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…Hermine Gosse Kodja, animatrice principale de l’émission » A nous la télé » sur Maisha TV : » Je ne me suis pas moquée du niveau d’étude des Maliennes… «

Hermine Gosse Kodja est un nom qu’on ne présente plus au public malien en général et bamakois en particulier. Elle est l’une des animatrices phares de la chaîne Maisha TV. Son atout, c’est sa voix sublime et séduisante qui envoûte les téléspectateurs de cette chaine dédiée aux femmes. C’est elle l’animatrice principale de l’émission  » A nous la télé « , un concept de causerie qui permet de traiter les sujets tabous et surtout de dire tout haut ce que les autres pensent tout bas. Miss Gosse qui a un incroyable talent, nous évoque, dans cet entretien exclusif, sa perception de la polémique en tant que présidente du jury autour de l’émission de téléréalité  » Case Saramaya, c’est moi la plus belle  » et présente ses excuses au peuple malien. Elle parle également de son noble métier de journaliste-animatrice qu’elle adore. Egalement promotrice de restaurant, la diva de la télé nous envoie dans son univers culinaire.

interview entretien questions reponses

 

Bamako Hebdo: Depuis combien d’années vivez-vous au Mali ?

Je suis une passionnée de l’évènementiel et c’est dans le cadre du cinquantenaire du Mali en 2010 que ma structure à Abidjan a été sollicitée par le célèbre chanteur Salif Kéita dans l’organisation d’un concert. Voilà comment j’ai effectué le voyage. Lors du concert, j’ai fait la connaissance des responsables d’Africable. Je suis revenue pour travailler au sein du groupe. Au début j’animais juste une chronique dénommée  » Savoir-vivre  » dans l’émission la  » grande matinale « . C’est après le départ de l’animatrice principale que le PDG m’a sollicité pour la remplacer, mais surtout dans une autre version qui est  » A nous la télé « .

 

Pourquoi vous, pour la remplacer ?

J’avoue que je ne sais pas (rires)

 

Avez-vous une formation appropriée ?

J’ai été formée dans l’une des meilleures écoles de communication en Afrique de l’Ouest, l’ISTC, qui est affiliée à la Radio Télévision Ivoirienne (RTI). Donc les étudiants ont la chance, lors des stages pratiques, de côtoyer les journalistes, mais aussi de participer aux émissions. Donc avant d’arriver au groupe Africable, je connaissais l’environnement de la télé grâce à la RTI.

 

Vous êtes l’animatrice principale de l’émission  » A nous la télé « . Comment vous procédez lors des enregistrements ?

» A nous la télé  » est une émission qui se veut une plateforme d’expression des jeunes et des femmes. Déjà à titre de rappel, Maisha TV est une chaine de télévision dédiée aux femmes. Au début, c’est nous qui écrivions des sujets, mais de nos jours, nos boites à courriers sont saturées, car les propositions de sujets à débattre ne cessent de pleuvoir.

Nous sommes dans un pays où les gens n’osent pas parler de certains problèmes. Il y a des sujets qu’on n’ose pas débattre en famille. Alors notre leitmotiv dans l’équipe de  » A nous la télé  » c’est de tout dire. Pas de limite, pas de tabou. Bref, c’est une plateforme d’expression.

 

Quels sont les sujets que vous abordez ?

L’éducation, la vie sexuelle, la vie de couple, les conseils pratiques sur la santé sexuelle, mais surtout comme je le disais, nous traitons plus les sujets que nous proposent nos téléspectateurs.

 

Que répondez-vous à ceux qui n’approuvent pas que vous débattiez des sujets dits  » choquants  » ?

Qu’est-ce qu’ils entendent par sujets  » choquants  » ? Vous savez, il faut que les gens arrêtent d’être sournois. Qu’est-ce qu’on peut dire qu’ils n’ont jamais entendu ou bien qu’ils ne font pas ? De qui se moque-t-on ? Je trouve ridicules certains comportements et je pense que la culture en soi n’est pas un péché. C’est d’ailleurs l’objet de cette émission et j’avoue que nous avons les bénédictions de nos responsables et surtout de nos téléspectateurs.

 

 

Vous avez été présidente du jury de l’émission qui a créé un véritable scandale vu le niveau catastrophique des candidates. Racontez-nous cette aventure?

Déjà, je vous remercie pour l’opportunité que vous m’offrez pour m’exprimer à travers vos colonnes sur cette aventure. Pour commencer, l’émission de téléréalité  » Case Saramaya, c’est moi la plus belle », est un jeu. On avait des candidates plus belles les unes que les autres, mais l’objectif recherché par les producteurs de l’émission était de trouver une candidate belle physiquement, moralement et surtout bien instruite.

 

Etant présidente du jury et ayant de l’expérience en la matière, j’avais la lourde charge de ne pas me tromper sur le choix. En plus, comme vous le savez, parmi les membres du jury, il y a toujours plus rigoureux que les autres, j’ai été donc la plus rigoureuse. Ce que je veux dire c’est que l’on ne transforme pas cette rigueur en sabotage. Mon intention n’a pas été de choquer qui que ce soit, ou bien de ternir l’image d’une nation…Non ! Je me trouve dans un pays frère qui m’a accueillie depuis quatre ans. J’y suis et vis comme si j’étais chez moi…Pour dire que je n’ai aucun intérêt à saboter l’éducation de cette nation. Qu’on soit clair là-dessus… Seulement en tant que femme, fervente féministe, je ne pouvais pas laisser mes petites sœurs plonger dans l’ignorance. Et, pour vous expliquer davantage les procédures de la conception du questionnaire, chaque candidat avait une fiche dans laquelle était mentionné son niveau d’étude. Et c’est à travers cela que les questions étaient posées. Malgré tout, je finirai par conclure que ce fut une belle expérience et l’ambiance était conviviale entre les candidats, le public et moi. Nous nous entendions bien. Ça reste un jeu et si ces différentes candidates ont pris mes critiques en compte, je pense qu’ils redoubleront d’effort à l’école.

 

 Un message à nos jeunes sœurs ?

Qu’elles sachent que de nos jours, seule la beauté physique ne suffit pas pour bien s’épanouir. Les hommes sont unanimes là-dessus, plus besoin de femme consommatrice… C’est clair, une femme qui ne travaille pas conserve avec difficulté son foyer. Qu’on l’avoue ou pas c’est cela la triste réalité de nos jours. Nous sommes au 21ème siècle et pensez qu’il y a encore des chefs de famille qui sacrifient l’éducation de leur progéniture féminine, c’est très grave ! Sans toutefois donner des leçons à qui que ce soit, je pense qu’il n’est plus à démontrer dans nos sociétés actuelles qu’une fille non scolarisée reste l’ombre d’elle-même.

 

Mais vous savez qu’il y a encore de nos jours des cultures et traditions qui font de la femme une soumise. Ce qui les empêche de fréquenter l’école…

On me traitera peut-être de féministe. Je pense que de nos jours, une femme doit s’épanouir. C’est-à-dire avoir le droit d’aller à l’école, se former, accéder à un travail décent. Tout ceci n’empêche pas d’être soumise, au contraire.

 

Je prendrai un exemple sur notre métier. Comme vous l’avez si bien dit, votre boulot occupe plus de 80% de votre temps. A quel moment consacrez-vous du temps à votre famille ?

Tout dépend de l’organisation personnelle. Mais la précision est que pour le moment je suis célibataire, c’est pourquoi je consacre tout mon temps à mon travail. Une fois mariée, je pense que le programme ne sera plus le même. Tout dépend aussi de la compréhension de l’âme sœur.

 

Vous êtes un cœur à prendre alors…

(Un moment d’hésitation)… Oui, je suis un cœur à prendre d’autant plus que je suis célibataire et j’espère concrétiser quelque chose d’ici quelques mois. Mais je reste sans complexe…

 

Pour vous c’est quoi l’homme idéal ?

Celui qui a le respect de la valeur d’une femme, honnête, attentionné, compréhensif, gentil, surtout amoureux…

Donc la liste est ouverte quoi!

Non pas dans ce sens…

 

Comment faites-vous pour concilier votre boulot de la télé et celui de restauratrice?

Dieu merci, j’ai une bonne équipe, je profite une fois de plus de vos colonnes pour présenter mon restaurant «Le Mix», situé à Bacodjicoroni Golf, avec une spécialité particulière, «Le Lapin Braiser». Merci à mon Tonton qui a effectué spécialement le voyage d’Abidjan pour venir s’occuper du restaurant. C’est lui le cordon-bleu, l’homme à tout faire. Moi, je m’occupe plus de l’aspect communication. Recevoir des amis, créer des concepts pour attirer plus les clients.

Promotrice de restaurant, en plus de votre métier de journaliste-animatrice. On peut dire que la vie est belle de votre côté.

(Rires) Je ne me plains pas, mais l’argent est toujours le bienvenu, j’en ai encore besoin…

 

Quels sont vos projets ?

J’en ai plein. J’ambitionne de réaliser ma propre boite de communication-évènementiel. Mais pour le moment, ça reste une véritable plateforme d’expression pour moi. Certes, j’aimerais être productrice de mes propres émissions télé et évoluer davantage dans le milieu audiovisuel.

Un mot de la fin ?

Merci à Bamako Hebdo pour l’opportunité que vous donnez aux jeunes et surtout aux femmes de s’exprimer. Mes remerciements s’adressent aussi à toute l’équipe du groupe Africable, plus particulièrement au PDG Ismaël Sidibé qui ne cesse de me faire confiance, j’espère être à la hauteur de ses attentes. Toutes mes excuses au peuple malien, du moins ceux qui ont cru à travers l’émission  » Case Saramaya  » que j’ai voulu me moquer de mes jeunes sœurs maliennes ou que j’en voulais au niveau de l’éducation malienne… Ce n’était pas mon intention, au contraire je me sens bien dans ce pays qui m’accueille et mon combat, comme partout ailleurs, est de voir la femme instruite.

Clarisse N JIKAM

SOURCE: Bamako Hebdo  du   8 nov 2014.
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