opérer le changement attendu par les Maliens. Mais, très tôt après l’élection présidentielle apparait des fissures entre IBK et Mohamed Ould Cheicknè.
Cependant, les premiers signes de tension entre M’Bouillé et IBK sont apparus dès janvier 2014 après les législatives, lors d’un sermon très attendu au Maouloud, M’Bouillé ne mâche pas ses mots : « Ce n’est pas parce qu’un parti est au pouvoir qu’il doit bénéficier de toutes les faveurs au détriment des autres Maliens ». Il ajoute: « Le RPM doit se rendre compte que c’est le peuple qui a offert le pouvoir à IBK et non le RPM, même si, en retour, IBK a donné le pouvoir au RPM ».
En effet, le guide religieux reproche surtout à IBK de ne pas honorer ses engagements vis-à-vis de lui-même et des Maliens. D’où sa décision de se démarquer d’un « homme qui ne respecte pas sa parole ».
Pour preuve à plusieurs reprises, il refuse des cadeaux envoyé à lui par d’IBK. En outre, Mohamed Ould Cheicknè invite tous ses disciples à s’éloigner du régime d’IBK et exhorte tous ses adeptes à voter contre le chef de l’Etat. Preuve que le divorce est définitivement consommé entre le très influent leader religieux et le président candidat IBK… Et de son côté, le président du Haut conseil islamique du Mali, Mahmoud Dicko, a été très clair : « Le candidat du Chérif de Nioro est le nôtre… ».
Du plébiscité au « bourrage d’urnes au Nord »
Ayant ainsi perdu la confiance et estime des Maliens, ainsi que ses soutiens d’hier, les chances étaient réduites pour le président candidat Ibrahim Boubacar de briguer (aisément) un second mandat. Donc, il fallait un passage en force par « bourrage d’urnes ».
Pour Tiébilé Dramé, directeur de campagne du candidat de la coalition « Ensemble restaurons l’espoir » le bourrage d’urnes et les fraudes ont émaillé le second tour de la présidentielle. Il s’agit notamment de certaines localités du Nord et des zones Cmdt (Sikasso) et de l’office du Niger (Ségou).
« Je suis sûr que les Maliens se dresseront contre cette imposture. Nous n’accepterons pas la dictature de la fraude », a lancé, Tiébilé Dramé. Il précise : « La fraude, est avérée, c’est pour ça qu’il y a des résultats que nous n’accepterons pas. Ceux qui ont fraudé, c’est ceux qui embrasent le pays ». Il dénonce les bourrages d’urnes dans plusieurs localités : (Salam, Ansongo, Tarkint, Ansongo, Ménaka…). Ainsi que dans les zones de l’office du Niger et de la Cmdt, où les urnes ont été également bourrées. « Nous récusons les résultats dans ces zones et réclamons la publication des résultats bureau par bureau », précise le directeur de campagne du candidat Cissé. Pour Tiébilé Dramé, la stabilité du pays doit être la préoccupation de tous les acteurs politiques du Mali. Et il indique : « sans les bourrages d’urnes orchestrés dans les zones grises de la fraude, le candidat Soumaïla Cissé est en tête pour gagner cette élection présidentielle ».
Vague de contestations…
En effet, le samedi 25 août dernier, à Bamako et à l’intérieur, ils étaient des milliers de Maliens à battre le pavé pour dire non au Hold-up électoral, au bourrage d’urnes et à la confiscation des votes des électeurs. Les partisans de Soumaïla Cissé ont, au cours de leur marche, crié au vol et fustigé le comportement de la communauté internationale. Ils exigent le respect des lois maliennes et souhaitent que leur champion soit investi comme Président car, disent-ils, la victoire est à Soumaïla Cissé et non à IBK. C’est entouré de certains de ses soutiens comme entre autres Tiébilé Dramé, Choguel Maïga, Konimba Sidibé, Dramane Dembélé, Paul Ismaël Boro, Ras Bath, Mme Diakité Kadiatou Fofana, que Soumaïla Cissé s’est adressé à ses partisans pour rejeter les résultats proclamés par la cour constitutionnelle.
Soumaïla Cissé a catégoriquement rejeté ces résultats. Le chef de file de l’opposition affirme qu’il avait au contraire remporté le second tour face au président sortant Ibrahim Boubacar Keïta. « Les Maliens n’accepteront jamais d’avoir un président élu sur la fraude. La fraude est une violence contre le peuple. La fraude, c’est le vol de votre vote. La démocratie est assise d’abord sur le vote. Ils trichent jusque dans les petits bureaux, comme ce fut le cas dans un bureau de 6 personnes en Turquie, Soumaïla 4, IBK 2, à l’arrivée ça été Soumaïla 0, IBK 6 », a déploré Soumaïla Cissé…
Au même moment, des manifestations ont eu lieu dans plusieurs localités de l’intérieur notamment à Nioro du Sahel, où le Chérif Mohamed Ould Cheicknè a appelé ses fidèles à manifester. Aussi, les maliens de la diaspora à Paris, New-York, Dakar, Madrid et d’ailleurs ont battu le pavé pour dire « Non » à la triche électorale savamment orchestrée pour offrir un second mandat à Ibrahim Boubacar Keïta.
Mohamed Sylla
Source: L’ Aube