Il avait été candidat à la présidentielle en 2007, il aurait dû l’être en 2012 et n’exclut pas de l’être en 2013… Ibrahim Boubacar Keïta, le patron du Rassemblement pour le Mali insiste sur le respect de la feuille de route.
« Si Dieu me donne vie, j’en serai. » À 68 ans, Ibrahim Boubacar Keïta, candidat malheureux à la présidentielle de 2007, a bien l’intention de retenter sa chance en juillet prochain. Et s’il estime que ces échéances électorales sont primordiales pour stabiliser les institutions, le président du Rassemblement pour le Mali (RPM) considère qu’il faut tout de même organiser des assises nationales, pour que les « Maliens ne se sentent pas exclus des débats sur leur futur ».
Jeune Afrique : Est-il réaliste de vouloir organiser une élection le 7 juillet, comme l’a annoncé le président Traoré ?
Ibrahim Boubacar Keïta : Le gouvernement assure que c’est possible ; nous nous en tenons à cette promesse.
Malgré le fait que l’autorité de l’État n’est pas rétablie sur le Nord, qu’il y aura sans doute encore des problèmes de sécurité, qu’il faut trouver une manière de faire voter les réfugiés, utiliser un fichier biométrique…
Ni Dioncounda Traoré ni François Hollande n’ont fait cette promesse à la légère. Maintenant c’est à nous de nous mobiliser pour que tous les préparatifs du scrutin se passent au mieux. Pour ce qui est de la biométrie, nous pensons tous que c’est le meilleur moyen de garantir la transparence des élections, et ces élections sont notre priorité.
Mais vous aviez aussi proposé d’organiser des assises. Des assises nationales et des assises spécifiques pour le Nord… Pourquoi ?
Parce que cela s’impose pour préparer au mieux la sortie de crise et pour que les Maliens ne se sentent pas exclus des débats sur leur futur. Quant aux assises du Nord, elles permettraient de dresser un bilan du pacte national [signé en 1992 entre les rebelles touaregs et le pouvoir de l’époque, NDLR]. Il faut voir ce qui n’a pas marché et trouver ensemble des solutions définitives aux problèmes du Nord-Mali. Quitte à organiser ces consultations après la présidentielle.
Serez-vous candidat ?
Je l’étais quand le coup d’État est intervenu en 2012 [l’élection était prévue le 29 avril]. Si Dieu me donne vie et si mes amis me renouvellent leur soutien, alors oui, je le serai.
L’Alliance IBK, qui appuyait votre candidature, est-elle toujours aussi solide ? On a vu certains de vos partisans manifester contre Dioncounda Traoré les 8 et 9 janvier…
Et c’est une chose que j’ai condamnée. Mais vous comprendrez que mes adversaires exploiteront cela au maximum pour me décrédibiliser. Je suis un homme d’État, et, pour moi, le seul moyen de prendre le pouvoir passe par les urnes.
Comment réagissez-vous aux accusations de violations des droits de l’homme portées contre l’armée malienne ?
Je condamne toutes les violations des droits de l’homme, quels qu’en soient les auteurs. Cependant, je suis un peu gêné par la façon dont on met en avant celles qui sont imputées à l’armée, comme pour justifier les revendications indépendantistes du MNLA [Mouvement national de libération de l’Azawad]. On oublie un peu vite comment nos militaires ont été massacrés à Aguelhok en janvier 2012… Les soldats maliens ne sont pas des soudards, assoiffés du sang des Arabes ou des Touaregs. Attendons les résultats des enquêtes qui ont été lancées et restons modérés.