Rien ne va plus entre IBK et son Haut représentant pour la résolution de la crise au centre, Pr Dioncounda Traoré. Le premier a publiquement désavoué le second sur la question explicite de dialoguer avec Amadou Kouffa et Iyad Ag Ghali pour une résolution malienne de la sempiternelle crise sécuritaire qui secoue le pays depuis 2012. C’est non seulement de bonne foi, mais aussi compte tenu de l’inadaptation de notre armée et surtout du manque des moyens adéquats pour ce genre de guerre, que l’ancien Président de la Transition a fait cette proposition parmi tant d’autres. Et sa proposition est celle de la plus part de ses concitoyens qui pensent qu’à partir du moment où les deux leaders terroristes n’ont jamais renoncé à leur nationalité malienne, qu’il est bien possible de prendre langue avec eux. Mais c’est un désaveu cinglant qui a été donné comme réponse à Dioncounda Traoré par celui qui a porté son choix sur lui, il y a juste sept petits mois. L’ancien Président de la Transition va-t-il rendre le tablier pour laver son honneur de cette humiliation qu’il a subie ?
Très nombreux sont les Maliens à s’indigner de l’attitude du gouvernement face à la bonne initiative de dialoguer avec Amadou Kouffa et Iyad Ag Ghali, émise par le haut représentant du chef de l’Etat dans la résolution de la crise au centre du Mali. Beaucoup ont été tellement sidérés quand ils ont entendu le Ministre des Affaires étrangères et de la Coopération Internationale, M. Tiébilé Dramé dire, en des termes qui frôlent le ridicule, que cette initiative n’engage que son auteur et qu’elle ne saurait engager le gouvernement. Par ces propos, le gouvernement se rend non seulement coupable de violation d’une des résolutions phares du Dialogue National Inclusif, mais aussi et surtout, pousse sans le dire officiellement, Dioncounda Traoré vers la sortie. Le gouvernement a-t-il cédé sous la pression de la France ? Sait-il que par ce désaveu, il vient d’enterrer le Dialogue National inclusif ? Dioncounda Traoré va-t-il tirer toutes les leçons de cet acte posé par le gouvernement et rendre le tablier pour se faire bonne conscience et laver l’affront ? Ce sont là des questions que tout citoyen préoccupé par la gravissime situation sécuritaire se pose.
Pour rappel, l’initiative de négocier avec les djihadistes qui sont des maliens et qui n’ont jamais renoncé à leur nationalité malienne a germé pendant le Dialogue National Inclusif tenu au mois de décembre2019 et cette proposition aurait plu à beaucoup de participants, et elle a été consignée dans les recommandations. Et le Gouvernement avait même juré la main sur le cœur que toutes les résolutions et recommandations issues de ce Dialogue National seront appliquées à la lettre. Il n’a fallu que quelques jours pour voir mettre à la poubelle tous les efforts consentis par des maliens dans leur grande diversité au cours du DNI.
L’histoire semble alors donné raison aux détracteurs de ce dialogue qui n’ont vu en ce forum qu’un cadre créé par le gouvernement pour permettre au Président de la République de pouvoir satisfaire la préoccupation de la communauté internationale qui est la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation.
En définitive, si nous reconnaissons que les djihadistes avec lesquels beaucoup pensent qu’il faut négocier ont les mains tachées de sang de nos soldats, il est un impératif pour le Mali de négocier pour stopper les massacres. Quant à Dioncounda Traoré, il a le choix entre rester à la tête d’une structure qui ne serait qu’une coquille vide ou partir pour sauver son honneur après ce désaveu cinglant.
Youssouf Sissoko
Inf@sept