Décédé le vendredi 7 mars 2025 à l’âge de 90 ans, Arouna Dembélé repose désormais au cimetière de Sabalibogou. Natif de Zébala dans le cercle de Koutiala, ce patriarche miyanka devenu Commandeur de l’Ordre national en 2011, alors qu’il savourait sa retraite, serait élevé à la plus haute Dignité de Grand Officier de l’Ordre national du Mali si l’administration faisait bien son travail. Aux siens, aux autres, au Mali….. Papi a tout donné !
Une carrière bien remplie, en effet, celle de ce pensionnaire du prestigieux Lycée Terrasson de Fougères (actuel lycée Askia Mohamed). Devenu un des premiers Instituteurs, Arouna Dembélé a formé des générations de cadres du pays, de 1951 à 1968.
À partir de 1970, il entame une riche carrière au sein de l’administration publique avec sa nomination à la tête des ‘’Affaires sociales’’ comme Directeur général. Deux ans plus tard, en 1972, il assume la fonction d’Inspecteur général et, ce, jusqu’en 1978. Après avoir dirigé le Centre de réadaptation pour handicapés physiques de 1980 à 1990, ‘’Monsieur Dembélé’’ est appelé à assumer la Coordination du Projet Promotion des techniques locales (Protelo) avant de faire valoir ses droits à la retraite.
En vérité, le doyen n’a jamais rangé les armes. Consultant indépendant, et toujours disponible, il est membre fondateur de plusieurs associations, dont : l’Association malienne pour la promotion des handicapés physiques (Amphp), l’Association pour la promotion sociale des aveugles (Ampsa), l’Association malienne de secours à l’enfance en détresse (Amsed), l’Association des ménagères et mères de familles (Ammf) et l’Association malienne des jeunes internautes.
En 2006, l’ancien Directeur général des Affaires sociales était l’un des Parrains du Mois de la Solidarité et de la Lutte contre l’Exclusion. Un choix largement justifié par son parcours honorable, sans limites de l’humain et sa détermination à toujours servir le Mali.
Le Patriarche miyanka est resté durant sa longue vie ce large toit qui héberge, offre le couvert et protège tous ceux que Dieu a mis sur son chemin, sans rien attendre d’eux en retour. Malgré l’âge qui avançait Papi, comme l’appelaient ses petits-enfants, n’a jamais perdu sa grande capacité d’analyse et, surtout, cet extraordinaire sens de discernement qui faisaient aussi sa force. Incarnation de la sagesse, il est demeuré cette voix qui écoute et oriente toute personne qui sollicitait ses conseils.
‘’Le Challenger’’ republie l’interview qu’il lui a accordée 2011 à l’occasion de sa décoration à la Dignité de Commandeur de l’Ordre national du Mali. Dors en paix, la conscience tranquille, Grand serviteur de la République ! Repose en paix, Papi !
Arouna Dembélé, Ancien Directeur des Affaires sociales : « C’est toujours agréable de recevoir une distinction honorifique justifiée»
Bonjour M. Dembélé ! Le 18 janvier, vous avez été élevé par le Président de la République au Grade de Commandeur de l’Ordre national du Mali. Comment avez-vous accueilli cette distinction ?
Une distinction honorifique justifiée est toujours agréable à recevoir, surtout quand elle vous est décernée par le Président de la République à l’occasion d’une cérémonie solennelle comme celle du 18 janvier 2011.
Vous comprenez bien que j’ai été heureux d’être élevé au Grade de commandeur de l’ordre national à la suite de Chevalier de l’Ordre national en 1977 et d’Officier de l’Ordre national en 2006.
Je me suis engagé dans le service public en qualité d’instituteur en 1951. Mon pays, le Soudan français, était alors une colonie administrée uniquement par des Français à tous les postes de responsabilité. Il fallait travailler dur et correctement sans autre considération. Puis, il a fallu se battre pour remplacer les cadres français dans le processus de la décolonisation. Ensuite, il a fallu donner la preuve que le Mali peut être administré par ses propres cadres. Mes activités de la Direction nationale des Affaires sociales ont sans doute retenu l’attention des autorités. Le Grade de Commandeur de l’Ordre national, qui m’a été décerné après 17 ans de repos pour retraite, m’a fait beaucoup plaisir.
Citoyen et cadre de la République, les médailles représentent quoi pour vous ?
Je pense que les médailles représentent des récompenses méritées après de bons et loyaux services rendus à la Nation. À ce titre, je souhaite qu’elles soient judicieusement attribuées aux citoyens honnêtes et travailleurs.
Vous avez certainement un appel à lancer aux autorités et aux générations actuelles
Aux autorités, je dirai de faire toujours preuve de plus de discernement, chaque année à l’occasion du choix des récipiendaires, afin de conférer toutes les valeurs morales souhaitées aux distinctions honorifiques.
Aux nouvelles générations, je conseillerai de travailler consciencieusement et d’être patientes ; il y a toujours quelqu’un qui observe votre façon de travailler et la récompense vient un jour, grâce à Dieu.
Une médaille gagnée grâce aux relations sociales seulement n’est pas une récompense méritée de la nation, c’est une décoration ostentatoire qui n’honore pas son porteur.
Propos recueillis par Chiaka Doumbia
Le Challenger n°668 du Jeudi 27 janvier 2011.