Les vieux Sidibé, agriculteur de son état, a pris sa retraite depuis maintenant 10 ans.
Domicilié à Yirimadio, et âge de 62 ans, il est marié à 2 femmes et père de 12 enfants. Respecté par tous les voisins pour son âge et sa conduite sans reproche, D. Sidibé est aussi un des fidèles à la mosquée du coin.
Seulement, depuis deux mois maintenant, le vieil homme, par ses choix alimentaires capricieux, est devenu de plus en plus insupportable pour ses enfants, principaux supports de la famille.
En effet, ils sont obligés, tour à tour et chaque jour, depuis octobre dernier de débourser la somme de 2 500 Fcfa (par jour) pour l’achat d’un lapin. Et pour cause. D. Sidibé, ne veut manger autre chose que de la chair fraîche de lapin. Et, c’est au grand soulagement de la famille que, depuis maintenant une dizaine de jours, le vieux, n’exige plus de lapin acheté. Il a tout simplement confectionné lui-même un piège qu’il installe régulièrement dans un champ… EN ces lieux, a-t-il confié à sa famille, les lièvres sont légion. Et, depuis, tous les matins, vers 5 heures D. Sidibé, après la prière à la mosquée, revient à la maison avec un « lièvre » dépecé et prêt pour être grillé.
De l’animal cependant, personne n’aura vu, ni la peau, ni la tête, ni les pattes. Mais ce 5 décembre, les « chasses réussies » du vieux Sidibé devraient prendre fin. Avec elles, ses caprices à vouloir manger du lièvre.
Il était en effet, 3 heures du matin, quand la famille du vieil homme a été alertée par un vacarme dans sa chambre. Un vrai combat semblait s’y dérouler.
D. Sidibé, était-il face à un bandit qu’il tentait de coincer ?
Avait-il perdu la tête ?
Sans hésiter, les enfants défoncèrent la porte.
Le vieux père était toujours en train de se débattre dans l’obscurité.
Grâce aux lumières des torches, la famille aidée par les voisins tous armés de bâtons et de gourdins, devait retenir son ardeur en découvrant le spectacle.
Point de voleur dans la chambre. Mais plutôt un gros chat qui immobilisait le vieil homme, enfonçant ses crocs dans sa jambe.
Etendu à même le sol, (non loin de son piège que l’on imaginait au « champ ») D. Sidibé ne se remuait plus.
Foudroyé enfin par les coups de gourdins des « sapeurs pompiers », l’animal lâcha alors prise.
Fort heureusement, D. Sidibé était bien vivant. Il était resté immobile pour calmer l’animal afin d’en être débarrassé.
Après quoi, le vieil homme a été conduit dans un centre sanitaire pour faire soigner sa plaie et se faire administrer des injections contre la rage et le tétanos.
Notre « chasseur » refuse cependant d’admettre que tous les « lièvres » qu’il avait « chassés » jusqu’à ce jour, n’étaient que des chats qu’il attrapait dans sa propre chambre à l’aide du piège qu’il plaçait devant la fenêtre par laquelle entraient les félins.
Mais dans cette zone, soutiennent de leur côté des paysans, il n’y a jamais eu de lièvres.
De toutes les manières, lièvre ou chat, D. Sidibé a désormais changé son régime. A présent, il est friand de viande de… chèvre ou de bœuf.
Boubacar Sankaré
Source: Le 26 Mars