Dans une grande interview accordée à notre confrère Jeune Afrique dans sa dernière livraison, l’ancien Premier-ministre et ex-président de l’Assemblée nationale, Ibrahim Boubacar Keïta, candidat du RPM à la présidentielle du 28 juillet prochain, se prononce sur tous les sujets brûlants qui préoccupent le Mali. D’emblée, il affiche une certaine sérénité sur l’issue de ce scrutin que d’aucuns estiment aux enjeux multiples. Il n’envisage pas d’autres issues que celles qui lui sont favorables et ce dès le premier tour. Dans cette interview, le candidat du RPM se définit comme l’homme de la situation en raison de son expérience par rapport aux autres candidats et surtout à ses prises de position. IBK comme le surnomme ses sympathisants, parle également de l’accord préliminaire de Ouaga.
Pour lui, sa signature signifie que la souveraineté malienne va pouvoir s’exercer sur l’ensemble du territoire national. Des propos qui s’inscrivent en droite ligne de la position qu’il avait affichée récemment en disant qu’il n’ira pas aux élections tant qu’une seule partie du territoire demeurait occupée. Il reconnait certes les conditions difficiles de l’armée nationale mais réfute la vision qui consiste à la qualifier d’hommes sans foi ni loi. Il dit aussi ne pas comprendre toutes les questions soulevées autour du septentrion malien alors que ce n’est pas le seul problème auquel le pays est confronté.
Accusé par ses détracteurs d’être à la solde des militaires, « kankeletigui « , qui signifie l’homme qui n’a qu’une parole, s’en défend. Même s’il estime comprendre leur usurpation du pouvoir politique et les déboires qu’ils ont fait subir aux autres hommes politiques, il dit ne pas les cautionner. Il précise également que la junte n’a plus aucun rôle à jouer sur l’échiquier politique actuel. Il dit aussi ne pas compter sur la fibre communautaire pour remporter le scrutin.
Il a indiqué que son hostilité à l’intervention militaire étrangère visait tout simplement à valoriser l’armée malienne dont les conditions de travail sont déplorables. L’homme raconte également ses relations plutôt bonnes avec certains dirigeants africains comme Ouattara et son rival Gbagbo, la famille Bongo du Gabon et les Eyadéma du Togo. Pour lui, la seule voie pour sortir le Mali de cette situation demeure celle du dialogue et de la réconciliation entre tous ses fils. Tout en affichant sa sérénité pour la victoire, il admet qu’il reconnaitra les résultats qui sortiront des urnes et qu’il ne les contestera pas dans la rue.
Massiré DIOP