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Hélicoptères maliens cloués au sol Airbus interpellé pour faire la lumière sur un énième scandale au sommet de l’Etat

Au Mali, la polémique enfle de plus en plus autour des hélicoptères maliens cloués au sol faute d’entretien. En effet, dans une interview accordée à Jeune Afrique, le président IBK avait fait cas des hélicoptères maliens cloués au sol par faute de maintenance. A sa suite, son fils et non moins président de la commission défense de l’Assemblée Nationale, Karim Keïta, lors d’une interpellation des députés français d’origine malienne à Paris, a confirmé les dires de son père et s’interroge si le Mali « n’a pas été floué à l’achat ». La rocambolesque affaire sur fond de corruption, selon beaucoup de citoyens, a poussé un Malien, installé en France, d’écrire à Airbus afin d’avoir sa version des faits dans cette affaire sulfureuse. « J’ai décidé ainsi de vous écrire dans l’espoir d’avoir une réponse de votre part. Quant aux autorités maliennes, la crise de confiance est à son point culminant. Nous ne leur faisons plus confiance. Faisant entièrement confiance à vos services de conformité et de lutte contre la corruption d’agents publics étrangers, conformément aux lois en vigueur en France, notamment la loi Sapin 2 et d’autres lois internationales, je vous prie de bien vouloir aider le peuple malien à connaitre la vérité dans cette affaire… », selon Amadou Bathily, l’auteur de la correspondance. Lisez , ci-dessous, l’intégralité de la lettre !

Chers Messieurs,
Je suis Amadou BATHILY, citoyen malien. Depuis 2012, moi et mes compatriotes assistons, de manière impuissante, au plus grand désastre humanitaire de l’histoire de notre Nation. Outre la destruction de nos patrimoines multiséculaires, qui constituent également le socle de notre identité, des centaines de nos concitoyens sont froidement assassinés année après année. D’après les chiffres, 700 maliens, dont 245 militaires ont été tués dans les violences terroristes et intercommunautaires au Mali en 2017. Dans les seules régions du centre du Mali, plus de 500 civils ont été massacrés en 2018.
Depuis le 1er janvier 2019, plus de 600 civils ont été cruellement et impunément assassinés. Le nombre de déplacés estimé par les services spéciaux des Nations Unies est de 120 000. S’agissant de l’insécurité alimentaire découlant en partie des violences terroristes, 3,8 millions de personnes sont touchées actuellement par un manque sévère de vivres ou à risque au Mali.
Pendant que nous pleurons nos morts, notamment la mort de nos enfants, des bébés de 8 mois, de nos vieilles personnes et femmes enceintes, assassinés de manière brutale, atroce et inhumaine, nos premières autorités politique et militaire nous informent que les hélicoptères que nous avions acquis auprès d’Airbus Hélicoptères en 2017 sont cloués au sol, c’est-à-dire défaillants et non opérationnels. Elles sembleraient accuser indirectement Airbus Hélicoptères de leur avoir vendu des appareils obsolètes.
De fait, si nous accordons moins de confiance à nos autorités politiques pour des raisons historiques récentes, dans le cadre de l’achat de matériels militaires, nous ne cessons, par ailleurs, de nous poser des questions sur la réputation, la crédibilité et l’éthique d’une grande entreprise comme Airbus. Ce parce qu’en 2018, nous avions été alertés par une étude d’un opposant politique, mettant en cause des pratiques de corruption et mafieuses dans le processus d’acquisition des deux Super Puma.
Selon le document de l’opposant Tiébilé Dramé, disponible sur internet, hélicoptère super PUMA (occasion) a été payé en espèces à près de 3,5 milliards de FCFA et s’est vite trouvé cloué au sol, malgré l’achat de pièces de rechange à hauteur de 3 milliards de franc CFA. Le processus d’achat d’un second Super PUMA, acquis à 3,9 milliards de FCFA auprès d’Airbus fait l’objet de soupçons, puisque les termes et conditions de son contrat d’achat sont « inconnus » et un cabinet d’audit écrivait que « le document du contrat est tout simplement illisible ». Ces graves accusations poussent à penser qu’une pratique de corruption aurait été savamment orchestrée par Airbus Hélicoptère et l’Etat malien dans le cadre de l’exécution du contrat d’achat.
Constatant donc une indignation collective sur les forums, et au regard de la situation difficile de nos forces armées et de sécurité, manquant cruellement de moyens aériens pour sauver la vie des innocentes populations maliennes, je ne pourrais rester sans réagir. J’ai décidé ainsi de vous écrire dans l’espoir d’avoir une réponse de votre part. Quant aux autorités maliennes, la crise de confiance est à son point culminant. Nous ne leur faisons plus confiance.
Faisant entièrement confiance à vos services de conformité et de lutte contre la corruption d’agents publics étrangers, conformément aux lois en vigueur en France, notamment la loi Sapin 2 et d’autres lois internationales, je vous prie de bien vouloir aider le peuple malien à connaitre la vérité dans cette affaire.
Sans une réaction de votre part, le peuple malien en détresse, et dont l’avenir semble être compromis, continuera à croire qu’Airbus Hélicoptères est une multinationale, dont la réputation serait entachée par les pratiques de corruption, en vendant des appareils défaillants et en acceptant des paiements en espèces en toute violation des règles d’achat et de vente. C’est en tout cas ce que les hautes autorités maliennes s’attachent à faire croire aux populations qui ne demandent que de leur sécurisation.
Pour conclure mes chers Messieurs, le saviez-vous ? La loi quinquennale de programmation militaire adoptée en 2015 a attribué un montant de 1.230 milliards de FCFA (1, 875 milliards d’euros) à la sécurité des Maliens et la défense de leur territoire.
Cette somme est l’argent du contribuable malien, qui est composé essentiellement de paysans. Pays aux ressources financières limitées, la richesse de la Nation malienne repose exclusivement sur l’œuvre des paysans, agriculteurs éleveurs, lesquels sont, dans nombreux de leurs villages, privés aujourd’hui de leurs champs et de leur bétail, et livrés à toute sorte d’atrocités de la part des seigneurs de guerre. Alors que ce sont eux qui, grâce à leur abnégation et à leur besogne, que l’Etat malien finance nos forces armées via les ressources financières principalement issues de l’agriculture et du cheptel.
Malgré le rôle central de ces paysans dans la vie de la Nation malienne, ils ne disposent pas de sécurité sociale ni de protection physique à cause de la dilapidation des ressources publiques dans des contrats de marchés publics. La justice et la démocratie sociales ne sont que des vains mots pour eux.
Leur seul moyen de subsistance et de survie demeure les activités paysannes. Celles-ci ne sont plus possibles dans nombreuses de leurs régions, puisqu’ils sont chassés de leurs champs et leur bétail font l’objet de vols quotidiens. Tout cela parce les fonds destinés à l’équipement de nos pauvres militaires sont engloutis dans les pratiques de corruption.
Impuissants, ils le sont. Ils voudraient juste connaitre la vérité.
Mes sincères salutations.

Source: Le Républicain

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