Si la majorité des Maliens jugent qu’ils vivaient largement mieux sous la transition de 2012 que maintenant, c’est que la situation est extrêmement grave. Cela est d’autant plus compréhensible que le régime d’IBK a mis à l’eau tous les acquis légués par la Transition de Dioncounda Traoré, aussi bien en matière de gestion économique et financière que sur dossier du nord du Mali. Tout a été dilapidé. Dans des dépenses de prestige, qui enfoncent aujourd’hui le président, et, au-delà, tout le peuple malien. Pourtant, pour éviter un dérapage budgétaire, IBK aurait dû s’inspirer de la gestion financière de la transition. Une gestion plus ou moins saine dont nous vous proposons une séquence sur la base du rapport de mission élaboré par les autorités de la Transition.
Le gouvernement de la Transition (avril 2012-août 2013) a réalisé les deux missions spécifiques de la Feuille de route pour la Transition, à savoir le rétablissement de l’intégrité du territoire national et l’organisation de l’élection présidentielle, dans un climat de paix et de mobilisation exceptionnelle des électeurs.
Pour ce faire, il a bénéficié, d’une part d’une forte mobilisation des Maliens de l’intérieur comme de l’extérieur et, d’autre part, du concours de la communauté internationale.
Au plan financier, le Gouvernement est parvenu à éviter un dérapage budgétaire grâce à une gestion rigoureuse des finances publiques : efforts exceptionnels des régies de recettes et maîtrise des dépenses.
Dioncounda a donc légué à IBK un pays rétabli, débout et prêt pour la consolidation des nombreux acquis. Justement, dans les perspectives, les défis qui restaient à relever par le régime d’IBK se résumaient à la poursuite des actions de sécurisation et de stabilisation de l’ensemble du territoire national; la poursuite des efforts dans le domaine du renforcement des capacités des Forces armées et de sécurité du Mali;la poursuite des efforts en vue du retour de l’Administration, des populations déplacées ou réfugiées dans les zones libérées, y compris leur réinsertion dans la vie économique; le démarrage effectif du processus de dialogue et de réconciliation nationale; l’intensification de la lutte contre l’insécurité; la mobilisation des ressources annoncées lors de la Conférence des donateurs « Ensemble pour le renouveau du Mali », tenue à Bruxelles le 15 mai 2013 ; l’intensification de la lutte contre la corruption; la poursuite de laréhabilitation des infrastructures socio-économiques de base détruites ou endommagées dans les régions précédemment occupées; etla relecture de la loi électorale pour une meilleure prise en charge de certaines lacunes et insuffisances constatées lors de l’élection présidentielle des 28 juillet et 11 août 2013.
Mais, le constat est là, amer : aucun de ces défis n’a été jusque-là relever. Pas non plus d’acquis préservé. Au contraire, Kidal nous échappe ; le reste du nord nous glisse sous la main; l’administration est en exil ; l’aide budgétaire est suspendue ; les négociations piétinent ; la corruption s’implante en béton armé ; point d’initiatives de développement économique. Bref, le Mali se meurt.
Pourtant, la gestion financière de la Transition est un bel exemple de rigueur de gestion rigoureuse des finances publiques. En témoigne l’exécution du Budget d’Etat 2013.
Situation d’exécution du Budget d’Etat 2013
La Loi de Finances initiale au titre de l’exercice 2013 a été élaborée sur des bases prudentes compte tenu de la crise sécuritaire et institutionnelle. La prudence du
Gouvernement au moment de la préparation du Budget d’Etat 2013 a consisté à élaborer un budget basé uniquement sur les ressources internes.
L’adoption de la Feuille de Route pour la Transition le 29 janvier 2013 par l’Assemblée nationale, a permis de renouer avec la communauté internationale, et par conséquent, la reprise de la coopération financière internationale à travers des annonces d’appui budgétaire et la levée de la suspension des financements extérieurs des projets de développement.
A la suite de la reprise de l’aide au développement par les bailleurs précités, le gouvernement a élaboré un projet de loi de finance rectificative en vue de
prendre en charge toutes les nouvelles ressources et procéder à leur allocation en fonction des priorités de la Feuille de Route pour la Transition à savoir:
– la libération des régions de Tombouctou, Gao, Kidal et d’une partie des régions de Mopti et de Ségou occupées;
– le retour de l’Administration dans les zones libérées;
– les activités de la Commission Dialogue et Réconciliation;
– l’organisation des élections;
– la protection des acquis en matière d’éducation et de santé;
– la relance de l’activité économique.
Ainsi, les ressources passent de 1 007,1 milliards de F CFA dans la Loi de Finances initiale à 1 433,0 milliards de F CFA dans le collectif budgétaire 2013, soit une
hausse de 42,30% et les dépenses évoluent de 1 057,2 milliards de F CFA dans le budget initial 2013 à 1 465,1 milliards de F CFA dans la loi de Finances rectificative 2013, soit une augmentation de 38,53%.
Situation d’exécution des recettes à la date du 31 juillet 2013
Sur une prévision cumulée de 620,790 milliards F CFA, les réalisations de recettes du Budget général à la date du 31 juillet 2013 se chiffrent à 613,783 milliards F CFA. Le taux de réalisation est de 99%, soit un reste à réaliser de 7,007 milliards F CFA par rapport à l’objectif cumulé.
Le montant total des aides budgétaires encaissées s’élève à 79,464 milliards sur un objectif cumulé du même montant et se répartit comme suit:
Les dons
Au cours de la période du 1 er janvier au 31 juillet 2013, il a été décaissé par l’Union Européenne au titre des dons un montant 58,916 milliards de F CFA sur un objectif global annuel de 98,393 milliards F CFA;
Les prêts
Sur un objectif annuel dé 72,265 milliards F CFA, il a été encaissé à ce jour la somme de 16,430 milliards F CFA de Prêts budgétaires accordés par le Fonds Monétaire International (FMI) ;
L’Appui Budgétaire Sectoriel
Au titre de l’ABS, il a été décaissé un montant de 4,118 milliards F CFA pour le compte du « Fonds national de stabilité économique et sociale».
Situation d’exécution des dépenses à la date du 31 juillet 2013
A la date du 31 juillet 2013, les inscriptions budgétaires en dépenses sont exécutées à hauteur de 566,6 milliards de F CFA pour une dotation de 1 465,1
milliards de F CFA.
Au titre de l’organisation des élections présidentielle et législatives, il a été inscrit 50 milliards de F CFA au niveau des charges communes. Sur la base des besoins
exprimés par les structures impliquées dans l’organisation desdites élections, estimés à 48 589 329 439 , il a été retenu un montant de 43 742 260 000 F CFA.
Sur ce montant, 36 012 459 856 F CFA ont été mis à la disposition des structures, à la date du 20 août 2013, d’où un taux de décaissement de 82,3%.
Par rapport aux crédits inscrits, les crédits disponibles non notifiés s’élèvent à 13 987 540 144 F CFA.
Dans le cadre des opérations de reconquête des zones occupées, le ministère de la défense et des anciens combattants, en plus de son budget, a bénéficié
en 2013 sur les charges communes de 53,722 milliards de F CFA au terme du collectif budgétaire. Sur ce montant, 43,439 milliards ont été déjà notifiés à la date du 22 août 2013, soit un disponible de 10,283 milliards.
A la date du 22 août 2013, le ministère de la sécurité intérieure et de la protection civile a, quant à lui, bénéficié, à travers les charges communes,
d’appuis supplémentaires de crédits d’un montant de 2,020 milliards de F CFA.
En ce qui concerne l’action humanitaire, une inscription de 4,575 milliards de F CFA a été faite au niveau des charges communes dont 1,575 milliard au titre du fonds de concours des miniers à l’aide humanitaire. Sur cette inscription, le montant déjà mobilisé s’élève à 1,561 milliard de F CFA.
Aujourd’hui, la gestion rigoureuse des finances publiques ne semble point être une priorité des autorités, mais comment créer plus de meilleures conditions de vie et d’existence à un homme, un SEUL.
Sékou Tamboura