
De la pluie, et en très grande quantité. Le Mali a été bien arrosé durant l’hivernage de 2024. Du 1er mai au 31 octobre 2024, le cumul des précipitations tombées sur le pays s’élève à plus de 49 000 millimètres (mm).
Ce cumul pluviométrique annuel dépasse la moyenne et celui de 2023 où le Mali avait enregistré 39 033,2 mm, selon le Bulletin d’information agro hydrométéorologique, du 21 au 31 octobre 2024 de Mali-Météo. Des “précipitations exceptionnelles, les plus importantes d’ailleurs depuis 1967”, affirment les prévisionnistes.
Bilan lourd
Ces fortes précipitations ont été caractérisées par des vents violents, des grondements, des éclairs et cas de foudre par endroits et ont causé plusieurs inondations.
729 cas, au total, ont été enregistrés entre juin et décembre 2024 avec plus de 88 000 ménages, à Bamako et à l’intérieur, avait communiqué le Comité interministériel de gestion des crises et catastrophes, le 23 janvier 2025 lors de sa réunion bilan à Bamako. Ces catastrophes ont causé le décès de 95 personnes et 154 blessés ; la perte de plusieurs cheptels de même que la destruction de près de 3000 greniers et magasins.
Au-delà des chiffres
Au-delà de la forte mobilisation manifestée à l’endroit des sinistrés par de nombreux partenaires et acteurs nationaux et internationaux et le gouvernement de la Transition durant ces intempéries mortelles, des environnementalistes tirent plusieurs enseignements de ces précipitations exceptionnelles.
Selon Soumana Coulibaly, le Système d’alerte précoce a été moins efficace en 2024. L’environnementaliste s’explique : “Je trouve que la communication n’a pas été très bien perçue par les populations, en grande majorité analphabètes. Elles devaient bénéficier quand même des alertes qui existaient déjà parce que la météo avait déjà prévu qu’il avait une pluviométrie exceptionnelle”, dit-il.
Le spécialiste pense également que les mesures administratives prises tant au niveau local que régional pour la gestion des servitudes et les voies d’écoulement des eaux de pluie ont montré leur limite.
“Les textes existent en la matière, mais elles n’ont pas été appliquées dans les grandes villes. Ce qui a donné lieu, comme nous l’avez vu à des dégâts parce que tout simplement les maisons ont été réalisées dans ces servitudes-là”, dépeint-t-il. Il poursuit : “De même pour les grandes villes qui sont aussi en aval du fleuve Niger, les régions du Nord, on a constaté que la crue s’est prolongée et c’est finalement des dégâts inattendus alors qu’on pouvait prendre des mesures pour dire à ces populations de faire énormément attention, si possible de les faire déplacer dans les camps provisoires”.
Sur le plan social, l’environnementaliste estime qu’il y a lieu de réfléchir à un système de prise en charge des victimes à l’avenir pour qu’en cas d’inondations, l’Etat puisse très rapidement secourir ces populations sur l’ensemble du territoire.
S.Coulibaly soutient notamment la mise en place d’un service pérenne qui sera chapeauté par une structure de l’État, parce que “le changement climatique est déjà une réalité. Il est établi dans des documents de recherche que les pluies vont être de plus en plus exceptionnelles dans la zone sahélienne y compris notre pays le Mali. Alors, il est très difficile de maîtriser en tout cas, les quantités potentielles de pluies qui pourraient être provoquées dans les années. L’Etat doit forcément dégager des ressources financières et humaines pour faire face à cette situation”, propose l’environnementaliste.
L’amélioration du système d’alerte, l’application des mesures portant sur la réglementation, notamment sur les servitudes et la poursuite des séances de sensibilisation auprès des populations sur les effets liés aux changements climatiques sont d’autres propositions soutenues par le spécialiste à quelques mois d’hivernage prochain.
Kadiatou Mouyi Doumbia
Source : Mali Tribune