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Hydrocarbures : La vente illégale prospère

Le commerce du carburant de qualité et de provenance douteuses est une activité qui gagne du terrain dans notre pays. Les prix bas attirent la clientèle et le négoce rapporte gros

On les voit un peu partout aux abords des routes secondaires et même des grandes artères de la capitale. Aucun quartier de la ville n’est épargné. Et le phénomène ne date pas d’aujourd’hui mais il gagne du terrain de jour en jour, surfant sur l’inaction des autorités chargées de faire appliquer la réglementation. Il s’agit des vendeurs de carburant dans les bouteilles au bord des routes.

L’activité est animée par des jeunes diplômés sans emplois, des jeunes déscolarisés ou analphabètes. Ils affirment gagner ainsi leur pain quotidien. Sont-ils conscients que cette activité est illégale et dangereuse ? Cette façon de voir les choses est évidemment le cadet de leurs soucis. Leurs clients aussi ne semblent pas trop se soucier du danger que représente le carburant dans des bouteilles et de qualité douteuse. Motocyclistes et automobilistes s’approvisionnent en carburant dans ces points de vente de fortune et très mal sécurisés. Les prix très abordables attirent la plupart des clients qui ne se préoccupent pas de la qualité ni de la sécurité.

Missira, en Commune II du District, est considéré comme le quartier général des vendeurs de carburant souvent mobiles. Et selon les connaisseurs du milieu, c’est là que tout a commencé, avant de s’étendre aux autres quartiers de la capitale.
L’affluence et l’ambiance sont partout les mêmes, autour de ces vendeurs particuliers. Ce lundi, l’attroupement faisait penser à une scène d’accident de la route qui attire souvent des curieux. Les clients de tout âge sont garés en nombre pour se ravitailler en carburant. Des bidons de 20 litres et des bouteilles d’un litre remplis d’essence sont à portée de main.

Le vendeur, imperturbable, sert les clients qui attendent sagement leur tour. «à combien vous cédez le litre d’essence ?», s’écrit un jeune désireux d’acheter du carburant. « Le litre coûte 550 Fcfa », répond le vendeur d’essence à la sauvette. Il se dit diplômé de la Faculté des lettres et des sciences du langage (FLSL). Sans marchander, l’acheteur prend 3 litres. Il est visiblement séduit par le prix plus bas que dans les stations services où le litre oscille entre 600 Fcfa et 674 Fcfa. «Je m’aperçois maintenant pourquoi, lors de mes passages, il y a un attroupement ici tous les soirs.

J’espère quand même que l’essence est de qualité », s’inquiète l’acheteur déjà servi. Et le vendeur de répondre : «Je vous jure que c’est de la bonne qualité ». Il ajoutera que de nombreuses personnes achètent ce carburant et que personne n’est jamais venu se plaindre de la qualité de sa marchandise. Impossible de vérifier cette affirmation.

Des motocyclistes s’approvisionnent au niveau de ces points de vente de fortune

Une dame ne rate pas une miette de la conversation. Cette «cliente fidèle» soutient les propos du vendeur. «Ça fait presque trois semaines que j’achète le carburant avec lui. Je n’ai constaté aucune anomalie concernant le moteur de ma moto. Je dirais plutôt que c’est de la bonne qualité. La quantité est également au rendez-vous. Sers-moi deux litres», ajoute-t-elle, comme pour corroborer ses propos.

Entre-temps, un homme gare sa voiture. Après des salutations d’usage, ce client âgé d’une quarantaine d’années lance au vendeur. «Servez-moi comme d’habitude mon très cher», commande-t-il. Le commerçant regarde à gauche et à droite, avant de traverser la route en courant pour servir son abonné. L’homme lui tend un billet de 10.000 Fcfa. «à la prochaine mon très cher et bonne route», salue le vendeur après avoir empoché son argent.

Au regard du prix abordable, il s’avère pertinent de s’interroger sur la provenance de ce carburant. à ce propos, le vendeur à la sauvette ne se fait pas prier pour indiquer que le carburant provient des stations services où le bidon de 20 litres lui est cédé à 10.000 Fcfa. Sur cette quantité, le détaillant empoche un bénéfice net de 2.000 Fcfa.

Au niveau des stations services où nos revendeurs s’approvisionnent, l’on se montre peu loquace sur la provenance des hydrocarbures et sur leur qualité. «Je ne peux rien dire sur la provenance et je vous conseille de ne même pas chercher à le savoir, confie un gérant d’une station service. Laisse tomber ce sujet car je ne peux rien dire sur ça. Même si le chef principal de la station était là, il allait vous donner la même réponse».

Ce mutisme des grossistes ne manque pas de renforcer les doutes sur la qualité du carburant qui s’achète comme du petit pain. Signe que le commerce du carburant de qualité et de provenance douteuses prospère dans notre pays : même dans les villes secondaires, on peut acheter des hydrocarbures à des prix défiant toute concurrence.

Fadi CISSÉ

 

Source: L’Essor-Mali

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