Les résultats de la présidentielle du 29 juillet prochain, prévue dans deux petites semaines.
Telle est l’unique question de cette interview- imaginaire ou presque – que le Chef de l’Etat a bien voulu nous accorder. C’était le week-end dernier, à sa résidence privée de Sébénikoro, en présence de ses proches.
Mr le président, votre cour ne désemplit pas, de jour comme de nuit. Est-ce un bon signe ?
Comme tu peux le sentir, le parfum de la victoire flotte, déjà, dans ma cour. C’est pourquoi, mon portail est ouvert 24h/24. Sept jours sur sept.
Selon le dernier sondage de l’institut IPSOS, vous êtes au coude à coude avec Soumaïla Cissé, le candidat de la Coalition pour l’Alternance et le changement…
C’est un euphémisme de dire que nous sommes au coude à coude. La vérité, c’est que je suis crédité de 24,7% des intentions de vote, contre 23,5% pour Soumi-champion. Qui est, maintenant, le vrai champion ? Lui ou moi ?
L’institut de sondage a, même, ajouté que vous vous tenez, tous les deux, dans un mouchoir de poche…
Mouchoir de poche ou mouchoir de tête, qu’importe le terme utilisé. La vérité est que je le battrai le 29 juillet prochain, comme je l’ai battu dans les sondages.
Comment pouvez-vous en être sûr, Mr le président ?
J’en suis certain ! Parce qu’Allah Soubhana Watallah me l’a annoncé, hier nuit, dans mon rêve. Il m’a dit : « Bourama, cesse de te stresser pour rien. Tu gagneras cette présidentielle, comme tu as gagné celle de 2013 ».
Et vous croyez en ce rêve ?
Il n’y a pas que mon rêve ! Mon marabout, qui m’avait demandé de lui apporter des œufs de lapin pour le dernier sacrifice, m’a confirmé, avant hier, que « la victoire est à moi et à personne d’autre ».
Selon lui, Soumaïla Cissé ne pourra pas me battre, même s’il est soutenu, au second tour, par les autres candidats.
Ah bon ?
Eh oui, Le Mollah ! Comme j’ai l’habitude de le dire, le temps de Dieu n’est pas le temps des hommes. Allah Soubhana Watallah a fini son travail. Et nul, qu’il soit humain, sorcier ou diable… ne peut s’opposer à la volonté divine.
Mr le président, à en croire ce sondage, le candidat de l’URD pourrait très bien se voir rallié par les « déçus de l’ère IBK » et vous battre au second tour….
Le même sondage annonce aussi que les 50% de l’électorat malien, composés de ruraux, pourraient rallier mon camp.
C’est, justement, pour cela que l’institut de sondage a dit que vous êtes au coude à coude.
Tel que tu me vois, Le Mollah, est-ce que je ressemble à quelqu’un que Soumaïla Cissé peut tenir par le coude ?
Connais-tu le sobriquet de mon grand-père ?
Il s’appelait « Tiémoko Bélébélé » ou « Tiémoko Le Gros ». Personne n’a réussi à lui tenir le coude. Ni à Bamako, ni à Niafunké, encore moins à Gao.
Que voulez-vous dire en parlant de Gao ?
Je te vois venir. Mais tu ne réussiras pas à me mettre dos à dos avec mes beaux parents.
Mr le président, pouvez-vous rassurer les Maliens que, si vous êtes réélu, rien ne sera comme avant ?
Parole du « Kankélintigui », l’unique de la classe politique malienne.
Pourquoi devrait-on vous croire ?
Parce que j’ai tiré beaucoup de leçons de mon premier mandat. Je sais, désormais, qui est qui ? Mieux, je choisirai mes futurs collaborateurs, non pas en fonction de leur coloration politique ; mais en fonction de leur intégrité morale et intellectuelle.
J’en fais le serment à mes concitoyens !
Propos recueillis
par Le Mollah Omar
Source: Canard Déchainé
