Candidat malheureux au second tour de l’élection présidentielle d’août 2013, député élu dès le premier tour à Nianfunké, M. Soumaïla Cissé entend animer une vraie opposition à la nouvelle Assemblée Nationale.
Dans cette interview qu’il a bien voulu nous accorder, l’élu de Nianfunké revient entre autres sur les enjeux de la réconciliation nationale, les priorités de la Nation et la place de l’opposition dans une démocratie.
26 Mars : On parle de réconciliation nationale, selon vous quelle réconciliation il faut de nos jours pour le Mali ?
Soumaila Cissé : Il faut une réconciliation de tous les Maliens. Aujourd’hui, il nous faut dépasser ce qui est arrivé et qu’on se retrouve dans le cadre d’un dialogue constructif pour réconcilier l’ensemble des Maliens.
26 Mars : Que pensez-vous de l’intervention de la communauté internationale au Mali dans le cadre de la lutte contre le terrorisme ?
Soumaila Cissé : Je pense cette intervention a été une très bonne chose et c’est quelque chose que nous avons défendu depuis les premières heures du coup d’Etat. Pour la circonstance, je disais que sans une intervention extérieure, on ne s’en sortirait pas. Mais, à l’époque, on n’avait pas été compris. On a beaucoup insisté disant pour que la CEDEAO vienne et heureusement elle est venue et à sa suite la Minusma est là et les français aussi ont intervenu. Et, je crois que sans cela, on aurait connu des situations très difficiles pour notre pays. Cette intervention a été salutaire et il faut s’en féliciter.
26 Mars : quelles sont selon vous les priorités de la Nation ?
Soumaila Cissé : Je crois qu’il faut d’abord consolider la paix et la sécurité dans le pays en réconciliant les Maliens entre eux. Ensuite, repartir sur un développement économique parce que le Mali est très en retard et les besoins sont énormes à savoir les femmes, les jeunes, les enfants, le domaine agricole. Je crois qu’il ya beaucoup de choses à faire dans ces domaines. Il faut faire aussi en sorte que l’armée soit restaurée au bon endroit. Viendront, ensuite, les problèmes de la justice, de la corruption et qu’on lutte pour une bonne gouvernance dans notre pays pour qu’on ne reconnaisse pas ce qui est arrivé.
26 Mars : Quelles reformes s’imposent-elles au Mali d’aujourd’hui ?
Soumaila Cissé : je crois qu’il faut d’abord une grande reforme des mentalités et qu’on accepte qu’on est dans une République, c’est-à-dire une démocratie et que la compétence et la qualité doivent jouer le plus possible. Il faut lutter effectivement pour supprimer tout ceux est du courtisanisme, d’enragement et qu’on mette des valeurs comme le travail et la solidarité en avant. Je crois que si on arrive à mettre ça dans l’esprit des gens, on va beaucoup avancer.
26 Mars : Quelle opposition pour cette nouvelle législature ?
Soumaïla Cissé : Il faut tout simplement une opposition républicaine comme dans toute démocratie, c’est-à-dire une opposition qui propose, qui se bat et qui va au-delà des bénis oui oui que le gouvernement peut attendre pour lui faciliter le travail. Je crois qu’on va être une opposition républicaine.
26 Mars : Et comment cette opposition se comportera-t-elle ?
Soumaïla Cissé : Je vous avoue que l’opposition se comportera comme toute opposition républicaine. Et le Mali n’est pas le premier pays à avoir une opposition. Comment la majorité va se comporter par rapport à l’opposition ? Je crois que ça aussi, c’est une question intéressante et importante. Si la majorité nous respecte, nous respecterons la majorité et nous espérons qu’elle va nous respecter.
Nous avons des idées, nous aimons ce pays certainement au tant qu’eux, sinon plus. Nous ferons en sorte que les choses aillent très bien. Nous critiquerons et ferons des propositions dans l’intérêt du peuple, parce que c’est notre pays, notre Assemblée Nationale. Mais, nous avons besoin du respect des autres et je crois que c’est très important. Une démocratie n’est vivace que s’il ya une majorité et une opposition. Il faut que l’opposition ait toute sa place et qu’elle ne soit pas une opposition qui fait valoir. Nous voulons une opposition républicaine, utile, responsable qui travaille dans ce sens.
26 Mars : Quelle image voulez-vous donner à cette nouvelle Assemblée Nationale ?
Soumaïla Cissé : C’est la majorité qui donne une image à l’Assemblée. Si la majorité est sérieuse, qu’elle respecte l’opposition et qu’elle travaille bien, l’Assemblée aura une bonne image. Mais, si c’est une majorité qui ne fait que suivre les mots d’ordre du Gouvernement on aura une Assemblée qui sera critiquée comme par le passé.
26 Mars : Les hautes autorités ont décrété l’année 2014, année de la lutte contre la corruption. Pensez-vous que le pari peut être gagné et comment ?
Soumaïla Cissé : Il faut leur demander, c’est elles qui doivent lutter, pas moi.
26 Mars : Quelle appréciation faites-vous de la classe politique malienne ?
Soumaïla Cissé : Je crois qu’elle doit continuer à faire son travail car ce n’est pas quelque chose qui atteint un aboutissement du jour au lendemain. Il y a des pays qui ont mis 200 ans pour accéder à la démocratie et nous en sommes qu’à 20 ans. Soyons indulgents et continuons à nous battre.
Propos recueillis Par Dieudonné Tembel