Après avoir laissé le temps au temps, laissé se décanter des situations et évité la passion, le Chef de l’Etat s’est adressé à la Nation, le mardi 16 avril dernier. Un message par lequel il a appelé tous les Maliens au dialogue et au sens élevé du patriotisme.
Selon le Président de la République, Ibrahim Boubacar , son silence était de « laisser du temps au temps, de laisser se décanter des situations, d’éviter la passion qui est toujours mauvaise conseillère ». Dans un ton réconciliateur, le Président IBK dit avoir entendu toutes les colères, décodé tous les signaux, compris tous les messages.
Parlant de la situation sécuritaire, le Chef de l’Etat a expliqué que malgré les efforts, il reste un certain nombre de défis majeurs qu’il faut relever, à savoir la sécurisation du Nord du pays et la résolution de la crise scolaire. Mais aussi et surtout la situation du Centre devenue de plus en plus dramatique avec la tragédie d’Ogossagou du 23 mars dernier. Ainsi, il a invité tous les potentiels acteurs du processus de pacification du pays à jouer leur partition pour le retour définitif à la stabilité d’antan.
Selon IBK, les violences intercommunautaires ne doivent pas s’ajouter à l’insécurité entretenue par les pseudos djihadistes. Et à IBK de prévenir que l’Etat, pour sa part, n’acceptera pas de dérogation et il sévira avec la même rigueur contre toutes les milices, tous les fauteurs de guerre. Les mesures nécessaires ont été prises, rassura-t-il, au niveau du Gouvernement pour que des contingents supplémentaires des forces armées et de sécurité soient déployés sur le terrain.
«Sur notre demande, les partenaires internationaux (la MINUSMA et Barkhane) sont, eux aussi, engagés dans la sécurisation accrue des populations. Dans le même temps, nous poursuivons notre programme de désarmement et d’intégration des éléments armés qui ont fait le choix de renoncer à la violence », a informé le Président de la République.
Au chevet des Déplacés
Au profit des populations civiles victimes des violences au Centre, qui se trouvent aujourd’hui dans une détresse extrême, le Chef de l’Etat dans le cadre de la mise en œuvre du Programme Présidentiel d’Urgences Sociales a promis un fonds d’intervention d’un milliard de francs CFA. Aussi a-t-il fait comprendre que sur ses «instructions, le Gouvernement procédera également à un glissement de crédits de douze milliards de francs CFA vers les services sociaux de base dans le cadre du Plan de Sécurisation Intégré des Régions du Centre (PSRIC) ».
Stabiliser notre système éducatif
Par rapport à la situation de l’école caractérisée par des grèves des enseignants, IBK a souligné la nécessité impérieuse de stabiliser notre système éducatif. Si le Président de la République déclare légitime le combat ; car, il n’est pas de nation viable sans système éducatif solide, il a déploré que depuis trois décennies, malgré les efforts entamés se traduisant par un investissement massif en infrastructure, malgré une gestion de plus en plus maîtrisée du flux dans un pays où la poussée démographique est forte, l’école malienne, est loin d’être stabilisée. Car, les moyens à mobiliser pour l’école, apprenants comme enseignants sont lourds, très lourds, généralement au-dessus des capacités financières de l’Etat et des enseignants, même si ce secteur mérite tous les égards de la nation, tous les sacrifices possibles.
« Pour ma part, il n’est pas question de laisser l’enseignant être le parent pauvre du développement de la nation. J’ai instruit au Gouvernement de trouver alors un point d’équilibre, un terrain d’entente via une négociation intelligente et, ce, dans le respect mutuel, dans les limites bien comprises de ce que l’Etat peut consentir tout de suite et ce qu’il ne peut que plus tard.
Les salaires des enseignants grévistes seront débloqués : je m’y suis engagé et ce sera fait Inchallah », a rassuré le Chef de l’Etat.
Du dialogue social
Concernant la paix sociale dont il a entrepris depuis de longues semaines de rencontrer les forces politiques et sociales, IBK a apprécié au plus haut point les échanges et les contributions qui lui ont apporté des éclairages utiles.
«La dynamique de l’interaction se poursuit. Car, je n’ai pas d’autre choix, ayant accepté d’être l’héritier de toutes les législatures, étant un acteur de premier plan de l’évolution politique et institutionnelle de notre pays depuis trente ans, comptable du bilan et donc en position de distinguer entre les acquis et les passifs, les grains de beauté et les verrues. Les pourparlers entrepris connaîtront leur dénouement logique», a déclaré IBK.
IBK a salué la volonté des Représentants des forces politiques et sociales rencontrés, semaine dernière, et a souhaité que se poursuive et s’approfondisse le débat autour des évolutions prises en charge par la révision constitutionnelle. Cela, afin de renforcer le consensus populaire autour de la future loi fondamentale.
«Mon souhait n’est pas non plus de mettre à la marge d’une entreprise aussi importante pour l’avenir de notre pays les formations politiques et les associations qui souhaitent l’organisation d’un débat national en préalable de la tenue d’un Référendum. Aussi ai-je décidé de confier à un triumvirat la tâche de diriger un cadre de concertation nationale regroupant du 23 au 28 avril 2019 les représentants de toutes les forces politiques et sociales de notre pays», a déclaré le Chef de l’Etat qui a élucidé que : « L’idée d’un cadre de dialogue plus vaste, plus représentatif, plus inclusif, fait son chemin et emporte mon adhésion ». Selon le Chef de l’Etat, le projet aura pour but : «d’évaluer les forces et les faiblesses de notre démocratie, de notre vécu institutionnel d’une part, et de cerner d’autre part, les opportunités et les menaces du chemin… ». Il rassura ensuite qu’il ne pourrait être question de traîner en longueur. «Il nous faut c’est un format qui ne laisse personne sur le quai, qui rassemble les segments les plus divers de notre société. Ce qu’il nous faut, c’est un consensus solide pour notre avenir politique, institutionnel, social, je devrais dire sociétal», avisa clairement le Président IBK.
Le Président IBK avoue ne pas avoir d’autre agenda que de faire sa part dans la concrétisation des aspirations et des espérances des martyrs, du Peuple. « Je le ferai avec l’opposition et la majorité, je le ferai avec ceux qui ont voté pour moi et ceux qui ont accordé leur suffrage à d’autres, et surtout ceux plus nombreux qui continuent de rester en marge des votes », a indiqué IBK dont les conseils de ses prédécesseurs Moussa Traoré, Alpha Oumar Konaré, Amadou Toumani Touré, Dioncounda Traoré ne font pas défaut.
Pour finir, IBK dira qu’il faut écouter et amplifier les voix qui appellent les Maliens à la raison et à l’unité. Toutefois, en évitant d’allumer de nouveaux brasiers en dispersant les braises de la discorde et de l’intransigeance.
Cyril ADOHOUN
Source: L’Observatoire